vendredi 31 décembre 2010
mardi 28 décembre 2010
Concierto por la Niñez
Deux voix, deux guitares, un cajon, c'était bien assez pour le rendre fier.
Chaque soir, je l'amenais á l'appartement pour pratiquer. Avec cajon, sans cajon (j'ai déjá dis qu'on ne peut pas compter sur les péruviens. Imaginez sur les musiciens péruviens...), on était bien décidés á présenter quelque chose de fort, pour que les gens applaudissent jusqu'á ce que saignent leurs doigts.
Et vint le grand jour, oú fut soigneusement rangée la guitare dans son étui, oú la chemise bleue fut repassée minutieusement et oú le petit coeur orphelin se mit á battre plus intensément que d'habitude.
Á quelques heures á peine de la présentation, le pauvre prend ma main et la pose sur son coeur en me disant: ''Est-ce que c'est normal que ca batte aussi fort ?''...J'ai dit oui.
Á 13 ans, sur une scéne pour la premiére fois, en duo avec une blanche, dans un bar pour vieux, il y a des raisons de s'en faire.
Il est tout de méme entré dans le bar comme un Vicking, pret á tout. Ni un chat, ni une mouche, ni un saoul dans la place. Personne. Nous avons du attendre 2-3 heures aprés le début du concert pour qu'arrivent le gars du son. Le temps n'est qu'une mesure floue au Pérou. Moi, je m'inquiétais. Pas de jouet, ce n'est pas la fin du monde. Pas de public, c'est l'apocalypse.
Á 11 heures, les premiers invités sont entrés. Tous ont pris place et peu á peu, le bar de 200 personnes était plein á craquer. Un mardi soir, 4 jours avant Noel. C'est tout un exploit.
Pio, Martin, Ricardo et Fabiola ont débuté le spectacle avec des chansons engagées.
Pendant ce temps, j'étais cachée derriére le bar, addicte á ma bouteille d'eau, le coeur sortant de ma poitrine. Fortement.
Pourquoi, vous demandrez-vous?
Parce qu'avant d'inviter Jordin et Ricardo sur scéne, on m'avait tordu un bras pour que j'interpréte quelques unes de mes chansons. Entre deux groupes rock, je me sentais un peu toute nue avec ma voix douce (dans le sens de pas forte) et ma guitare sans micro.
Bref.
On m'a présenté comme étant l'invitée de la soirée (ce que j'explique par le nom étranger et la peau encore plus blanche qu'une heure auparavant).
Pour détendre mon atmosphére intérieur, je devais dire une connerie. Évidemment. J'ai commencé ma présentation en disant: ''No hay que hacerme tanto caso. Aqui nunca voy a ser una estrella simplemente porque ni uno de ustedes puede pronunciar mi nombre.''
''Pas la peine de me faire une trop grande présentation. Ici je ne serai jamais une Star simplement parce que ni l'un d'entre vous n'arrive á prononcer mon nom''.
Ils ont ris (ouff) et j'ai commencé. 5 tounes. Et je dois avouer que meme seule sur la scene, j'en aurais chanté plus. Alegria.
Puis je n'eu qu'á lancer un clin d'oeil en direction de Jordin pour que, confiant en apparence, il s'avance vers la scéne et que, sous les regards curieux des invités, il empoigne fermement la guitare, de peur qu'elle ne glisse sous la sueure de ses paumes.
Il s'est assis sur le tabouret, devant le micro, á mes cotés. Il tremblait de tous ses membres. On aurait pu le voir meme du deuxieme étage. C'est á ce moment que tous se sont mis á crier, á applaudir avec tant d'enthousiasme que ca me paraissait presque faux. Mais ce ne l'était pas, parce que c'est rare qu'un enfant venu de l'Aldea (l'orphelinat) réalise ses réves.
