vendredi 31 décembre 2010

BONNE ANNÉE


Une image vaut milles mots.

mardi 28 décembre 2010

Concierto por la Niñez

Le 21 décembre passé a eu lieu l'événement de l'année á Huancayo: le Concierto por la Niñez organisé par nul autre que Expand Peru.
Le but de spectacle était de récolter des jouets qui seraient par la suite distribués aux enfants des différents centres d'assistance de la ville.
C'était le but premier de tous les responsables de l'événement.

Le mien était bien différent. Mon objectif premier (et unique) était de faire monter Jordin sur scéne. Le faire jouer dans un bar et devant une salle pleine á craquer. Objectif ma foi ambitieux, puisque Jordin deux semaines avant l'événement n'avait qu'une seule chanson dans son répertoire.

Peu m'importait. Peu l'importait á lui aussi d'ailleurs. Il a fallu plusieurs jours pour le convaincre de s'y mettre. Lorsqu'un beau matin je lui ai mis dans les mains une toute nouvelle partition, il n'avait pas le choix d'accepter. Et c'est ainsi que nous avons ensemble préparé deux morceaux qu'il présenterait deux semaines plus tard au Bar 80's Rock. Lejos de Ti, et Mi niña bonita.

Comme je ne suis malheureusement pas du genre á faire les choses simplement, j'ai décidé que d'apprendre la guitare á un ado poussé croche ce n'était pas assez. Je me suis compliqué la vie en trouvant un band qui allait accompagner le jeune prodige lors du Jour J. Considérant le fait que les péruviens sont súrement la chose sur laquelle on peut le moins compter dans le monde entier, il s'est avéré que le groupe de l'heure se résumait á Jordin, á moi et á Ricardo, percussionniste.


Deux voix, deux guitares, un cajon, c'était bien assez pour le rendre fier.

Chaque soir, je l'amenais á l'appartement pour pratiquer. Avec cajon, sans cajon (j'ai déjá dis qu'on ne peut pas compter sur les péruviens. Imaginez sur les musiciens péruviens...), on était bien décidés á présenter quelque chose de fort, pour que les gens applaudissent jusqu'á ce que saignent leurs doigts.

Et vint le grand jour, oú fut soigneusement rangée la guitare dans son étui, oú la chemise bleue fut repassée minutieusement et oú le petit coeur orphelin se mit á battre plus intensément que d'habitude.

Á quelques heures á peine de la présentation, le pauvre prend ma main et la pose sur son coeur en me disant: ''Est-ce que c'est normal que ca batte aussi fort ?''...J'ai dit oui.

Á 13 ans, sur une scéne pour la premiére fois, en duo avec une blanche, dans un bar pour vieux, il y a des raisons de s'en faire.

Il est tout de méme entré dans le bar comme un Vicking, pret á tout. Ni un chat, ni une mouche, ni un saoul dans la place. Personne. Nous avons du attendre 2-3 heures aprés le début du concert pour qu'arrivent le gars du son. Le temps n'est qu'une mesure floue au Pérou. Moi, je m'inquiétais. Pas de jouet, ce n'est pas la fin du monde. Pas de public, c'est l'apocalypse.

Á 11 heures, les premiers invités sont entrés. Tous ont pris place et peu á peu, le bar de 200 personnes était plein á craquer. Un mardi soir, 4 jours avant Noel. C'est tout un exploit.

Pio, Martin, Ricardo et Fabiola ont débuté le spectacle avec des chansons engagées.
Pendant ce temps, j'étais cachée derriére le bar, addicte á ma bouteille d'eau, le coeur sortant de ma poitrine. Fortement.

Pourquoi, vous demandrez-vous?

Parce qu'avant d'inviter Jordin et Ricardo sur scéne, on m'avait tordu un bras pour que j'interpréte quelques unes de mes chansons. Entre deux groupes rock, je me sentais un peu toute nue avec ma voix douce (dans le sens de pas forte) et ma guitare sans micro.


Bref.

On m'a présenté comme étant l'invitée de la soirée (ce que j'explique par le nom étranger et la peau encore plus blanche qu'une heure auparavant).


Pour détendre mon atmosphére intérieur, je devais dire une connerie. Évidemment. J'ai commencé ma présentation en disant: ''No hay que hacerme tanto caso. Aqui nunca voy a ser una estrella simplemente porque ni uno de ustedes puede pronunciar mi nombre.''
''Pas la peine de me faire une trop grande présentation. Ici je ne serai jamais une Star simplement parce que ni l'un d'entre vous n'arrive á prononcer mon nom''.


Ils ont ris (ouff) et j'ai commencé. 5 tounes. Et je dois avouer que meme seule sur la scene, j'en aurais chanté plus. Alegria.
Puis je n'eu qu'á lancer un clin d'oeil en direction de Jordin pour que, confiant en apparence, il s'avance vers la scéne et que, sous les regards curieux des invités, il empoigne fermement la guitare, de peur qu'elle ne glisse sous la sueure de ses paumes.

Il s'est assis sur le tabouret, devant le micro, á mes cotés. Il tremblait de tous ses membres. On aurait pu le voir meme du deuxieme étage. C'est á ce moment que tous se sont mis á crier, á applaudir avec tant d'enthousiasme que ca me paraissait presque faux. Mais ce ne l'était pas, parce que c'est rare qu'un enfant venu de l'Aldea (l'orphelinat) réalise ses réves.

