jeudi 28 octobre 2010

La fuite - Chapitre premier-

Brèves présentations.

Gualberto: Directeur du CIAP (Centre d'appui pédagogique), sensé nous accueillir, nous loger et nous nourrir pour le prochain mois, en échange de nos services de bénévoles.
Mathieu: Ayant travaillé un mois avec Gualberto, toujours en contact avec lui, il nous sert d'intermédiaire et de ''guide'' pour communiquer avec Gualberto lorsque celui-ci ne donne pas de signe de vie.
Guillaume: Fidèle complice, fidèle lecteur plogué à internet par intraveineuse. C'est lui qui nous a mis en contact avec Mathieu et qui depuis, nous sert d'intermédiaire lorsque c'est Mathieu qui ne donne pas de signe de vie.

Début de la fuite.

Il y a longtemps que l'on se rassure à l'idée de venir faire du bénévolat 1 mois à Tarija, à l'idée d'être accueillies par Gualberto, contact fidel depuis des mois qui nous avait titillé le budget avec ses promesses d'hébergement et de bons repas gratis durant des semaines !

La nuit est longue avant d'arriver à Tarija: autobus vieux de cent ans, odeur de diesel et froid de canard qui entre par les fenêtres qui s'ouvrent toute seules.
Mal de tête.
Envie de vomir.
On a jamais eu aussi hâte d'arriver.

En descendant du bus, au terminal, s'avance vers nous l'archétype de l'Argentin: bohème, barbe noire trop longue, regard pénétrant, accent suave. On rêve qu'il nous demande de l'accompagner à une soirée de Tango à la lueur des chandelles. Dans ce rêve éveillé descendrait alors d'un autobus son ''cousin'' qui, dans l'ordre des choses, serait aussi joli et tout oui pour faire partie de la dite soirée.
Audrey ferme la mâchoire grande ouverte de Marianne. Elle, essuie le couli de bave sur le menton d'Audrey. C'est du donnant-donnant. Nous, on se tient et on se tiendra toujours.
On reprend nos esprits, puis il nous propose de partager un taxi jusqu'à l'hôtel. On dort tout l'après-midi, avec l'espérance que ces quelques heures de sommeil rattrapées nous rendraient fraîches et dispos pour rencontrer Gualberto le lendemain. Au petit matin, on déjeune avec Leandro Martinez-Gonzalez (parce qu'il fallait que le nom fasse honneur à l'homme) puis on se rend au parc pour l'écouter jouer du Tango avec son accordéon old style - parce que oui, il existe un old style à l'accordéon-. On eut bien fait de jouer de la guitare et du charrango à ses côtés avant de le regarder partir, la mâchoire toujours pendante et la bave à la commissure des lèvres.

Gualberto ne nous avait pas donné de nouvelles depuis des mois. Remarque qu'on en avait pas besoin...On se rassure quelques semaines avant notre arrivée car Mathieu demeure constamment en contact avec lui, bien que l'on trouve quand même un peu étrange qu'il ne réponde pas aux courriels qu'on lui envoie depuis 3 semaines. Mathieu nous envoit finalement l'adresse du CIAP, où l'on doit rencontrer Gualberto, qui nous attend impatiemment. On pacte nos affaires dans le taxi disco-rouge. Le chauffeur jadis en couple avec une québécoise trippe sa vie et semble vouloir récidiver. Il ne gagne aucun point avec ses lunettes fumées de tombeur et sa disco-mobile. On arrive à destination. La grande porte de métal est fermée à clé. On cogne. Une jeune dame nous ouvre, sans toutefois nous laisser entrer. Ça part mal. Marianne se lance alors: ''On vient faire du bénévolat 1 mois pour le CIAP. Est-ce qu'on peut entrer pour voir Gualberto ? C'est lui qui nous accueille...''
Ah bon...Le CIAP est fermé. Ah ? Depuis maintenant 4 mois. Ah bon? Gualberto a déménagé à Villamontes... À 15 heures d'ici... Ah bon !
Viennent alors une série de sacres, de jurons et de mauvais mots que l'on vous épargne pour le besoin de la cause.
On rembarque dans le taxi, abassourdies, en essayant de mettre ensemble les morceaux du puzzle.
-Mathieu a parlé à Gualberto pas plus tard qu'hier.
-Et Mathieu, ET Guillayme nous ont dit mot pour mot (et je les cite) ''que Gualberto nous attendait avec impactience''.
-Gualberto a déménagé.
-Le CIAP est fermé. Depuis 4 mois.
On n'y comprend vraiment rien.
On revient bredouille à l'hôtel. On court à une cabine téléphonique pour rejoindre Guillaume, je le rappelle, plogué par intraveineuses. Il allait sans doute pouvoir nous mettre en contact avec Mahtieu, qui allait alors nous mettre en contact avec Gualberto, qui allait alors nous apprendre que l'on s'était juste trompées d'endroit et qu'il nous attendait devant l'hôtel. C'est beau, rêver !
On tombe sur la boîte vocal de Guillaume. L'homme important est en réunion. Fuck !
On veut à tout prix parler à quelqu'un, ne serait-ce que pour sacrer ailleurs que dans une ville où personne ne saisit le sens de nos jurons. On a finalement Guillaume au bout du fil. Comme de coutume, il se charge de tout. Quelques minutes après, on a Mathieu au bout du fil qui, bouche-bée, ne comprend pas plus la situation. On confirme que l'on s'est rendues au bon CIAP avec une photo et il expose alors trois possibilités.
1- La jeune dame du CIAP nous a transmis de mauvaises informations.
2.La personne avec qui Mathieu communique depuis des mois n'est pas Gualberto, mais bien un imposteur sale qui lui veut du mal.
3-Gualberto recoit, mais ignore nos courriels et ment à Mathieu en pleine face depuis des mois.