1,2,3,4, la musique a commencée. Lui, puis moi, puis Ricardo et son Cajon. Si lui était absolument concentré et qu'il ne s'est pas trompé ni une seule fois, moi j'ai presque gachée le numéro tellement je me trompais d'accords. Á l'observer jouer, du coin de l'oeil, toute ma concentration sur mon instrument avait disparue. Je n'ai jamais joué aussi mal. Mais tant qu'á moi, c'est un mal pour un bien. Lui a eu l'air bien meilleur.
Suite aux deux chansons, tous ont continué á crier victoire et Viva Peru. Ils étaient fiers de leur patrie, fiers comme si Jordin était le fils de tous. Toutefois, il n'était le fils que d'une seule personne dans la salle. En retrait, tout au fond, était assise sa mére. Sa mére avec qui il ne vit plus depuis des années. Sa mére qui devant justice, n'a pas le droit d'étre avec son fils hors des murs de l'Aldea. Ce soir-lá, sa mére était venue le voir.
Et quel moment de grande joie lorsqu'il est descendu de la scéne, le sourire fendu jusqu'aux oreilles. Lorsqu'il est tout de suite allé rejoindre sa maman qui m'a accroché le chandail et qui m'a chuchotée á l'oreille: ''Gracias Mariana, nunca he sido tan orgullosa de mi hijo''. ''Merci Marianne, je n'ai jamais été aussi fiére de mon fils''.
dimanche 26 décembre 2010
Merry Christmas to you
5 radios;
Un don de 800$, ca te met de la pression sur le dos.
J'ai distribué les cadeaux. Au compte de trois, tous allaient déballer sauvagement le sien.
Les sourires se dessinaient sur leur visage lorsque j'appelais leur nom.
''Mariana, digamos que una persona quiere cambiar su regalo...?''
''Marianne, admettons qu'une personne veut changer son cadeau.''
''Mariana, yo hubiera pedido otra cosa''
''Marianne, j'aurais du demander autre chose''
''Mariana, esta grandooote. Mariana, esta pequenito''
C'est dans ces moments lá que tu hésites entre prendre la porte, fermer ta grande-gueule ou encaisser, simplement. Je n'ai pas pris la porte, j'ai fermé ma grande-gueule (c'est ma résolution pour l'année 2011) et j'ai encaissé, tout simplement.
J'ai ensuite distribué les photos que j'avais prises d'eux, décorés d'une tuque de Noel. Un beau souvenir qu'ils garderont précieusement en dessous de leur lit ou dans le fond de leur garde-robe, á moitié déchiré ou plié en deux. Ca fait partie de leur charme, je le jure.
En sortant de l'Aldea, mon coeur refroidi s'est réchauffé á la vue d'Alan, de Juan Carlos et d'Angel qui jouaient avec leurs autos téléguidés. La pression a baissée á la vue de Luz-Mery qui, toute fiére, me montrait que sa poupée pouvait boire de l'eau sans méme se mouiller, lorsque Jaider jouait avec son gros ballon rouge. J'ai pu souffler lorsque la directrice me dit de la maniére la plus sincére qui soit: Merci pour tout ce que tu fais pour les enfants.
Et bien que je me sois tue, dans ma tete je me suis dis: ce n'est pas moi qu'il faut remercier.
C'est SENS 2010, Alice, Yves, Guillaume, Maman, Papa, Anne, Paul, Antoine, Cynthia.
C'est eux qu'il faut remercier.
Joyeux Noel á tous vous.samedi 18 décembre 2010
17 décembre 2010
samedi 11 décembre 2010
Changer de Cap
J'ai répondu qu'á force de changer mon fusil d'épaule, je vais bien finir par le poser sur la bonne, et ce en connaissance de cause.
Je continue dans la meme voie, encore et toujours. Si bien que pour la troisieme fois, j'ai changé mon billet d'avion.
La premiere fois pour revenir á Huancayo, jusqu'au 20 décembre.
La deuxieme pour repartir de Huancayo le 27 décembre.
La troisiéme pour reporter mon vol au 17 février.
Et je me sens beaucoup mieux depuis que le temps n'est plus compté...