1,2,3,4, la musique a commencée. Lui, puis moi, puis Ricardo et son Cajon. Si lui était absolument concentré et qu'il ne s'est pas trompé ni une seule fois, moi j'ai presque gachée le numéro tellement je me trompais d'accords. Á l'observer jouer, du coin de l'oeil, toute ma concentration sur mon instrument avait disparue. Je n'ai jamais joué aussi mal. Mais tant qu'á moi, c'est un mal pour un bien. Lui a eu l'air bien meilleur.

Suite aux deux chansons, tous ont continué á crier victoire et Viva Peru. Ils étaient fiers de leur patrie, fiers comme si Jordin était le fils de tous. Toutefois, il n'était le fils que d'une seule personne dans la salle. En retrait, tout au fond, était assise sa mére. Sa mére avec qui il ne vit plus depuis des années. Sa mére qui devant justice, n'a pas le droit d'étre avec son fils hors des murs de l'Aldea. Ce soir-lá, sa mére était venue le voir.

Et quel moment de grande joie lorsqu'il est descendu de la scéne, le sourire fendu jusqu'aux oreilles. Lorsqu'il est tout de suite allé rejoindre sa maman qui m'a accroché le chandail et qui m'a chuchotée á l'oreille: ''Gracias Mariana, nunca he sido tan orgullosa de mi hijo''. ''Merci Marianne, je n'ai jamais été aussi fiére de mon fils''.

dimanche 26 décembre 2010

Merry Christmas to you

Avant de partir pour l'Amérique latine, j'entendais sur toutes les lévres que mon voyage me ferait réfléchir sur la consommation et sur les enjeux qu'elle entraine.

Au final, je n'ai jamais consommé autant de toute ma vie.

Tout commence lorsque je recois un cadeau empoisonné dans ma boite de courriel. 500 beaux dollars des étudiants et des profs de SENS, 350 autres des membres de ma famille. Je suis décidemment trés gatée. Vous vous demandrez pourquoi donc ce cadeau était-il empoisonné? Je vous répondrai simplement qu'il m'a condamné á passer au moins 24 heures au centre d'achat, 48 au marché et au moins le triple á emballer les dits présents.

Bien que le processus fut long et parfois pénible, ce sont ces petits présents minutieusement achetés pour chacun des enfants qui m'ont rattachés á l'esprit de Noel.

Il y a quelques semaines, je parlais avec la directrice de l'Aldea (orphelinat) de la possibilité de faire venir le Pere-Noel (parce que moi pi P-N, on est ben ben proches!). Elle m'a répondu sans l'ombre d'un doute que ni le plus petit et le plus naif des enfants croyait au Pére-Noel, expliquant le tout par les expériences traumatisantes qu'ils ont vécus dans le passé.

Moi je ne comprends pas trop le lien. C'est ta mére qui a essayé de t'empoisonner, pas le Pére-Noel.

Alors je fais á ma tete, comme toujours. Je suis passée dans chaque maison pour leur faire faire des cartes de Noel que j'allais envoyer par la suite á mon chummy P-N. Imaginez-vous donc qu'une fois de plus, la directrice était dans le champ et que de toute ma vie, je n'ai jamais fait croire aussi bien un mensonge á des enfants. Ceux de 4 ans comme ceux de 11 ans ont écris des lettres au Pére-Noel selon un modéle bien précis proposé par la nulle autre que moi. Contrairement aux enfants que j'ai toujours connu qui écrivent au Pére-Noel á quel point ils se sont bien comportés, j'ai osé dire aux enfants que P.N savait tout et que si ils mentaient, il ne leur enverrait pas un seul cadeau.

Je me suis donc ramassée avec des mots tous semblables á celui de Janeth, 12 ans:

Papa Noel, quiero que me traiges un perfume con mucho olor. Me comporté muy, pero muy mal este año pero para el proximo año, voy a hacer todo lo posible para hacer caso a mi Tia, no pegar a mis hermanos y comportarme muy bien. Por favor cumple.

Te quiero mucho Papa Noel aunque nunca te he conocido.

- Papa-Noel, je veux que tu m'apportes un parfum avec beaucoup d'odeurs. Je me suis comporté vraiment, mais vraiment mal cette année. L'an prochain, je vais faire mon possible pour écouter la Tia et pour ne pas frapper mes fréres. S'il te plait améne moi mon cadeau. Je t'aime beaucoup meme si je ne t'ai jamais connu.-

Á la fin de la journée, j'avais 63 lettres adressées au Pére-Noel;

4 autos téléguidées;
5 radios;
4 clé USB;
300 000 camions;
...Et au moins une semaine de folie á courir á gauche et á droite.
Beau programme pour oublier que la famille et que les amis sont loins, loins, loins...
Loins.
Maintenant, sachez que ce message n'est pas juste un message. Il s'agit d'un compte-rendu á toutes les généreuses personnes que j'aime tant et qui ont donné pour la bonne cause. Sachez également que pour saisir l'essence de ce message, il faut lire entre les lignes. Vous entendrez alors ma voix chantante vous dire merci, merci, merci. Et je pése mes mots.

Maintenant nous y sommes, le compte-rendu officiel que je dois á tous les donnateurs et á ceux qui s'intéressent á la chose.