Bien déterminées à résoudre le mystère et à ranger le dossier ''Gualberto'' dans les affaires classées, on part à la recherche d'un orphelinat qui, selon Mathieu, était jadis sous la charge de Gualberto. Notre seul indice: dans le centre de la ville, dans le coin de Suipacha. Bon. On marche, on chiale, on marche. Parfois, ça nous fait rire, mais on chiale plus qu'on rit. On marche encore, puis on voit sur un bâtiment les mots ''Nueva Esperanza''. Déclic: l'album photo facebook de Mathieu porte le même nom. Pour une fois, Facebook est utile!
Audrey, sans l'ombre d'une hésitation et probablement guidée par l'écoeurement, se lance sur la sonnette. Il aurait fallu la voir se lancer, comme si son enfant allait se faire écraser par un gros camion. Une dame entrouvre la porte, comme méfiante. Audrey oublie toute forme de politesse et skipe le bonjour pour lui demander promptement:
''Connaissez-vous Gualberto Romero Ortiz ?''
Bien sur qu'elle le connaissait. C'est l'éduquateur qui est parti travailler à Villamontes il y a de cela 4 mois.
Première et deuxième hypothèse rejetées. Gualberto est un menteur, adjugé.
Complètement attérées, on explique à la bonne femme la situation et lui implore avec nos yeux de belettes au fond du gouffre et nos épaules pendantes de bien vouloir nous laisser faire du bénévolat. Elle ne prend que quelques secondes pour nous regarder, l'air de se dire ''Pauvre p'tites filles!'' et nous fait entrer en nous disant simplement: ''Pourquoi pas!''.

Bien sur, ça ne pouvait pas être aussi facile.

On se retrouve alors assises sur un banc de cuir devant Sandra, la directrice du hogar, qui écoute attentivement notre récit et qui tente de rejoindre ses supérieurs pour défendre notre cause. Ça n'arrive pas souvent de se faire prier pour travailler gratis. Au téléphone, elle relate les faits avec délicatesse, précision et empathie, prenant soin de leur transmettre notre détresse. Elle tente même de nous trouver un endroit où vivre, vu notre budget trop limité pour que l'on puisse ''tougher'' jusqu'au mois de mars sans être accueillies au moins durant un mois, comme c'était prévu depuis presque 1 an. C'est surtout ça, le gros du problème. Après quelques mots échangés au téléphone, elle nous explique les procédures. Sans doute l'organisme pourrait trouver une solution (nous, on en doute encore), mais d'abord, on devait faire un CV en espagnol et une demande de bénévolat et d'alojamiento (hébergement) que l'on irait porter à la secrétaire de la grande directrice... dans la prochaine heure. Sitôt dit, Sitôt fait, rien n'est plus à notre épreuve. Sandra appelle la secrétaire de la dite madame pour nous annoncer comme suit: ''Estoy con dos chicas de Canada. Van a ir a verle. Las dos son delgaditas y rubias''-''Je suis ici avec deux jeunes filles canadiennes. Elles vont aller te voir. Les deux sont minces et blondes.'' Minces et blondes? On espère qu'elle va nous reconnaître avec cette si fidèle description. Après cette éprouvante journée, on arrive enfin au bureau, curriculum viteas faits en 10 minutes en mains. On doit attendre 24 heures pour recevoir une réponse, à savoir si oui ou non, ils nous laisseront travailler bénévolement pour eux. En toute honnêteté, ça risque plutôt d'en prendre 48, avec la chance de notre côté.

Nous voilà donc entre deux eaux, à prendre un petit déjeuner 3 heures pour passer le temps, à se fondre parmi les pigeons du parc, à magasiner des sous-vêtements pour oublier le reste et en buvant des bouteilles de vin blanc pour oublier ce que nos nouveaux sous-vêtements n'ont pas réussis à effacer de notre mémoire.

À suivre...