En voyant les jours disparaitrent sur le calendrier; en voyant le temps qui reste se faire de plus en plus court, la vie m'a donné une bonne claque dans la face, un bon coup de pied dans les fesses pour me faire réaliser á quel point je suis ici á ma place.
mardi 30 novembre 2010
Les manigences de la Sainte
Hier après-midi en arrivant à l'Aldea, j'entends quelqu'un crier mon nom. ''Marianaaaaa''. C'était Jordin. Il est venu me faire un gros calin et m'a dit:''Viens, on va jouer de la guitare''.
Je n'y comprenais rien, jusqu'à ce que je vois la Tia Maria derrière. Je l'ai approché en lui demandant ce qu'elle avait manigencé.
Elle m'a expliqué que lorsque j'étais partie pour la jungle (je ne suis pas allée à l'Aldea durant 4 jours), elle avait parlé aux garçons de la casa A, disant que j'étais partie pour toujours et que je n'avais même pas daigné leur dire aurevoir tellement ils s'étaient mal comportés. Laissez-moi vous dire que ça a eu son effet. Je suppose que ça leur a fait réaliser qu'ils n'avaient pas de temps à perdre à faire comme si je n'existais pas.
Et bien maintenant, Jordin veut recommencer la guitare, faire un spectacle, acheter des nouvelles cordes.
''Pas de problème. Tu ne m'ignoreras plus jamais ?''
''Plus jamais''.
Une bonne affaire de faite.
Parlant de bonnes affaires, j'organise avec un ami un spectacle bénéfice pour Noel. Le prix de l'entrée sera un jouet ou du linge qui seront, le jour de Noel, remis aux enfants des mains du Père-Noel en personne.
Bien que vous ne pourrez malheureusement pas assister à l'évènement, vous pouvez toujours faire votre BA de l'année et envoyer vous aussi un petit quelque chose aux enfants.
Des vêtements, des jouets, des crayons, whatever.
C'est bien simple: vous n'avez qu'à envoyer un colis à ma maison, identifié avec votre nom, le sexe et l'âge de l'enfant à qui vous voulez l'offrir et ce que le colis contient.
Voici l'adresse de destination:
808 Ricardo Menendez,
El Tambo, Huancayo
Perú
Je me chargerai de remettre le tout au Père-Noel, qui lui distribuera chaque cadeau à gauche et à droite.
Bien sur, je propose ça de même.
C'est à votre guise.
lundi 29 novembre 2010
Les nouvelles en non-bref
Des nouvelles de Jordin d'abord. Il ne me parle officiellement plus. C'est comme ça, les commentaires désagréables de ses compatriotes ont eu raison de son ''attachement'' à moi. Lorsque j'ose lui parler, il ne me regarde pas dans les yeux. Je lui ai fait signer l'acte de donnation qui stipule que la guitare que je lui ai offerte lui appartient jusqu'à la fin de ses jours. J'ai eu droit à un merci, sans plus. Je me rassure lorsque sa Tia me raporte le lendemain matin qu'elle l'a entendu gratter les cordes toute la nuit. C'est l'important,j'imagine.
Ensuite. La semaine dernière, Rosemery 7 ans n'est pas rentrée de l'école. Tous ont commencé à s'inquiéter lorsqu'après avoir cherché partout dans les alentours, discuté avec les professeurs et interrogé les élèves, ils ont finalement dû tirer la conclusion que la petite s'était enfuie ou qu'elle avait été kidnappée. Compte tenu le fait que toutes les Tias et les employés de l'Aldea ont du se mettre à sa recherche, ils ont sauté sur ma ''générosité'' pour me demander de me transformer en Tia, le temps qu'ils retrouvent Rosemery. Je ne pouvais pas refuser, sachant qu'une maison de 8 enfants sans autorité, c'est pire qu'un rassemblement des Hell's et de la Mafia un soir de pleine lune. Moi qui pensait qu'elle s'était égarée et qu'ils allaient la retrouver d'ici la fin de la journée, j'ai du faire le deuil de mon innocence assez rapidement et accepter le fait qu'un enfant en fuite qui a poussé tout croche disparaît nécessairement pour ne pas qu'on le retrouve.