J'ai passé une semaine de fou. Je veux dire par ''une semaine de fou'', 7 jours oú je cours dans la ville comme une poule pas de tete, oú je sors des sommes exubérantes d'argent comme je change de bobettes (n'ayez aucune crainte á ce sujet, je change de bobette chaque jour) et oú j'emballe jusqu'aux petites heures du matin, á un tel point oú j'oublis de manger. Le tout pour faire de moi un Papa-Noel responsable et ponctuel.


Un don de 800$, ca te met de la pression sur le dos.
Le 24 décembre á 1h30, tout était finalement pret.

Il a fallu se battre contre la réalité pour trouver une voiture qui voudrait empacter les tas, au pluriel, de cadeaux. Pour éviter de laisser les présents á l'air libre et de risquer etre victime d'une attaque d'enfants une fois arrivés á l'Aldea, on avait soigneusement caché le tout dans des contenants hétéroclites, tel un étui á guitare, une boite á sapin de Noel et un sleeping bag. Sir Enrique Vila est venu nous chercher avec son taxi. On pacte 15 minutes au moins.



Tout y est passé: le sapin de Noel, les biscuits de Noel, les lumiéres de Noel, les cadeaux de Noel. Marianne de Noel.
Sous la pluie glaciale du 24 décembre, nous somme entrés dans l'enceinte de l'Aldea comme Céline Dion: incognito.
Une fois le sapin décoré, les lumiére allumés et les cadeaux empillés les uns sur les autres, les lutins ont appelé les enfants. Le Pére-Noel était passé. Certains ont accourus. La majorité s'est fait attendre une demi-heure. En entrant dans Los Manos Libres, tous sont restés bouche-bés. Pour la premiére fois, chacun d'entre eux avait un cadeau identifié á son nom, emballé et envoyé express pour eux.


Aprés 3 mois et demi, je commence par contre á connaitre ces enfants. Un petit discours á la péruvienne s'imposait pour éviter la catastrophe. Je ne parle pas des déchirures de papiers partout, mais bien des morveux qui chialent parce qu'ils ne sont pas contents. Mon discours se résumait donc á une seule et unique lecon: apprendre á donner, c'est une chose. Apprendre á recevoir, c'en est une autre.



Je me suis fait bien claire sur le point suivant. Le cadeau n'est rien en soi, si ce n'est que de l'intention. Si j'entendais l'un d'entre-eux se plaindre, il verrait rapidemment son cadeau disparaitre pour etre offert á un enfant de la rue.
J'ai distribué les cadeaux. Au compte de trois, tous allaient déballer sauvagement le sien.
Les sourires se dessinaient sur leur visage lorsque j'appelais leur nom.
1-2-3. Dans un vacarme de déchirures et de cris stridents, tous ont découverts le contenu de leur paquet cadeau. Les barbies ont alors fait connaissance avec les robots, les clés USB avec les écouteurs, et les enfants reconnaissants avec les éternels chialeux.

''Mariana, digamos que una persona quiere cambiar su regalo...?''

''Marianne, admettons qu'une personne veut changer son cadeau.''


''Mariana, yo hubiera pedido otra cosa''
''Marianne, j'aurais du demander autre chose''

''Mariana, esta grandooote. Mariana, esta pequenito''

''Marianne, c'est trop grand. Marianne, c'est trop petit''

C'est dans ces moments lá que tu hésites entre prendre la porte, fermer ta grande-gueule ou encaisser, simplement. Je n'ai pas pris la porte, j'ai fermé ma grande-gueule (c'est ma résolution pour l'année 2011) et j'ai encaissé, tout simplement.
J'ai ensuite distribué les photos que j'avais prises d'eux, décorés d'une tuque de Noel. Un beau souvenir qu'ils garderont précieusement en dessous de leur lit ou dans le fond de leur garde-robe, á moitié déchiré ou plié en deux. Ca fait partie de leur charme, je le jure.

En sortant de l'Aldea, mon coeur refroidi s'est réchauffé á la vue d'Alan, de Juan Carlos et d'Angel qui jouaient avec leurs autos téléguidés. La pression a baissée á la vue de Luz-Mery qui, toute fiére, me montrait que sa poupée pouvait boire de l'eau sans méme se mouiller, lorsque Jaider jouait avec son gros ballon rouge. J'ai pu souffler lorsque la directrice me dit de la maniére la plus sincére qui soit: Merci pour tout ce que tu fais pour les enfants.

Et bien que je me sois tue, dans ma tete je me suis dis: ce n'est pas moi qu'il faut remercier.

C'est SENS 2010, Alice, Yves, Guillaume, Maman, Papa, Anne, Paul, Antoine, Cynthia.

C'est eux qu'il faut remercier.