samedi 23 octobre 2010

Les offenses de Krusty le Clown

''Pas de telephone,
l adresse route envers santacruz , devant le bureau des guardiens du parque amboro, entre el poster de evo y ruben costas al lado de bolivia avanza evo no se cansa...on voit les posters si on vient de santacruz. dehors la village direccion santacruz.
a c^té il ya un champs de vaches et en l 'entree il y a abeilles, le chien , pas a moi , il est du grand-mère,est méchant.''
C'étaient les seules indications qui nous permettraient de nous rendre chez Peter, le clown-apiculteur, finalement ni drôle, ni très très délicat...
On part de Santa Cruz en fin d'après-midi, à la recherche d'un bus. C'est finalement un ''Truffi'' qui nous mènerait à bon port. Après deux heures de voyage, il nous dépose sur le bord de la route, là où seuls les boeufs nous souhaitent la bienvenue.
Entre la pancarte d'Evo et la cabane des guardiens du Parc national, on avait rendez-vous avec le clown. On attend, on attend toujours. La nuit tombe. On est toutes seules au milieu de nullepart avec tous nos bagages. La nuit est tombée. On essaie de capter le bourdonnement de quelques abeilles, mais rien. Seuls les klaxons des gros camionneurs sales qui se demandent ce qu'on peut bien faire là.
Un homme s'avance finalement, flashlight à la main. Crâne dégarni, cône de cheveux crêpus de chaque côté de la tête, une seule palette...Krusty le Clown en personne, moins la voix de Marc Labrèche. Il aurait mieux fait d'être dans le noir. Il parle un français boboche et vient des Pays Bas. Il nous mène à notre chambre, ou plutôt à notre pénitencier où à part les murs, il n'y a rien du tout. Ni lumière, encore moins de lit ou de matelas. On aurait dû dormir sur le béton. Poliement (et après avoir pris le temps de discuter de ses histoires de ruches), on lui dit qu'on préfèrerait dormir dans un hôtel puisque nous n'avons apporté avec nous aucun matelas...
Sans vouloir l'insulter, on se dirige vers la grande route où l'on compte faire du pouce jusqu'au village. Il nous accompagne, mais marche loin devant nous et trop rapidemment (remarquez que lui, il ne porte pas 2 sacs de 60 litres, ni deux guitares, ni deux autres sacs remplis de bébelles). On marche une dizaine de minutes puisque personne ne veut nous embarquer (chargées comme des mulets, ça se comprend!), jusqu'à arriver à la croisée des chemins.
Il veut alors que l'on monte un chemin de terre jusqu'à un hôtel à l'extérieur de Samaipata. Nous, on est fatiguées, on veut déposer nos bagages et aller manger au plus vite. Marianne lui demande donc des 2 chemins, lequel est le plus court pour se rendre au centre du village. Il pointe alors le chemin de terre en lui disant sur un ton brusque:''Par là, il n'y a rien qui passe. On est pas à Montréal ici, on est en Bolivie!'' Mmmm, on sent un peu d'électricité dans l'air mais on n'ajoute rien. On décide de prendre l'autre chemin pour ne pas marcher une heure et de louer une chambre d'hôtel dans le centre plutôt de d'aller à l'endroit proposé, à l'extérieur de la ville.
Le plus gratuitement du monde, comme s'il avait prévu nous offenser, il nous embrasse sur les joues (????????????) et ose dire: ''Parfait ! Vous m'appelerez quand vous serez prêtes à vous ouvrir à une autre culture''. N'importe quoi !Sur le coup, nos mâchoires se décrochent et on reste bouches bées devant Krusty le Clown qui s'en va en haut de sa colline d'un pas ferme. Quelques secondes après, Marianne trouve ça très drôle et rit un peu (ce qui a dû le faire rager de plus belle), contrairement à Audrey qui fulmine, littéralement.
En bitchant sur la route qui nous mènerait au centre, l'idée de lui réécrire une lettre sanglante nous chatouille l'esprit.
Chose dite, chose faite.
Une bière au miel à la main (pour faire honneur à l'apiculteur), en Espagnol pour lui prouver qu'on le parle, nous lui avons envoyé ce qui suit:
-Notez que les parenthèses ont été censurées dans la version originale-
Solamente para que sepa usted:
-Estamos viajando por 1 año
-Vivimos con indigenas 1 mes en Ecuador, trabajando y viviendo con ellos, son como nestra familia
-Vivimos tambíen en un pueblito Shuar en la selva ecuatoriana, donde no había ni agua, ni electricidad y donde se comía pescado de río 3 veces al día
-Hicimos voluntaria 2 meses por un Aldea Infatil de niños huerfanos en Huancayo
-Vivimos con un Peruano y su madre durante varias semanas.
-En algunos días, llegaremos en Tarija, donde vamos a vivir con el dueño de una casa para niños bolivianos

Si eso no es abrirse a una otra cultura, le pregunto lo que es...

Cada vez que viajamos con gente de SERVAS, fue una experiencia humana increíble que nunca vamos a olvidar. Nunca hemos aprovechado de eso como alojimiento.
Ahora, no querer dormir directamente sobre el suelo o querer ir en el centro no tiene nada que ver con la manera de "abrirse a una otra cultura".
Todavía no entendemos su comentario y creemos que no se puede juzgar asi a quiensea sin conocerla. Eso se dice en francès : "parler à travers son chapeau". No tenemos ningun duda sobre la autenticidad de nuestro viaje y ya esta bien lejos en nuestros acostumbres la ciudad de Montreal.
No sabemos para usted lo que significa ''abrirse a otra cultura'', pero seguramente no se trata de colchones o de taxi.
Mariana y Andrea
_____________________
Juste pour que vous sachiez:
-On voyage en Amérique du Sud 1 an (bon, on a exagéré un peu...pour le besoin de la cause).
-On a vécu dans des familles autochtones 1 mois en Équateur. Nous avons travaillé et vécu avec eux. Ils sont comme une famille pour nous.
-On a vécu dans un petit village Shuar, au beau milieu de la jungle où il n'y avait ni eau, ni électricité, et où nous avons mangé le même poisson de rivière 3 fois par jour.
-On a fait du bénévolat 2 mois dans un Aldea Infantile d'enfants orphelins à Huancayo.
-On a vécu avec un Péruvien et sa mère durant plusieurs semaines.
-On se dirige vers Tarija, où nous ferons aussi du bénévolat dans un centre d'appui pédagogique pour les jeunes enfants boliviens.
Si cela ce n'est pas ''s'ouvrir à une autre culture'', on se demande bien ce que c'est.
Toutes les fois que nous avons tenté l'expérience SERVAS, ce fut mémorable et très enrichissant sur le plan humain. Nous n'avons jamais profité de l'organisation comme d'un hôtel.
Maintenant, que l'on ne veuille pas dormir sur un plancher de béton ou que l'on veuille aller dans le centre du village n'a rien à voir avec l'ouverture d'esprit, encore moins avec l'ouverture sur une autre culture.
Nous ne comprenons toujours pas vos commentaires désobligeants et nous croyons inadéquat de juger qui que ce soit sans même le connaître un tout petit peu. En français, on dit ''parler à travers son chapeau''. Nous n'avons aucun doute sur l'authenticité de notre voyage et nous nous sentons bien loin de notre Montréal natal.
Nous ne savons pas ce que signifie pour vous ''s'ouvrir à une autre culture'', mais une chose est sûre, ça n'a rien à voir avec des matelas ni avec des taxis.
( Ça fait que tu peux ben retourner à tes abeilles, Krusty le Clown).
Audrey et Marianne

mercredi 20 octobre 2010

Se retrouver en Bolivie

Pour une fois, je ne vos ferai pas souffrir avec un message de 1500 lignes...