Ils ont retrouvé Rosemery 2 nuits, 3 jours plus tard.
Lorsque j'arrive avec mes affaires dans la maison, les petits sont inquiets et ont peur de se ramasser seuls, ne sachant pas si j'allais rester ou non.
Fernando, 5 ans, me demande: ''Est-ce que tu vas rester avec nous?''
''Ben oui, tu penses que je vais vous laisser tous seuls? Come on Nando!''
''Tu vas rester toute la vie?''
''Non, jusqu'à ce que la Tia revienne!''
''Oui, mais si la Tia se fait écraser par un char, tu vas rester toute la vie?''
Okay...
Durant ces trois jours, c'est à peine si je n'ai pas pris 10 ans en âge à me lever à 5h00 du matin pour préparer le déjeuner, les sortir du lit, aider dans les devoirs,les reconduire à l'école, me battre pour qu'ils restent à l'école, nettoyer toutes les surfaces de la maison au cas où les autorités viendraient faire une inspection, les mettre en pénitence après une bataille, soigner le nez qui saigne après un coup de pied dans la face, préparer le diner, nettoyer encore, aller les chercher à l'école, laver le linge, réviser les devoir, interrompre une autre bataille, couper les cheveux, préparer le souper, laver, essuyer, ranger, leur brosser les dents, les laver, les divertir, les empêcher de se battre, les coucher, les consoler, soigner la grippe. Encore et encore faire tout en mon pouvoir pour éviter qu'ils ne se tuent d'un coup de pied, en se tirant les cheveux, d'un coup de poing, voire même à l'aide de quelconque objet pointu.
Après 3 jours et deux nuits, j'avais l'impression de parler à des murs à force de répéter les mêmes maudites affaires tout le temps: fais ton lit, lâche ton ami, ramasse ton linge, fais des devoir, lâche ton frère, aide moi à ranger la cuisine, met la table, lâche ta soeur, lâche ton ami, lâche ton frère, LÂCHE-MOI ! À les voir se battre sans relâche sans écouter un mot de ce que je racontais, j'ai pris mes clics et mes clacs et je suis sortie. Ils m'ont suivi, bien entendu, ne comprenant pas pourquoi je partais d'un pas si ferme.
''Si vous n'écoutez rien de ce que je dis, si vous faites comme si je n'existais pas, et bien c'est que vous n'avez visiblement pas besoin de moi. Si je suis pour parler aux murs, je vais aller jaser avec ceux de ma chambre qui sont d'ailleurs beaucoup plus attentifs.''.Et je suis partie. Ça les a laissé de glace et depuis, ils m'écoutent.
La petite maintenant. Après l'école, sa maman était venue la chercher pour qu'elle reste avec elle, dans sa maison d'un des quartiers les plus dangeureux de Huancayo. Notez que devant la justice, sa mère n'a pas le droit de voir sa fille en dehors des murs de l'Aldea. La ramener à la maison est donc considéré comme un kidnaping. Ce n'est pas le pire. Les Tias de l'Aldea ont fouillé tous les recoins de la maison de la mère de Rosemery. C'est le premier endroit où elles ont cherché. Malencontreusement,elles n'y ont rien trouvé. C'est que la mère avait cachée Rosemery on ne sait trop où, pleurant sa perte devant les Tias pour qu'elles soient bien convaincues qu'elle n'avait rien à voir avec sa disparition. En toute conscience que les Tias allaient chercher jours et nuits en se rongeant les ongles d'inquiétude, elle a quand même décidé de profiter de la présence de sa fille 3 jours durant, puis l'a amené au commissariat. La petite est maintenant entre de bonnes mains. C'est une histoire dégeulasse.
Après son retour, Fernando m'a fait une confession: ''Je vais m'arranger pour qu'un de nous s'échappe, comme ça les Tias vont s'en aller et tu vas rester avec nous toute la vie''. C'est à se moment là que j'ai compris pourquoi il insistait tant sur les possibilités que sa Tia se fasse écraser par une voiture.