Joyeux Noel á tous vous.

samedi 18 décembre 2010

17 décembre 2010

Je me souviendrai toujours du jour de mes 20 ans.
Moi qui me sentais seule depuis une semaine, qui croyais que le jour de mon anniversaire sombrerait dans l'oubli, j'étais complétement dans le champ.
En plus de recevoir des appels téléphoniques des membres de ma famille, tous mes amis m'ont écris un petit quelque chose. Ce fut le remede miracle pour faire disparaitre la solitude et pour se rappeler que loin des yeux, loin du coeur, ca pas rapport !
J'ai recu le plus beau cadeau du monde: les étudiants et les profs de l'option SENS se sont cotisés
pour verser 500$ dans mon compte de banque. Le tout pour organiser aux enfants un Noel magique. Alice et Guillaume qui sont sans doute derriere tout ca, je vous remercie du plus profond de mon coeur.
En me levant, une boite de chocolat et une belle carte m'attendaient sur la table de la cuisine.
En arrivant á l'Aldea, une horde d'enfants qui se poussaient pour me souhaiter bonne fete.
Comme le veut la tradition, on devait m'écraser un oeuf sur la tete pour souligner mon anniversaire.
J'ai recu mon premier oeuf á 11:12 (l'heure de ma naissance), le deuxiéme á 11:12, 2 secondes.
Petit lavage de cheveux violent, procédé par Janeth qui n'a pas considéré le fait que de l'eau glacée en trop grande quantité ca fait mal, surtout la tete á l'envers depuis 15 minutes dans le lavabo parce que la pauvre n'en vient pas á bout des coquilles d'oeufs bien décidées á rester plantées dans mon crane.
J'ai recu mon troisiéme oeuf á 11:20, la tete encore dans le lavabo, juste aprés que Janeth ait enlevé le dernier morceau de la coquille du premier oeuf. Celui-lá, je l'ai laissé dans mes cheveux quelques minutes, juste pour laisser mon sang circuler normalement. On m'a encore lavé les cheveux de facon violente et glaciale. En riant, bien entendu.
Aprés trois oeufs, je dois avouer que je me sentais importante. Méme avec l'odeur collée á mon corps, les quelques coquilles qui restaient prises dans mes cheveux et les rires moqueurs de tous les enfants, c'était déjá le plus bel anniversaire.
En entrant dans la Casa A, je me méfiais de chaque mouvement. Or, je n'ai pu résister lorsque Jordin m'a souhaiter Cumpleaños feliz et m'a serré dans ses bras. J'ai perdu toutes mes défenses, jusqu'á meme m'imaginer qu'il était aussi gentil juste pour etre gentil. J'ai recu á 11:45 mon quatrieme oeuf, cette fois tellement fort que j'en ressens encore la douleur. Il y en avait non seulement dans mes cheveux, mais dans mon cou, dans mes oreilles, sur mes jeans, ma camisole et ma veste. J'en avais jusque dans les yeux. Je ne pouvais me laisser faire.
Et j'ai eu ma vengeance. Á 11:47, j'écrasais mon premier oeuf.
Plus tard dans la journée, quelques-uns m'ont offert des lettres et des cadeaux. Bien entendu, il m'était formellement interdit de l'ouvrir en leur présence. J'ai du patienter tout l'aprés-midi.
La Tia Maria de la Casa A m'avait cuisiné un gateau en compagnie des garcons. J'ai mangé comme une grosse cochonne, incapable de refuser la grosse pointe sale sur laquelle on avait mis la chandelle de la deuxiéme décennie. Á peine quelques secondes aprés avoir terminé (en vain) ma derniére bouchée, je recois un appel de Victor, le directeur qui me dit tout content: ''On t'a préparé un diner pour ta fete, on t'attend!''
MALHEUR ! Le seul changement que j'ai pu remarquer en moi de mes 19 á mes 20 ans, c'est les 10 livres que j'ai pris en mangeant 5 diners.
Avant d'aller diner chez les directeurs, je suis allée courrir avec les garcons dans le champ, question de faire descendre le diner numéro 1 et le morceau giga méga gros du gateau.
Devant les anticuchos (coeur de boeufs), la soupe de fideos, la montagne de riz, de poulet et de patates sucrées, j'ai failli vomir. J'ai du reconnaitre que mon estomac, méme par orgueil, ne pourrait encaisser le coup et j'ai refusé la nourriture, au grand malheur de Victor qui me proposait une assiette aux 30 secondes.
En aprés-midi, c'était le concours de Noel: chaque maison devait préparer un villancico (chant de Noel) et décorer sa maison. En compagnie des 15 volontaires américains venus pour enseigner aux enfants comment se brosser les dents (????), nous sommes passé de maison en maison pour voir ce qu'ils avaient préparé. Des sapins de Noel pauvres en branches, des créches grandeur nature...Une Tia est meme allée jusqu'á coucher le plus petit des enfants sur un lit de paille, á déguiser les deux autre en Marie et Joseph, et á amener un mouton de la ferme dans sa maison qui n'a pas manqué de lécher toutes les parties du corps du pauvre Jésus, 4 ans, qui pour faire honneur á sa maison, n'osait pas se défendre.
Moment mémorable lorsqu'aprés avoir annoncé les gagnants et chanté avec les américains des tounes de Noel, tous se sont assis autour de moi et de ma guitare. Nous avons chanté collés les uns aux autres toutes les chansons de Noel en anglais que j'avais traduites et apprises á la guitare pour le besoin de la cause.
En revenant á la maison, j'ai lu les messages. On me souhaitait tout ce qui avait de plus beau sur la terre entiére, on me disait merci, que j'étais comme une soeur pour eux.
C'est la lettre de Jherson, minutieusement emballée dans du Papier-Q qui m'a fait pleurer...Un tout petit peu.
Sur une feuille lignée, avec une écriture qui visiblement n'était pas du dimanche, il était simplement écrit: ''Tu eres la mejor amiga que tengo'' (tu es la meilleure amie que j'ai).
Je me rappelerai toujours de mes 20 ans.

samedi 11 décembre 2010

Changer de Cap

On m'a déja reproché de changer d'idée trop souvent.
J'ai répondu qu'á force de changer mon fusil d'épaule, je vais bien finir par le poser sur la bonne, et ce en connaissance de cause.