Juste un petit cours d'orientation bolivienne...Quelque chose de simple et de rapide.

Nous quittons aujourd'hui Sucre vers Samaipata, sur le chemin de la grande ville de Santa Cruz. À Samaipata, nous avons l'espoir d'être accueillies par un membre de SERVAS, un clown-apiculteur...ça promet.

Celui-ci parle un peu français et nous a envoyé son ''adresse'' par courriel pour qu'on puisse retrouver sa maison. Notez que le trajet se fera de nuit, et que ce sera un obstacle en plus à la réussite de cette mission.
Parce que c'est une mission.

Voici son adresse, copiée collée de son courriel, souhaitez-nous bonne chance:

pas de telephone,
l adresse route envers santacruz , devant le bureau des guardiens du parque amboro, entre el poster de evo y ruben costas al lado de bolivia avanza evo no se cansa...on voit les posters si on vient de santacruz. dehors la village direccion santacruz.
a c^té il ya un champs de vaches et en l 'entree il y a abeilles, le chien , pas a moi , il est du grand-mère,est méchant.

lundi 18 octobre 2010

Potosi

Quand est venu le temps de choisir une agence pour visiter une des mines coopératives du Cerro Rico, Potosi, on aurait pu opter pour un tour guidé à 60 bolivianos.
Après avoir fait le tour des agences, nous avons décidé d'encourager celle 15% du montant payé (15 bolivianos sur 100) allait être remis aux femmes des mineurs (les femmes gèrent toujours mieux l'argent, c'est connu) sous forme de nourriture et de denrées.

Pour entrer dans la mine, un uniforme est de mise : casque protecteur, lampe frontale de 60 kilos, pantalons bourgognes style MC Hammer, veste grise et bottes de tuyau. Jusque , c'est encore drôle et on a beaucoup de plaisir.
Le plaisir se poursuit alors que le guide nous emmène dans une boutique l'on peut acheter des cadeaux pour les travailleurs. Dynamite, boule à mites...gants, casques, cigarettes, rafraichissements, pioches, etc...
Fox, notre guide, nous enseigne les rudiments de base de l'explosif et nous sommes tous accrochés à ses lèvres lorsqu'il nous montre les composantes du bâton : genre de pâte qui ressemble au wasabi. Il sort ensuite une bouteille d'alcool 96%, vous savez celle avec lequel on se désinfecte après un nouveau piercing dans le croquant, cet alcool avec lequel n'importe quelle tache disparait en moins de deux. Et bien les mineurs, eux, ils le boivent cet alcool. Il paraît que quiconque désire entrer dans la mine doit offrir, lui aussi, un peu d'alcool à la Pachamama (Terre Mère) et boire le reste, dans un bouchon et non un shooter. C'est ce que nous avons fait, nez bouché et larmes aux yeux. C'est encore un peu drôle.

On nous emmène ensuite dans une usine de raffinement du minerai (zinc, mika et argent). Ici, on se croit dans Modern Times de Charlie Chaplin. Les machines sont menaçantes, sales et bruyantes. On a vraiment l'impression d'être en pleine révolution industrielle, marchants sur les planchers de bois craquants parmi les grandes roues qui tournent à journée longue. En voyant trois hommes et une femme travailler tout crasseux dans leurs habits du 19e siècle, le plaisir commence à s'estomper. Bien que nous n'ayons pas compris tous les procédés chimiques pour raffiner la pierre et récolter le minéral, c'est le principe de flottaison qui rend possible l'extraction de l'argent. Ainsi, c'est dans un liquide mousseux que l'on peut retirer de la poudre d'argent. En voyant le bassin plein de mousse, on ne serait jamais douté que de sortirait la plata (argent).

La partie de plaisir et bel et bien terminée alors que nous pénetrons dans un tunnel noir, étroit et poussiéreux, à l'entrée de la mine coopérative de La Candeleria. On nous avait bien prévenu de protéger nos voies respiratoires avec un foulard. Or, celui-ci se voit très rapidement rempli de poussière et ne nous sert plus à rien. On suffoque littéralement et nos gorges se resserrent. Toujours, nous avons envie de cracher. Pourtant, jamais l'idée de nous plaindre ne nous vient à l'esprit, et ce, surtout après avoir vu 4 hommes pousser à la sueur de leur front un charriot de métal rempli de plus d'une centaine de kilos de roches. Notre guide nous informe qu'à la fin d'une journée de travail, ces hommes auront poussé à travers les étroits passages de la mine 80 tonnes de ces pierres. Notre guide "pitche" Marianne à travers un de ces passages afin qu'elle "aide" les travailleurs à pousser un des ces énormes charriots dans une pente ascendante.
"Je pousse le charriot de métal entre deux mineurs qui me crient dans les oreilles : "Empuja con fuerza, mas fuerte, mas fuerte". Ils avaient l'air sérieux. Je ne me suis jamais sentie aussi inutile de toute ma vie".

On descent 50 mètres dans le sol en rampant afin d'atteindre le troisième niveau la température est de plus en plus pesante et des tuyaux d'oxygène sont nécessaires pour la survie des travailleurs.