Maintenant que tout est rentré dans l'ordre à l'ALDEA, c'est au sein d'Expand Péru, l'organisme avec lequel j'ai abouti ici, que tout va mal.
Les projets tombent à l'eau à cause d'une maudite peine d'amour.
Plus de motivation, plus d'argent. ''Je ne suis plus rien sans elle''. On l'a entendu combien de fois celle là...
Ce matin, Bernabé (le directeur et celui avec qui je vis) a besoin de parler.
Il me confie considérer très sérieusement le suicide.
Je ne le crois pas et je réagis comme une Marianne Beaupré LaPerrière:''Tu dis n'importe quoi, c'est quoi cette histoire là? Vient on va aller se changer les idées. Une glace ? Une balade en traineau ? Tu veux que je m'occupe d'Expand Peru pour que tu puisses prendre du temps pour toi ? Je vais te trouver une psychologue, tu veux? Je reste jusqu'en Mars ? Okay...Je reste jusqu'en mars !''
Et je vous jure qu'avec tout ce qui a à faire ici, les enfants à surveiller, les directeurs à sauver, je cours à gauche à droite et je me demande VRAIMENT qu'est-ce qui me passe par la tête pour prendre le temps d'écrire un message si long.
Dehors, c'est l'état d'urgence.
mardi 23 novembre 2010
Bergère, ma chère
J'ai un jardin.
J'ai les plus belles étoiles le soir.
J'ai un four en terre cuite.
Calvaire qu'on est bin.
Pas plus de temps.
Bisoux plein de terre.
lundi 22 novembre 2010
Même les saintes ont de mauvaises intentions
J'ai pris une journée de congé Dimanche, redoutant que quelques-uns soient toujours fâchés contre moi pour la ridicule histoire du ballon.
J'arrive ce matin, tout est normal. Tous me saluent, les adolescents de la A aussi.
J'étais contente et tout allait bien.
Mais voilà que le vent tourne et que la Tia Maria, celle des ados de la A (et de Jordin), me prend par le bras et m'entraîne loin des regards curieux.
Elle se met alors à chuchotter, comme elle le fait toujours quand elle parle contre les employés de l'Aldea. Ça s'annonce mal.
En gros, une autre Tia (dont elle refuse toujours de me révéler le nom à l'heure qu'il est), est venue la voir, disant que j'avais une relation apparament trop ''proche'' avec Jordin et qu'ils nous soupconnent d'entretenir une relation. Que je sois amoureuse de lui, ou que lui soit amoureux de moi. Pire, les deux.
Je vous rappelle que le petit a tout juste 13 ans.
Depuis que la grosse conne de Tia en a parlé à la Tia Maria, tous les enfants se sont mis à se moquer de Jordin. Lorsque je passe près de lui, ils crient mon nom. Lorsqu'il passe près de moi, ils crient son nom.
Le pauvre m'évite donc, ce que je comprend tout à fait. La Tia Maria a peur que la directrice entende parler de cette connerie. Moi, je ne m'en fais pas avec ça parce que la directrice connait très bien mes intentions et a une image assez claire et nette de moi pour savoir que je n'ai AUCUNE mauvaise intention à son égard. Je suis comme sa soeur.
Alors là c'est la démandade. Tout le monde me parle de Jordin, les enfants ne le laissent pas tranquil et le pauvre, se promène tout seul à gauche à droite pour essayer de fuir les metteux de merde.
Moi, je suis complètement découragée par la situation. J'ai parlé aux filles les plus dérangeantes, j'espère que ça va s'arranger. Mais qu'une tante OSE même penser un truc pareil,ça, je ne le digererai jamais.
C'est bien la preuve que même les Saintes ont de mauvaises intentions.