Je continue dans la meme voie, encore et toujours. Si bien que pour la troisieme fois, j'ai changé mon billet d'avion.
La premiere fois pour revenir á Huancayo, jusqu'au 20 décembre.
La deuxieme pour repartir de Huancayo le 27 décembre.
La troisiéme pour reporter mon vol au 17 février.
Et je me sens beaucoup mieux depuis que le temps n'est plus compté...

En voyant les jours disparaitrent sur le calendrier; en voyant le temps qui reste se faire de plus en plus court, la vie m'a donné une bonne claque dans la face, un bon coup de pied dans les fesses pour me faire réaliser á quel point je suis ici á ma place.
Il y a quelques semaines de cela, Bernabé m'offrait de coordonner un nouvel organisme, Peru Nomade. Mon role ? Mettre sur pied de nouveaux projets oú envoyer des volontaires venus de partout dans le monde. Pour ce faire, je dois d'abord établir des contacts dans certaines villes du Pérou. Ensuite, je dois visiter les projets déja en place (orphelinats, poste de santé, projets de reforestation, centres d'assistance et compagnie) et travailler en partenariat avec ceux-ci de sorte á les adapter pour qu'ils puissent éventuellement recevoir des bénévoles. En plus de la page internet que je suis en train de traduire en francais, du spectace bénéfices et des cours de guitare. J'ai un horaire plus que chargé.
Rien ne pourrait mieux tomber. Je ne m'engouffre pas dans la routine en voyageant par-ci, par lá. Je ne laisse pas pour autant l'Aldea, oú je passe la majorité de mon temps.
J'ai réfléchi longuement avant de prendre une décision.
Et pour etre honnete, je n'aurais pas du y penser aussi longtemps parce qu'entre la Patagonie et l'opportunité que j'ai entre les mains, le choix était trés simple.
Je terminerai donc mon voyage ici, tellement bien entourée. Tellement, tellement dans mon élément.
Et pour suivre les pas de ma mamie chérie, je garde la Patagonie pour mes vieux jours.

mardi 30 novembre 2010

Les manigences de la Sainte

Bon. Je dois vous mettre au courant tellement ça m'a rendu heureuse.

Hier après-midi en arrivant à l'Aldea, j'entends quelqu'un crier mon nom. ''Marianaaaaa''. C'était Jordin. Il est venu me faire un gros calin et m'a dit:''Viens, on va jouer de la guitare''.

Je n'y comprenais rien, jusqu'à ce que je vois la Tia Maria derrière. Je l'ai approché en lui demandant ce qu'elle avait manigencé.
Elle m'a expliqué que lorsque j'étais partie pour la jungle (je ne suis pas allée à l'Aldea durant 4 jours), elle avait parlé aux garçons de la casa A, disant que j'étais partie pour toujours et que je n'avais même pas daigné leur dire aurevoir tellement ils s'étaient mal comportés. Laissez-moi vous dire que ça a eu son effet. Je suppose que ça leur a fait réaliser qu'ils n'avaient pas de temps à perdre à faire comme si je n'existais pas.

Et bien maintenant, Jordin veut recommencer la guitare, faire un spectacle, acheter des nouvelles cordes.
''Pas de problème. Tu ne m'ignoreras plus jamais ?''
''Plus jamais''.
Une bonne affaire de faite.

Parlant de bonnes affaires, j'organise avec un ami un spectacle bénéfice pour Noel. Le prix de l'entrée sera un jouet ou du linge qui seront, le jour de Noel, remis aux enfants des mains du Père-Noel en personne.

Bien que vous ne pourrez malheureusement pas assister à l'évènement, vous pouvez toujours faire votre BA de l'année et envoyer vous aussi un petit quelque chose aux enfants.

Des vêtements, des jouets, des crayons, whatever.

C'est bien simple: vous n'avez qu'à envoyer un colis à ma maison, identifié avec votre nom, le sexe et l'âge de l'enfant à qui vous voulez l'offrir et ce que le colis contient.
Voici l'adresse de destination:
808 Ricardo Menendez,
El Tambo, Huancayo
Perú


Je me chargerai de remettre le tout au Père-Noel, qui lui distribuera chaque cadeau à gauche et à droite.

Bien sur, je propose ça de même.
C'est à votre guise.

lundi 29 novembre 2010

Les nouvelles en non-bref

Tout bouge autour de moi. J'écrirais des heures et des heures pour reporter chaque évènement...Seulement, je cours à gauche à droite depuis une semaine, à savoir où je dois être au bon moment. Je n'ai pas l'impression d'avoir encore trouvé.

Des nouvelles de Jordin d'abord. Il ne me parle officiellement plus. C'est comme ça, les commentaires désagréables de ses compatriotes ont eu raison de son ''attachement'' à moi. Lorsque j'ose lui parler, il ne me regarde pas dans les yeux. Je lui ai fait signer l'acte de donnation qui stipule que la guitare que je lui ai offerte lui appartient jusqu'à la fin de ses jours. J'ai eu droit à un merci, sans plus. Je me rassure lorsque sa Tia me raporte le lendemain matin qu'elle l'a entendu gratter les cordes toute la nuit. C'est l'important,j'imagine.