Il est important de savoir que le terme coopérative n'est pas du tout approprié pour décrire le fonctionnement du travail dans les mines du Cerro Rico. La montagne, appartenant au gouvernement bolivien, est vendue à des gens qui créent leur propre "coopérative". Les mineurs achètent à cette "coopérative" un espace à exploiter dans la mine. Ils le paient 2000 bolivianos, ce qui équivaut à 300$, plus ou moins. C'est ici que le mot coopérative perd tout son sens. Les mineurs qui, par chance et/ou par hasard, ont acheté un espace riche en minerai, peuvent se permettre d'investir dans de meilleurs outils (marteau piqueur, explosifs, leviers mécaniques) et donc, améliorer leur rendement. À l'opposé, ceux qui sont tombés sur un "trou" pauvre en minerai, se voient contraints à conserver les techniques et les outils utilisés depuis la découverte de la mine en 1645. Bref, leur revenu dépend entièrement de ce qu'ils trouvent. Dans tous les cas, les mineurs doivent remettre 15% de leurs revenus à la "coopérative" qui au bout du compte ne les appuie en rien. Le terme de petits capitalistes serait beaucoup plus approprié. À entendre cette histoire, on a envie de vomir.

Parmi ces travailleurs qui n'ont pas eu de chance, il y a Martin, qui travaille dans son même petit trou depuis 20 ans, avec les techniques d'il y a 200 ans. Armé d'un marteau et d'une tige de métal, il pioche 8 heures par jour et gagne moins de 200 bolivianos par mois (30$). Le vendredi, il travaille 24 heure pour compenser le dimanche, journée de repos. On se croirait dans le Germinal de Zola. Aux questions du guide, il marmonne, blasé, et semble complètement épuisé, désabusé. Le seul moyen de lui décrocher un casi-sourire fut de lui offrir un sac de feuilles de coca, produit que les mineurs consomment à la tonne et seul aliment pouvant entrer dans la mine (déféquer étant totalement interdit pour l'odeur noséabonde qui se répand dans les galeries).

On remonte un tunnel, toujours à bout de souffle à cause des émanations de gaz et de la poussière qui prend plus de place que l'oxygène, pour aller rejoindre le trou de Basilio, un mineur de 41 ans qui en paraît 60. Il travaille dans la mine depuis 25 ans et n'a rien trouvé depuis 5 mois. Vous aurez deviné que, par conséquent, il n'a aucun revenu, sa maigreur en est la preuve. Ses deux enfants ont intégré la mine à l'âge de treize ans et travaillent à ce qu'un tunnel puisse déboucher du premier palier jusqu'au deuxième palier, où travaille leur père. Lui, parlant Quechua, est aussi très heureux des explosifs qu'on lui offre.
Sur le chemin du retour, on ne manque pas de donner un 2 litres de punch aux fruits aux mineurs qui poussent toujours leurs lourds charriots.

Alors que Marianne commence à suffoquer à cause de la poussière en trop grande quantité dans ses voies respiratoires, nous appercevons la lumière du jour, au bout du tunnel... et sentons nos poumons nous remercier d'enfin leur faire reprendre vie. On sort de la mine en silence, en pensant à ces 10 000 mineurs qui, chaque jour, travaillent dans ces horribles conditions.

Le terme traumatisme est faible.

Pour terminer le tout en "beauté", les guides s'amusent à nous concocter des bombes qu'ils font exploser quelques mètres plus loins, juste pour la démonstration...
Alors que les hommes s'énervent et s'impatientent devant l'explosion qui tarde, nous, on tire rapidement la conclusion que la violence, on n'aime pas ça.

Dans l'autobus, ni Audrey ni Marianne n'osent dire un mot.

dimanche 17 octobre 2010

Le circuit du Sud-Ouest

- On aurait bien aimé mettre des photos mais la technologie ici est plus ou moins à point et on n'y arrive malheureusement jamais.-

Sans doute une des plus importantes attractions touristiques de la Bolivie, nous nous sommes nous aussi laissées tentées par le circuit du SUD-OUEST !
Toujours en compagnie d'Aline la Suisse, on quitte La Paz en direction de la petite ville d'Uyuni, porte d'entrée du plus grand désert de sel du monde. En 10 heures de route, on apercoit à travers la fenêtre de gros éclairs, puis de la grêle, puis les rues toutes blanches de neige. On se demande si c'est le bon chemin pour arriver dans le désert...

On arrive à Uyuni au petit matin et on rencontre notre team de Jeep, ceux avec qui on va passer 3 jours dans les déserts de Bolivie.
Hubert et Amélie: nouveaux mariés en voyage de noce.
Aline: Suisse
Miguel: Silencieux.
Notre chauffeur, guide et cuisiner Hector en est sûrement à son troisieme parcours de la semaine. Pour répondre à la question d'Aline qui lui demande quand il aura congé, il dit simplement: ''Cuando ya no hay turistas'' (Quand il n'y a plus de touristes)...À savoir si ce jour viendra.

On saute dans le Jeep et on s'enfonce dans le désert.
1er stop: le cimetière de trains, où de vieilles carcasses de métal attendent la visite des touristes depuis le XIXe siècle.
2e stop: Colchani. Dans ce petit village à l'orée du désert de sel, un vieux monsieur qui compte ses dents nous explique les procédés artisanaux pour transformer le sel du désert en sel de table. En gros, on le fait sécher, on le passe dans un ''moulin à sel'' puis on le met dans un sac. 500 kilos par jour, produits dans une petit chaumière sans eau ni électricité. C'est ça que l'on appelle de l'artisanat.
On s'engage ensuite dans le Salar Uyuni, où on ne peut percevoir que 2 couleurs qui se chevauchent: le bleu du ciel et le blanc du sel. Le paysage est aveuglant. Au milieu de nulle part surgit l'Isla del Pescado, qu'Audrey et Marianne surnomment rapidemment ''l'Ile au Phalus'' pour les milliers de cactus de forme phallique présents sur le lopin de terre.
3e arret: Hector nous attend pour le diner avec des Biftecks de lama et une montagne de Quinoa, qui pousse en quantité industrielle ici, en Bolivie. Sur une table de pierres et avec le désert de sel en background, c'est sans doute le pique-nique le plus exotique de la vie.
4e arret: les hexagones. Hector nous amène à un endroit où il n'y a ni traces de jeep, ni touristes aux alentours. Il se transforme alors en un photographe professionnel et prend son nouveau rôle très au sérieux, plus semblable à un photographe chez Sears qu'à ceux qui travaillent pour le National Geografic. Quelques exemples de ses fameux concepts: nous, assises sur le guide de voyage de la Bolivie, tout le monde couché en étoile sur le sel, tout le monde qui saute dans les airs (à peu près 1 quart d'heure à essayer de sauter en même temps) et la fameuse pyramide. Malgré son professionalisme, on ne pense qu'au toit de la Jeep...
Dernier arrêt: l'hôtel de sel, où les murs, les lits, les tables, le plancher et les chaises sont faits de sel. Surprenant.