J'hais les Saintes.
dimanche 21 novembre 2010
Crise de nerfs numéro 1
Ca leur aura pris 4 jours pour me faire pleurer. Quatre jours pour que je me convainque qu’il est tres peu sain pour ma santé mentale et émotionnelle d’organiser pour eux des activités chaque jour. Normalement, il ne se passe rien le Samedi a l’Aldea. Hier, Jordin m’avait confié qu’ils s’emmerdaient a force de toujours faire la meme chose. J’ai donc voulu changer un peu la routine en organisant, toute seule, une chasse aux trésors pour tous les enfants de l’Aldea. Pour les 75 enfants de l’Aldea. Je me rends au centre d’achat pour me procurer quelques sucreries que je cacherais au meme endroit que les índices, dispersés un peu partout sur le terrain. J’en profite pour acheter un ballon de Futbol que je donnerais aux participants. Le jour d’avant, ils s’étaient presque battus pour utiliser le ballon d’un petit qui ne voulait pas le preter. L’idée du ballon de Fut me paraissait alors tres d’actualité. Ca m’a couté 20 soles. J’arrive a l’Aldea puis je prends environ deux heures pour cacher les índices, les bonbons et le trésor, pour leur expliquer maison par maison le fonctionement du jeu. A peine aie-je le dos tourné que je vois 2 jeunes en train de sortir les índices, prenant le soin de manger tous les bonbons et de remettre le tout au mauvais endroit. Ca, je m’y attendais. Je me contente d’un ‘’Si t’es pas pour jouer comme les autres, ben mieux pas jouer pantoute!’’ Ce fut assez pour les faire taire et pour qu’ils recrachent les surcreries.
Apres 3 ans á me battre pour que les Tias les laissent sortir, le jeu commence. Comme de fait, ils ne jouent pas en équipe, ne font rien dans l’ordre, se poussent, se chamaillent, s’engueulent et trichent. Ca aussi, je m’y attendais. Alors que l’orage se rapproche et que s’accumulent les emballages de bonbons sur le sol, 2 équipes m’arrivent en meme temps, leurs índices en main. Ils se jettent sur moi et se poussent pour etre les premiers et espérer gagner le trésor en question. Premiere équipe, la Casa A: les grands ados, orgueilleux, chiants. Mes préférés. En secret, bien sur. Deuxiéme équipe, la Casa B et C: beaucoup plus petits. Je révise d’abord les réponse de la A, de peur qu’ils me renient tout le reste de leur existence. Il leur manquait un índice, tandis que l’équipe B-C avait tout complété correctement. Je les félicite. Apparament, je n’aurais pas du, parce que les garcons de la A se mettent a me crier derriere la tete et a me lancer des regards assasins. Je m’essaye avec un ‘’de toute facón, le prix c’est pour tout le monde’’. Puis, je sors le ballon que je lance dans les airs. Ce n’était visiblement pas assez pour me faire pardonner. Ils ont pris le ballon, toujours prets a me tuer pour ne pas les avoir fait gagner et sont partis, sans meme un merci. Ni un. Tous étaient la a se chicaner comme des barbares pour avoir le foutu ballon. Comme si ils n’avaient pris aucun plaisir au jeu lui-meme, comme si ils n’avaient joué que pour le maudit prix. Tous étaient la a me gueuler apres qui aurait du gagner, qui n’aurait pas du. Comme si je n’avais pas passé 5 heures a tout préparer, comme si je n’avais pas fait ca pour eux. Comme si, au bout du compte, c’était juste pour les faire suer. Et bien la, c’est moi qu’ils ont fait suer. Ils continuaient a se chicaner. Jordin m’a envoyé un regard choqué. Un regard qui ne pardonne pas. Il releve le mentón l’air de dire: c’est quoi ton problema. Je n’en crois pas mes yeux et je sens alors des petites émotions monter dans ma gorge. Je tourne les talons, passe la porte. Personne ne me salue.