Ensuite. La semaine dernière, Rosemery 7 ans n'est pas rentrée de l'école. Tous ont commencé à s'inquiéter lorsqu'après avoir cherché partout dans les alentours, discuté avec les professeurs et interrogé les élèves, ils ont finalement dû tirer la conclusion que la petite s'était enfuie ou qu'elle avait été kidnappée. Compte tenu le fait que toutes les Tias et les employés de l'Aldea ont du se mettre à sa recherche, ils ont sauté sur ma ''générosité'' pour me demander de me transformer en Tia, le temps qu'ils retrouvent Rosemery. Je ne pouvais pas refuser, sachant qu'une maison de 8 enfants sans autorité, c'est pire qu'un rassemblement des Hell's et de la Mafia un soir de pleine lune. Moi qui pensait qu'elle s'était égarée et qu'ils allaient la retrouver d'ici la fin de la journée, j'ai du faire le deuil de mon innocence assez rapidement et accepter le fait qu'un enfant en fuite qui a poussé tout croche disparaît nécessairement pour ne pas qu'on le retrouve.

Ils ont retrouvé Rosemery 2 nuits, 3 jours plus tard.

Lorsque j'arrive avec mes affaires dans la maison, les petits sont inquiets et ont peur de se ramasser seuls, ne sachant pas si j'allais rester ou non.
Fernando, 5 ans, me demande: ''Est-ce que tu vas rester avec nous?''
''Ben oui, tu penses que je vais vous laisser tous seuls? Come on Nando!''
''Tu vas rester toute la vie?''
''Non, jusqu'à ce que la Tia revienne!''
''Oui, mais si la Tia se fait écraser par un char, tu vas rester toute la vie?''

Okay...

Durant ces trois jours, c'est à peine si je n'ai pas pris 10 ans en âge à me lever à 5h00 du matin pour préparer le déjeuner, les sortir du lit, aider dans les devoirs,les reconduire à l'école, me battre pour qu'ils restent à l'école, nettoyer toutes les surfaces de la maison au cas où les autorités viendraient faire une inspection, les mettre en pénitence après une bataille, soigner le nez qui saigne après un coup de pied dans la face, préparer le diner, nettoyer encore, aller les chercher à l'école, laver le linge, réviser les devoir, interrompre une autre bataille, couper les cheveux, préparer le souper, laver, essuyer, ranger, leur brosser les dents, les laver, les divertir, les empêcher de se battre, les coucher, les consoler, soigner la grippe. Encore et encore faire tout en mon pouvoir pour éviter qu'ils ne se tuent d'un coup de pied, en se tirant les cheveux, d'un coup de poing, voire même à l'aide de quelconque objet pointu.

Après 3 jours et deux nuits, j'avais l'impression de parler à des murs à force de répéter les mêmes maudites affaires tout le temps: fais ton lit, lâche ton ami, ramasse ton linge, fais des devoir, lâche ton frère, aide moi à ranger la cuisine, met la table, lâche ta soeur, lâche ton ami, lâche ton frère, LÂCHE-MOI ! À les voir se battre sans relâche sans écouter un mot de ce que je racontais, j'ai pris mes clics et mes clacs et je suis sortie. Ils m'ont suivi, bien entendu, ne comprenant pas pourquoi je partais d'un pas si ferme.

''Si vous n'écoutez rien de ce que je dis, si vous faites comme si je n'existais pas, et bien c'est que vous n'avez visiblement pas besoin de moi. Si je suis pour parler aux murs, je vais aller jaser avec ceux de ma chambre qui sont d'ailleurs beaucoup plus attentifs.''.Et je suis partie. Ça les a laissé de glace et depuis, ils m'écoutent.

La petite maintenant. Après l'école, sa maman était venue la chercher pour qu'elle reste avec elle, dans sa maison d'un des quartiers les plus dangeureux de Huancayo. Notez que devant la justice, sa mère n'a pas le droit de voir sa fille en dehors des murs de l'Aldea. La ramener à la maison est donc considéré comme un kidnaping. Ce n'est pas le pire. Les Tias de l'Aldea ont fouillé tous les recoins de la maison de la mère de Rosemery. C'est le premier endroit où elles ont cherché. Malencontreusement,elles n'y ont rien trouvé. C'est que la mère avait cachée Rosemery on ne sait trop où, pleurant sa perte devant les Tias pour qu'elles soient bien convaincues qu'elle n'avait rien à voir avec sa disparition. En toute conscience que les Tias allaient chercher jours et nuits en se rongeant les ongles d'inquiétude, elle a quand même décidé de profiter de la présence de sa fille 3 jours durant, puis l'a amené au commissariat. La petite est maintenant entre de bonnes mains. C'est une histoire dégeulasse.

Après son retour, Fernando m'a fait une confession: ''Je vais m'arranger pour qu'un de nous s'échappe, comme ça les Tias vont s'en aller et tu vas rester avec nous toute la vie''. C'est à se moment là que j'ai compris pourquoi il insistait tant sur les possibilités que sa Tia se fasse écraser par une voiture.