Le lendemain matin, on s'aventure dans un désert de sable ocre où les montagnes et les lagunes sont à couper le souffle. Ce sont cependant les peuplades de millards de flamands roses qui retiennent le plus notre attention. Au milieu des dunes de sables, on peut aussi voir le fameux Arbol de Piedras (arbre de pierres). On se sent privilégiées lorsque Hector suppose que d'ici 2 ans, l'érosion et les forts vents auront raison de l'arbre.

Dans la nuit du 3eme jour, on prend place dans le Jeep à 4h du matin en direction des Geysers ''Sol de Mañana'' où nous allions assister au lever du jour. Le site où se trouvent les geysers est tout simplement magnifique avec ses jets de fumée humide qui sentent le souffre. On doit faire attention pour ne pas piler sur un des jets brûlants. Il fait alors un froid glacial. La température sous zéro nous empêche de nous attarder. Seul le bain thermal à quelques minutes de là a su nous réchauffer. L'eau à 39 degrés celcius a redonné vie à nos orteils alors gelés par la glace toujours présente sur le sol.
Nous sommes ensuite allées au Chili.
8 heures de Jeep sur un chemin cabossé. On croise une autruche. Nous voilà de retour à Uyuni.

mardi 12 octobre 2010

Aujourd'hui meme, nous sommes á la trés exacte moitié de notre périple. Nous nous devons donc de célébrer cela en vous écrivant un petit quelque chose....Vous, nos fidels lecteurs !
Il y a trois jours de cela, nous nous appretions á traverser la frontiere du Pérou, bien excitées á l'idée d'arriver finalement en Bolivie.
On prends un bus, on fait une premiére file pour avoir le tampon qui nous permettrait de faire l'autre file qui elle, nous donnerait le droit de sortir du Pérou. On acquiert le tampon: tout va bien. Et on se faufile dans la queue pour que les douanes péruviennes nous laissent partir. Ca a d'ailleurs du etre toute qu'une épreuve pour eux que de nous voir s'éloigner peu á peu de la frontiére.
Bref, on fait la file jusqu'á ce qu'un bonhomme qui ne ressemble pas du tout á un douanier nous regarde bizarrement. Il nous regarde nous, puis notre passeport, nous, puis notre passeport.
-Qu'est-ce qui se passe monsieur ? que l'on lui demande avec un petit air inquiet.
Il nous désigne alors le chiffre soixante écrit dans la case ''Pertenencia en el pais'' (Séjour au pays).
Fuck, merde, tete de noeuds, chocolat de citron ! On sort nos grands airs et notre regard piteux, puis on se déniaise pour finalement tenter de faire comprendre au douanier ''qu'on ne le savait pas'' et qu'á la frontiére équatorienne, on nous avait donné 90 jours de pertenencia! Ils doivent entendre ca souvent, cette excuse lá. Et c'est á ce moment qu'on a connu les joies de la CORRUPTION ! Aprés avoir marchandé notre sortie du pays pour 40$ américains, on sortait du bureau á moitié fiéres de s'en etre sorties sans trop de problemes, á moitié honteuses de ne pas avoir pris le temps de regarder le chiffre sur notre passeport.
Aprés avoir obtenu notre permis de ''sortage'' du Pérou, on passe aux douanes boliviennes oú le gardien étampe tout ce qu'on lui met sous la main. Il regarde á peine la nationalité et se contente de nous faire de grands sourires comme pour nous souhaiter la bienvenue. On aurait mis notre facture de la pharmacie qu'il nous aurait étampé le tout joyeusement en nous disant: ''Bueno , canadienses, bienvenidos a Bolivia !''
En arrivant á l'Isla del Sol, sur le fameux lac Titicaca, on était pas aussi bienvenues qu'on pensait: payer pour entrer sur l'Ile, payer pour se promener sur l'Ile, payer beaucoup pour l'hotel, pour utiliser les toilettes, pour monter sur un bateau. Payer, payer, payer. On a eu la triste impression de n'etre accueillies pour que finalement, on nous soutire quelques pépittes, beaucoup de pépittes. Mëme qu'aprés avoir passé une nuit á l'hotel, ils ont refusé que l'on utilise les toilettes, sous prétexte que l'on ne payait pas pour la nuit suivante. Décevant. Non, désolant de voir á quel point on est des portefeuilles ambulants.
Pourtant, nous on était pas des portefeuilles. Aprés avoir écoulé tous nos Soles (monnaie péruvienne) pour n'avoir rien á changer, nous sommes arrivées á destination pour finalement découvrir qu'il n'y avait aucune banque. Ca, ca veut dire pas d'argent. Quelle chance qu'Aline la Suisse nous ait avancé quelques bidous pour passer á travers les quelques jours. Nous avons dormi, mangé, payé nos billets d'autobus, et il ne nous restait plus RIEN !!!!
Quelle surprise nous avons eu lorsque sur le trajet Copacabana - La Paz, on nous fasse payer un bateau pour traverser le lac.
Il semble que notre bonne étoile ait prévu pour chaque pépin un bon samaritin pret á nous tendre la main...Ou 1,50$ !