J’attends l’autobus de l’autre coté de la rue, bien déterminée á ne revenir que 3 jours plus tard pour qu’ils comprennent á quel point parfois (souvent), ils font chier. Je me sens comme une vieille chaussette aux objets perdus. Exactement comme une vieille chaussette aux objets perdus. Je suis restée plantée la trois minutes. ‘’Fais pas ta chochotte Marianne Beaupré LaPerriere’’. Je ne sais pas si c’était la voix de ma mére, celle d’un passant ou la mienne, mais j’ai retraversé la rue, passé la porte et me suis dirigée tout droit vers le terrain de Futbol, ou 4 des ados jouaient seuls, ayant précedemment refusé de partager le ballon avec les plus petits. ‘’Donne moi le ballon’’. Á entendre mon ton et á voir mes yeux rouges, ils m’ont donné le ballon sans se faire prier.
Si j’avais été une poufiasse baveuse, fiere-pet et casse-pied, j’aurais avancé vers la poubelle et j’y aurais simplement déposé le maudit ballon. Je serais ensuite sortie en criant: In your face. J’ai fait quelque pas dans cette direction puis me suis ravisée. Comme je ne suis pas une poufiasse baveuse, fiere-pet et casse-pied, j’ai donné le ballon á la directrice en disant aux enfants: ‘’Vous vous en servirez lorsque vous aurez appris á partager’’. J’ai intitulé ce momento lá de ma vie ‘’Se faire des ennemis’’.
Ils ne m’ont crié aucune insanté. Pire, ils ont passé leur chemin sans dire un mot. Ils se sont mis á m’ignorer, á s’enfuir lorsque j’essayais de les approcher. Meme Jerson, le plus gentil des enfants, changeait de direction lorsque je l’approchais. Lorsque j’arrive finalement á lui adresser la parole, il me dit: ‘’Jordin ne veut plus te parler, ni aujourd’hui, ni demain’’.
Oui je sais, ce ne sont que des enfants. Oui oui, je sais, il faut pas s’en faire. Je sais tout ca, mais je me met quand meme á pleurer, naturellement. Je pleure beaucoup parce que vous pouvez pas savoir a quel point c’est le pire des supplices que d’etre ignorée par des enfants pour qui tu fais de ton mieux. Pour qui tu t’endettes de 700 piastres. Je pleure de rage lorsqu’une des Tias me surprend entre 2 sanglots et trouve que je fais pas mal trop pitié. La Tia veut me consoler et elle sait comment. ‘’Les enfants ne se rendent compte de rien. Ils sont habitués a recevoir. Ils ne donnent pas’’. ‘’Laisse les faire, ils vont se rendre compte eux-meme qu’ils ont tort’’.’’Moi aussi, ca m’arrive de pleurer quand ils sont méchants, comme si je ne faisais rien pour eux’’. ‘’Il faut etre forte Mariana, il faut etre plus forte qu’eux’’. Elle avait totalement raison. Elle a meme ajouté: ‘’Tu sais, pleurer ca te donne encore plus de valeur’’. De sa part, ca a fait du bien. C’est a ce momento que 4 adolescents se sont rendu compte de mon pitoyable état. Ils se sont assis pres de moi pour me consoler, ont essuyé mes larmes avec du papier de toilette. Quatre enfants, dont Jerson de la casa A qui a un trop grand coeur pour se laisser influencer par ses crétins d’amis. Il s’est empressé d’aller chercher Jordin, dans l’espoir qu’il m’explique c’était quoi son probléme. Apparament, il n’y en avait pas. Comme quoi l’orgueil fait des miracles.
Avec tous ces morveux autour de moi, cette fois je me sentais comme une vieille chaussette qu’on avait sortie des objets perdus. Certes, hors des objets perdus, mais quand meme une vieille chaussette. Avant de partir, la Tia s’est approchée de moi et m’a répété á l’oreille: ‘’Sois forte, sois plus forte qu’eux.’’ Moi qui pleurait encore, je n’ai su que lui répondre: ‘’Pleurer ne m’empeche pas d’etre forte’’. Elle m’a sourit. Les enfants aussi. Ca m’a consolé.