Maintenant que tout est rentré dans l'ordre à l'ALDEA, c'est au sein d'Expand Péru, l'organisme avec lequel j'ai abouti ici, que tout va mal.
Les projets tombent à l'eau à cause d'une maudite peine d'amour.
Plus de motivation, plus d'argent. ''Je ne suis plus rien sans elle''. On l'a entendu combien de fois celle là...
Ce matin, Bernabé (le directeur et celui avec qui je vis) a besoin de parler.
Il me confie considérer très sérieusement le suicide.
Je ne le crois pas et je réagis comme une Marianne Beaupré LaPerrière:''Tu dis n'importe quoi, c'est quoi cette histoire là? Vient on va aller se changer les idées. Une glace ? Une balade en traineau ? Tu veux que je m'occupe d'Expand Peru pour que tu puisses prendre du temps pour toi ? Je vais te trouver une psychologue, tu veux? Je reste jusqu'en Mars ? Okay...Je reste jusqu'en mars !''

Et je vous jure qu'avec tout ce qui a à faire ici, les enfants à surveiller, les directeurs à sauver, je cours à gauche à droite et je me demande VRAIMENT qu'est-ce qui me passe par la tête pour prendre le temps d'écrire un message si long.
Dehors, c'est l'état d'urgence.

mardi 23 novembre 2010

Bergère, ma chère

J'ai 22 moutons.
J'ai un jardin.
J'ai les plus belles étoiles le soir.
J'ai un four en terre cuite.
Calvaire qu'on est bin.
Pas plus de temps.
Bisoux plein de terre.

lundi 22 novembre 2010

Même les saintes ont de mauvaises intentions

Visiblement, j'accumule les situations précaires au fur et à mesure qu'avance le temps.
J'ai pris une journée de congé Dimanche, redoutant que quelques-uns soient toujours fâchés contre moi pour la ridicule histoire du ballon.
J'arrive ce matin, tout est normal. Tous me saluent, les adolescents de la A aussi.
J'étais contente et tout allait bien.

Mais voilà que le vent tourne et que la Tia Maria, celle des ados de la A (et de Jordin), me prend par le bras et m'entraîne loin des regards curieux.
Elle se met alors à chuchotter, comme elle le fait toujours quand elle parle contre les employés de l'Aldea. Ça s'annonce mal.

En gros, une autre Tia (dont elle refuse toujours de me révéler le nom à l'heure qu'il est), est venue la voir, disant que j'avais une relation apparament trop ''proche'' avec Jordin et qu'ils nous soupconnent d'entretenir une relation. Que je sois amoureuse de lui, ou que lui soit amoureux de moi. Pire, les deux.
Je vous rappelle que le petit a tout juste 13 ans.
Depuis que la grosse conne de Tia en a parlé à la Tia Maria, tous les enfants se sont mis à se moquer de Jordin. Lorsque je passe près de lui, ils crient mon nom. Lorsqu'il passe près de moi, ils crient son nom.

Le pauvre m'évite donc, ce que je comprend tout à fait. La Tia Maria a peur que la directrice entende parler de cette connerie. Moi, je ne m'en fais pas avec ça parce que la directrice connait très bien mes intentions et a une image assez claire et nette de moi pour savoir que je n'ai AUCUNE mauvaise intention à son égard. Je suis comme sa soeur.

Alors là c'est la démandade. Tout le monde me parle de Jordin, les enfants ne le laissent pas tranquil et le pauvre, se promène tout seul à gauche à droite pour essayer de fuir les metteux de merde.

Moi, je suis complètement découragée par la situation. J'ai parlé aux filles les plus dérangeantes, j'espère que ça va s'arranger. Mais qu'une tante OSE même penser un truc pareil,ça, je ne le digererai jamais.

C'est bien la preuve que même les Saintes ont de mauvaises intentions.
J'hais les Saintes.

dimanche 21 novembre 2010

Crise de nerfs numéro 1

Ca leur aura pris 4 jours pour me faire pleurer. Quatre jours pour que je me convainque qu’il est tres peu sain pour ma santé mentale et émotionnelle d’organiser pour eux des activités chaque jour. Normalement, il ne se passe rien le Samedi a l’Aldea. Hier, Jordin m’avait confié qu’ils s’emmerdaient a force de toujours faire la meme chose. J’ai donc voulu changer un peu la routine en organisant, toute seule, une chasse aux trésors pour tous les enfants de l’Aldea. Pour les 75 enfants de l’Aldea. Je me rends au centre d’achat pour me procurer quelques sucreries que je cacherais au meme endroit que les índices, dispersés un peu partout sur le terrain. J’en profite pour acheter un ballon de Futbol que je donnerais aux participants. Le jour d’avant, ils s’étaient presque battus pour utiliser le ballon d’un petit qui ne voulait pas le preter. L’idée du ballon de Fut me paraissait alors tres d’actualité. Ca m’a couté 20 soles. J’arrive a l’Aldea puis je prends environ deux heures pour cacher les índices, les bonbons et le trésor, pour leur expliquer maison par maison le fonctionement du jeu. A peine aie-je le dos tourné que je vois 2 jeunes en train de sortir les índices, prenant le soin de manger tous les bonbons et de remettre le tout au mauvais endroit. Ca, je m’y attendais. Je me contente d’un ‘’Si t’es pas pour jouer comme les autres, ben mieux pas jouer pantoute!’’ Ce fut assez pour les faire taire et pour qu’ils recrachent les surcreries.