vendredi 8 octobre 2010

Le Canyon du Colca

Trois jours deux nuits a parcourir la deuxieme plus grosse craque de fesse du monde: le Canyon du Colca.
Pour en faire une bréve description physiologique (ou physionomique si vous etes toujours stickés sur la craque de fesses): d'un coté c'est sec et de l'autre, c'est bien végétal. Ainsi nous avons chaud en descendant 4 heures á cause de la brésilienne au gros sac et aux 2 paires de jeans, et nous nous rafraichissons dans la piscine de l'Oasis avec la meme brésilienne trop sexy dont la craque de fesse nous inspire cette métaphore.
Le premier jour, nous quittons Arequipa a 3heures du matin. Premier arret, déjeuner á Chivay. Deuxieme arret, la Cruz del Condor oú a peu prés 300 toursites s'émeuvent á chaque battement d'ailes du condor qui vole au dessus de la craque de fesses. Troisieme arret, Cabanaconde, oú l'on rencontre notre guide: femme, blanche, francaise. Sophie est super sympathique et sait probablement plus de choses sur le Pérou que les péruviens en savent eux-memes. Nous descendons le Canyon et dormons dans un mini-village de 40 habitants.
Deuxieme jour. Nous marchons de San Juan á l'Oasis, á peu prés á 3 heures et demi de routes. Sorti de nulle part, l'Oasis lové au creux de la craque de fesse est comme le trou de cul du monde. Si l'on meurt de chaleur á marcher sur les sentiers poussiéreux du canyon, l'Oasis ''clash'' avec ses palmiers, ses piscines d'eaux turquoises et ses hamacs confortables. Nous prenons du soleil tout l'aprés-midi et mangeons á la lueur des chandelles.
Troisieme jour. On se leve á 4h30 du matin pour remonter le canyon (montée de 1300 métre) avant que le soleil n'ait raison de nous. La brésilienne sexy opte pour la mulle et le mp3 plutot que de monter á pied. C'est surement á cause de ses 2 paires de jeans et ses 3 bouteilles de vin qu'elle avait mal aux genoux.
Nous montons (miraculeusement) le canyon, lentement et surement, en 3 heures. Le déjeuner n'aura jamais été aussi mérité, et jamais l'ascension d'une craque de fesse ne nous aura rendues aussi fiéres.
La prochaine entrée en direct de la Bolivie.

Le Machu Picchu

La légende urbaine dit que pour arriver parmi les premiers dans la cité perdue du Machu Picchu, les touristes d'Aguas Calientes doivent se lever a l'aube.
Nous, on rit pas avec les légendes urbaines.
On s'est donc levées á deux heures du matin. Oui, á deux heures du matin. Les rues sont désertes. L'obscurité ne nous fait pas peur. Pas plus que les grosses gouttes de pluie qui tombent depuis 10 heures. En marchant dans les rues sombres de la ville fantome, nous sommes pretes a toute éventualité: 10 000 personnes en file, plus aucune place au Machu et beaucoup d'heures de sommeil perdues pour rien.
Nous tournons le coin de la rue qui nous méne á l'arret d'aubotus. Nous ne voyons personne a l'horizon. Ce doit etre une illusion. MAIS NON ! Nous avons gagné la course contre la montre des touristes et nous sommes les premieres a l'arret d'autobus.
A vous de voir si seules dehors, sous la pluie battante, á deux heures du matin, nous étions héroiques ou...pathétiques.
Nous qui pensions que la plupart des visiteurs allaient nous rejoindre á 3h00, nous avons vite du faire face á la réalité: nous serions seules encore longtemps.
Sans abris, sans amis, nous étions...Itinérantes.
La situation se concrétise lorsqu'un chien errant et sale nous adopte. Il nous réchauffe du froid de la nuit et nous profitons de son affection pour combler notre solitude.
Alors que la pluie s'infiltre dans nos bobettes (parce qu'un ininérant a quand meme des bobettes), Marianne s'exclame: '' Check mon sac, m'a aller checker les poubelles!''. Citot dit, citot fait: nous réalisons notre pitoyable état et ne trouvons rien de mieux a faire que de rire jusqu'á ce que, 3 heures plus tard, les premiers toursites (canadiens plates et religieux, la tendance se maintient) se joignent á la file, alors composée de...nous deux !
Nous arrivons au Machu Picchu a 6h00 du matin et nous garrochons en bon francais dans la file pour entrer, qui avant nous n'existait pas. Nous sommes donc parmi les 10 premiers á entrer dans la cité perdue. C'est vraiment beau tsé. En voyant le village Inca perché en haut d'une montagne et embrumé par les nuages, on se demande pas pourquoi l'Unesco a classé ca dans les 7 merveilles du monde. C'est assez clair. On courre jusqu'á l'entrée du Huayna Picchu, pour faire la file et etre parmi les 10 premiers a monter tout en haut de la butte que vous voyez sur toutes les photos du Machu. On arrive finalement les deuxiemes au top, et il nous a bien fallu ca pour nous consoler, puisque, complétement caché par les nuages, nous ne voyons rien d'autre á l'horizon que du blanc. Nous attendons un peu, mais rien ne se dégage. Une demi heure aprés avoir redescendues le Huayna, faute de temps, tout se dégage et les touristes toujours lá-haut jouissent d'une vue exceptionnelle. Nous nous consolons en se promenant d'un bout á l'autre (c'est énorme) du Machu, se perdant dans les chemins labyrinthes et dans les petites maisons parfaitement préservées. Bien entendu, nous avons refusé de payer les 120 soles que demandaient les guides et avons préféré écouter leurs explications en squattant les autres groupes et en faisant semblant de regarder ailleurs pour les écouter parler sans que personne ne puisse nous en empecher.
La preuve meme que l'itinerance n'affecte pas la ruse.
Ouin.

samedi 2 octobre 2010

La vallée sacrée

Après ce long silence, je me suis dis qu’il fallait bien vous mettre quelque chose sur la dent.