jeudi 18 novembre 2010
Le Grand retour
mardi 16 novembre 2010
Back to Peru
Marianne
lundi 15 novembre 2010
Le Grand départ et les Polzella
Iguazutango
lundi 8 novembre 2010
La Route du Vin
vendredi 5 novembre 2010
Je t'aime, je te quitte
Quelques images
lundi 1 novembre 2010
En sens contraire
J'imagine que j'ai besoin de changer d'air. Personne ne croirait cela possible, et je comprendrais pourquoi. C'en est presque ridicule compte tenu des circonstances. Mais même à des miles et des miles de chez moi, de tout ce qui m'est familier, malgré le temps qui passe à toute allure, même en changeant le cap comme on change de sous-vêtement, le vent souffle parfois en sens contraire.
On marche sur des terrains glissants, je veux dire, lorsqu'on se met en tête qu'il faut suivre le vent. Il y a les bonnes décisions desquelles on a tout le loisir d'être fières. Il y a les autres, les moins bonnes décisions, parfois prises malgré soi. Ces mauvaises décisions dont on ne ressentira jamais tous les effets, enfin, pas complètement. Ces décisions prises sur le vif, à reculons, à pile ou face, celles que l'on range vite dans les affaires classées pour éviter de se demander si l'on aurait mieux fait de changer le verdict du hasard. Si l'on aurait pas mieux fait d'arranger le hasard. Tout ne peut pas se tirer au sort, Marianne. J'ai là un grand deuil à faire.
Changer d'air, donc. Enfin, le silence me permet de penser. D'entendre, plutôt, ce à quoi je pense. Le vent de 6 heures dans mes oreilles. Le vent fait le ménage de ce qui se trouve entre les deux. Le vent fait de son mieux...
Le bruit rassurant du ruisseau qui coule depuis toujours et qui coulera encore toujours. ÇA, ça n'a rien d'éphémère. Enfin.
Je suis toute petite parmi ces arbres géants, ces montagnes comme toutes les autres et le silence qui prend toute la place. Je n'ai pour seule compagne celle qui parle aux oiseaux. Comme si c'était normal d'entretenir une conversation avec une rapace, même exotique. Comme si, le jour de ses 21 ans, on en arrivait finalement à les comprendre, les oiseaux. Ça a quelque chose de très humain, de vrai.
Ce soir, on dormira chez nous. Sous un toit imperméable, entre 4 murs de toile, un toit étoilé. Chez soi, au beau milieu de nulle part. Nullepart, le seul endroit que je connaisse où l'on peut être partout à la fois. Nullepart. Derrière nous les klaxons de la ville. Le gros beat du soir, le bourdonnement au petit matin. Les 10 milles visages inconnus. Les voix, les murmures anonymes des passants.
Devant moi, deux mouches s'accouplent. Elles copulent silencieusement, sans vouloir me déranger. Autour de moi, une horde de moustiques, seuls à ne pas se plier aux règles de la nature. L'hyperactivité du calme-plat. Je décide de me mettre à la collection des piqûres. Mon postérieur en compte déjà à lui seul une vingtaine. J'ai de quoi être fière. Dormir la joue gauche sur le pointu d'une roche. Respirer le grand air, inhaler une mouche. Deux, sûrement. Aujourd'hui, je suis crasse. Pas salie d'une de ces crasses urbaines, d'un jus de poubelle ou d'une vieille gomme collée fermement sous le pied. Je suis crasse de terre, de parasites de Rio. Crasse d'avoir marché pieds nus n'importe où, de la fumée du feu de bois, de la poussière éparpillée par la brise, des miettes de biscotte dans toutes les craques de mon corps. Procédez par élimination.
Et malgré tout, lanaturelesilenceletempsleciellatenteleriviere, le coeur n'y est pas. Pas plus qu'il y a deux jours. Sûrement pas moins que dans une semaine. Je devrais être ailleurs.
Je n'ai pas encore changé assez d'air, visiblement.
Aujourd'hui, je me suis crachée dessus 2 fois. Je vous l'ai déjà dit, le vent souffle parfois en sens contraire.
M.