mardi 28 décembre 2010

Concierto por la Niñez

Le 21 décembre passé a eu lieu l'événement de l'année á Huancayo: le Concierto por la Niñez organisé par nul autre que Expand Peru.
Le but de spectacle était de récolter des jouets qui seraient par la suite distribués aux enfants des différents centres d'assistance de la ville.
C'était le but premier de tous les responsables de l'événement.

Le mien était bien différent. Mon objectif premier (et unique) était de faire monter Jordin sur scéne. Le faire jouer dans un bar et devant une salle pleine á craquer. Objectif ma foi ambitieux, puisque Jordin deux semaines avant l'événement n'avait qu'une seule chanson dans son répertoire.

Peu m'importait. Peu l'importait á lui aussi d'ailleurs. Il a fallu plusieurs jours pour le convaincre de s'y mettre. Lorsqu'un beau matin je lui ai mis dans les mains une toute nouvelle partition, il n'avait pas le choix d'accepter. Et c'est ainsi que nous avons ensemble préparé deux morceaux qu'il présenterait deux semaines plus tard au Bar 80's Rock. Lejos de Ti, et Mi niña bonita.

Comme je ne suis malheureusement pas du genre á faire les choses simplement, j'ai décidé que d'apprendre la guitare á un ado poussé croche ce n'était pas assez. Je me suis compliqué la vie en trouvant un band qui allait accompagner le jeune prodige lors du Jour J. Considérant le fait que les péruviens sont súrement la chose sur laquelle on peut le moins compter dans le monde entier, il s'est avéré que le groupe de l'heure se résumait á Jordin, á moi et á Ricardo, percussionniste.


Deux voix, deux guitares, un cajon, c'était bien assez pour le rendre fier.

Chaque soir, je l'amenais á l'appartement pour pratiquer. Avec cajon, sans cajon (j'ai déjá dis qu'on ne peut pas compter sur les péruviens. Imaginez sur les musiciens péruviens...), on était bien décidés á présenter quelque chose de fort, pour que les gens applaudissent jusqu'á ce que saignent leurs doigts.

Et vint le grand jour, oú fut soigneusement rangée la guitare dans son étui, oú la chemise bleue fut repassée minutieusement et oú le petit coeur orphelin se mit á battre plus intensément que d'habitude.

Á quelques heures á peine de la présentation, le pauvre prend ma main et la pose sur son coeur en me disant: ''Est-ce que c'est normal que ca batte aussi fort ?''...J'ai dit oui.

Á 13 ans, sur une scéne pour la premiére fois, en duo avec une blanche, dans un bar pour vieux, il y a des raisons de s'en faire.

Il est tout de méme entré dans le bar comme un Vicking, pret á tout. Ni un chat, ni une mouche, ni un saoul dans la place. Personne. Nous avons du attendre 2-3 heures aprés le début du concert pour qu'arrivent le gars du son. Le temps n'est qu'une mesure floue au Pérou. Moi, je m'inquiétais. Pas de jouet, ce n'est pas la fin du monde. Pas de public, c'est l'apocalypse.

Á 11 heures, les premiers invités sont entrés. Tous ont pris place et peu á peu, le bar de 200 personnes était plein á craquer. Un mardi soir, 4 jours avant Noel. C'est tout un exploit.

Pio, Martin, Ricardo et Fabiola ont débuté le spectacle avec des chansons engagées.
Pendant ce temps, j'étais cachée derriére le bar, addicte á ma bouteille d'eau, le coeur sortant de ma poitrine. Fortement.

Pourquoi, vous demandrez-vous?

Parce qu'avant d'inviter Jordin et Ricardo sur scéne, on m'avait tordu un bras pour que j'interpréte quelques unes de mes chansons. Entre deux groupes rock, je me sentais un peu toute nue avec ma voix douce (dans le sens de pas forte) et ma guitare sans micro.


Bref.

On m'a présenté comme étant l'invitée de la soirée (ce que j'explique par le nom étranger et la peau encore plus blanche qu'une heure auparavant).


Pour détendre mon atmosphére intérieur, je devais dire une connerie. Évidemment. J'ai commencé ma présentation en disant: ''No hay que hacerme tanto caso. Aqui nunca voy a ser una estrella simplemente porque ni uno de ustedes puede pronunciar mi nombre.''
''Pas la peine de me faire une trop grande présentation. Ici je ne serai jamais une Star simplement parce que ni l'un d'entre vous n'arrive á prononcer mon nom''.


Ils ont ris (ouff) et j'ai commencé. 5 tounes. Et je dois avouer que meme seule sur la scene, j'en aurais chanté plus. Alegria.
Puis je n'eu qu'á lancer un clin d'oeil en direction de Jordin pour que, confiant en apparence, il s'avance vers la scéne et que, sous les regards curieux des invités, il empoigne fermement la guitare, de peur qu'elle ne glisse sous la sueure de ses paumes.

Il s'est assis sur le tabouret, devant le micro, á mes cotés. Il tremblait de tous ses membres. On aurait pu le voir meme du deuxieme étage. C'est á ce moment que tous se sont mis á crier, á applaudir avec tant d'enthousiasme que ca me paraissait presque faux. Mais ce ne l'était pas, parce que c'est rare qu'un enfant venu de l'Aldea (l'orphelinat) réalise ses réves.

1,2,3,4, la musique a commencée. Lui, puis moi, puis Ricardo et son Cajon. Si lui était absolument concentré et qu'il ne s'est pas trompé ni une seule fois, moi j'ai presque gachée le numéro tellement je me trompais d'accords. Á l'observer jouer, du coin de l'oeil, toute ma concentration sur mon instrument avait disparue. Je n'ai jamais joué aussi mal. Mais tant qu'á moi, c'est un mal pour un bien. Lui a eu l'air bien meilleur.

Suite aux deux chansons, tous ont continué á crier victoire et Viva Peru. Ils étaient fiers de leur patrie, fiers comme si Jordin était le fils de tous. Toutefois, il n'était le fils que d'une seule personne dans la salle. En retrait, tout au fond, était assise sa mére. Sa mére avec qui il ne vit plus depuis des années. Sa mére qui devant justice, n'a pas le droit d'étre avec son fils hors des murs de l'Aldea. Ce soir-lá, sa mére était venue le voir.

Et quel moment de grande joie lorsqu'il est descendu de la scéne, le sourire fendu jusqu'aux oreilles. Lorsqu'il est tout de suite allé rejoindre sa maman qui m'a accroché le chandail et qui m'a chuchotée á l'oreille: ''Gracias Mariana, nunca he sido tan orgullosa de mi hijo''. ''Merci Marianne, je n'ai jamais été aussi fiére de mon fils''.

4 commentaires:

  1. Chère Marianne,

    Tu fais des miracles! Quel bonheur de lire cette belle histoire! Vive la musique qui guérit! et Vive Marianne et ses bonnes idées!

    Gros bisous

    Claude

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  2. Claro que fuiste una verdadera ángel de la guarda para este niño. Tu relato es tan conmovedor ! Gracias Mariana por todos los niños que quieres y ayudas ! Muchos besos y abrazos fuertes, René.

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  3. Marianne, je suis tellement contente et je suis tellement fière de toi !
    Bravo :) .

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  4. Chère Marianne,
    Encore quelques larmes tirées à la lecture de ton récit.
    On est vraiment fiers de toi!
    Papa et maman

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