Petit résumé de la dernière semaine: après avoir sécher le reste des larmes qui restaient de Huancayo, nous avons visité Ayacucho (joli), Andahuaylas (charmant) puis Cusco (intéressant).

Je vous écris maintenant de Aguas Calientes, plus connu sous le nom de ‘’Municipalidad de Machu Picchu’’. Et oui, nous gravirons demain à l’aube les pentes de la cité perdue, de la 7e merveille du monde et de la destination la plus prisée des touristes venus des quatres coins du monde.

C’est absolument choquant de voir des troupeaux d’européens, de chinois, de japonais (avec la calotte laide et le doigt sur l’appareil photo: prêt à prendre l’aubotus qui part pour le Maccu, l’autobus qui arrête à 500 mètres du Maccu ou encore Mémé qui entre dans l’autobus qui va finir par arriver au Maccu. Des plans pour manquer de clichés une fois arrivé en haut), d’Américains et de québécoises abonder dans le sud du Pérou alors qu’au Nord, c’est à peine si les gens nous regardent comme s’ils n’avaient jamais vus de Peau Blanc.

Si nous avons l’habitude d’être John Smith dans Pocahontas, ici on est plus un maîs dans le champ grand de mais. Comparaison de merde, mais vous saisissez l’idée. Goût amer en bouche.

Pour ne pas, donc, faire partie de la masse de touristes qui partent de Cusco en train pour aller au Maccu Picchu vers l’heure du midi, nous avons encore voulu faire autrement.

Et nous voilà donc dans la vallé sacrée.
À mon sens à moi, sacrée n’est pas pour le contraire de profane, mais s’entend plutôt au sens figuré: la vallée sacrée –la vallée où l’on sacre.

Si on la sacre, c’est qu’on doit la traverser à travers des milliers de détours avant d’arriver au village d’Aguas Calientes. Nous prenons un autobús de nuit (à ceux qui passent toujours des commentaires sur les autobús de nuit, cette fois nous n’avons pas eu le choix) à 10h20 qui nous amène au village de Santa Maria. On sacre parce que l’aubotus arrive une demi-heure en retard et parce qu’ils ont assigné le même siège à deux personnes. J’ai failli passer le trajet assis sur un de mes compatriotes latinos, à qui ça aurait peut-être plus fait plaisir qu’à moi…

On doit sortir avant la destination ultime, ce qui nous mène à descendre du bus à 4heures du matin dans un petit village en plein milieu de nulle part. On a pas vraiment dormi. En quelques secondes à peine, on nous aborde pour qu’un combi nous mène jusqu’au village de Santa Teresa, quelques dizaines de kilomètres plus loin. On sacre lorsque, dans la plus complète obscurité, le combi avance sur une route de roches et de terre où l’on manque plus d’une fois de rater le tournant et de finir dans le précipice, parmi toutes les autres victimes que la vie n’a pas voulue protéger. Nous avons de la chance et après avoir retenu notre souffle à plusieurs reprises, on arrive à Santa Teresa.

Il est 5h30.

On doit alors prendre un taxi pour Hidroeléctrica.
On sacre lorsque, sur le chemin toujours de terre et maintenant encore plus étroit, notre taxi fait un face à face avec une mini-van, elle aussi conduite par un homme.
Ah, les hommes.
Tous deux refusent de reculer leur véhicule et attendent que l’autre se tasse du chemin pour passer. Notez la gestuelle de l’homme de cromagnon soumi à son orgueil de Mâle, avec un grand M: notre chauffeur arrête son motteur. L’autre le fixe dans les yeux. Les regards qu’ils s’échangent sont tels des couteaux bien coupants . Notre chauffeur kalxonne. L’autre s’assoit confortablement sur son siege et croise ses bras derrière sa tête, comme pour montrer qu’il peut attendre longtemps et que pire encore, ça ne le dérange même pas !
Contrairement au leur, notre orgueil feminin refuse de perdre son temps à cause de l’orgueil Mâle (avec un grand M). Audrey crie au chauffeur dans un langage des plus polis: Come on, tasse toé ! Moi je sors de la voiture, prête à marcher ou à aller faire pipi pour rentibiliser le temps perdu.
C’est notre chauffeur qui clanche et qui (finalement) recule son maudit véhicule pour que l’autre tata puisse passer. Celui-ci baisse sa vitre et lui lance un petit ‘’C’était difficile hein?’’ en passant. On aurait du cracher dans son pare-brise.

On arrive à Hidroelectrica, une centrale où il y a une mine d’argent et probablement de l’hydroélectricité (???). Les seules consignes: suivez le chemin de fer jusqu’au prochain village. Il est 6 heures passé et on entame notre marche sur les rails, complètement bouche-bées devant la splendeur de la vallée sacrée. Les montagnes sont gigantesques, les oiseaux chantent et la végétation de plus en plus wild nous fait sentir de plus en plus près de la jungle. On n'a toujours pas dormi.

Nous avons donc marché 2 heures jusqu’à Aguas Calientes. Si la pluie nous a accompagné lors de notre périple, le paysage nous a fait oublier les gouttes d’eau et nous avons même pu apercevoir du pied de la montagne une petite partie du Maccu Picchu.

Il se fait tard: je devrais déjà dormir à l’heure qu’il est pour que demain à 3heures du matin, nous soyons les premières dans la file d’attente qui nous permettra d’admirer la cité perdue sous la lueure du soleil levant.

Bonne nuit ¡