Apres 3 ans á me battre pour que les Tias les laissent sortir, le jeu commence. Comme de fait, ils ne jouent pas en équipe, ne font rien dans l’ordre, se poussent, se chamaillent, s’engueulent et trichent. Ca aussi, je m’y attendais. Alors que l’orage se rapproche et que s’accumulent les emballages de bonbons sur le sol, 2 équipes m’arrivent en meme temps, leurs índices en main. Ils se jettent sur moi et se poussent pour etre les premiers et espérer gagner le trésor en question. Premiere équipe, la Casa A: les grands ados, orgueilleux, chiants. Mes préférés. En secret, bien sur. Deuxiéme équipe, la Casa B et C: beaucoup plus petits. Je révise d’abord les réponse de la A, de peur qu’ils me renient tout le reste de leur existence. Il leur manquait un índice, tandis que l’équipe B-C avait tout complété correctement. Je les félicite. Apparament, je n’aurais pas du, parce que les garcons de la A se mettent a me crier derriere la tete et a me lancer des regards assasins. Je m’essaye avec un ‘’de toute facón, le prix c’est pour tout le monde’’. Puis, je sors le ballon que je lance dans les airs. Ce n’était visiblement pas assez pour me faire pardonner. Ils ont pris le ballon, toujours prets a me tuer pour ne pas les avoir fait gagner et sont partis, sans meme un merci. Ni un. Tous étaient la a se chicaner comme des barbares pour avoir le foutu ballon. Comme si ils n’avaient pris aucun plaisir au jeu lui-meme, comme si ils n’avaient joué que pour le maudit prix. Tous étaient la a me gueuler apres qui aurait du gagner, qui n’aurait pas du. Comme si je n’avais pas passé 5 heures a tout préparer, comme si je n’avais pas fait ca pour eux. Comme si, au bout du compte, c’était juste pour les faire suer. Et bien la, c’est moi qu’ils ont fait suer. Ils continuaient a se chicaner. Jordin m’a envoyé un regard choqué. Un regard qui ne pardonne pas. Il releve le mentón l’air de dire: c’est quoi ton problema. Je n’en crois pas mes yeux et je sens alors des petites émotions monter dans ma gorge. Je tourne les talons, passe la porte. Personne ne me salue.


J’attends l’autobus de l’autre coté de la rue, bien déterminée á ne revenir que 3 jours plus tard pour qu’ils comprennent á quel point parfois (souvent), ils font chier. Je me sens comme une vieille chaussette aux objets perdus. Exactement comme une vieille chaussette aux objets perdus. Je suis restée plantée la trois minutes. ‘’Fais pas ta chochotte Marianne Beaupré LaPerriere’’. Je ne sais pas si c’était la voix de ma mére, celle d’un passant ou la mienne, mais j’ai retraversé la rue, passé la porte et me suis dirigée tout droit vers le terrain de Futbol, ou 4 des ados jouaient seuls, ayant précedemment refusé de partager le ballon avec les plus petits. ‘’Donne moi le ballon’’. Á entendre mon ton et á voir mes yeux rouges, ils m’ont donné le ballon sans se faire prier.


Si j’avais été une poufiasse baveuse, fiere-pet et casse-pied, j’aurais avancé vers la poubelle et j’y aurais simplement déposé le maudit ballon. Je serais ensuite sortie en criant: In your face. J’ai fait quelque pas dans cette direction puis me suis ravisée. Comme je ne suis pas une poufiasse baveuse, fiere-pet et casse-pied, j’ai donné le ballon á la directrice en disant aux enfants: ‘’Vous vous en servirez lorsque vous aurez appris á partager’’. J’ai intitulé ce momento lá de ma vie ‘’Se faire des ennemis’’.


Ils ne m’ont crié aucune insanté. Pire, ils ont passé leur chemin sans dire un mot. Ils se sont mis á m’ignorer, á s’enfuir lorsque j’essayais de les approcher. Meme Jerson, le plus gentil des enfants, changeait de direction lorsque je l’approchais. Lorsque j’arrive finalement á lui adresser la parole, il me dit: ‘’Jordin ne veut plus te parler, ni aujourd’hui, ni demain’’.


Oui je sais, ce ne sont que des enfants. Oui oui, je sais, il faut pas s’en faire. Je sais tout ca, mais je me met quand meme á pleurer, naturellement. Je pleure beaucoup parce que vous pouvez pas savoir a quel point c’est le pire des supplices que d’etre ignorée par des enfants pour qui tu fais de ton mieux. Pour qui tu t’endettes de 700 piastres. Je pleure de rage lorsqu’une des Tias me surprend entre 2 sanglots et trouve que je fais pas mal trop pitié. La Tia veut me consoler et elle sait comment. ‘’Les enfants ne se rendent compte de rien. Ils sont habitués a recevoir. Ils ne donnent pas’’. ‘’Laisse les faire, ils vont se rendre compte eux-meme qu’ils ont tort’’.’’Moi aussi, ca m’arrive de pleurer quand ils sont méchants, comme si je ne faisais rien pour eux’’. ‘’Il faut etre forte Mariana, il faut etre plus forte qu’eux’’. Elle avait totalement raison. Elle a meme ajouté: ‘’Tu sais, pleurer ca te donne encore plus de valeur’’. De sa part, ca a fait du bien. C’est a ce momento que 4 adolescents se sont rendu compte de mon pitoyable état. Ils se sont assis pres de moi pour me consoler, ont essuyé mes larmes avec du papier de toilette. Quatre enfants, dont Jerson de la casa A qui a un trop grand coeur pour se laisser influencer par ses crétins d’amis. Il s’est empressé d’aller chercher Jordin, dans l’espoir qu’il m’explique c’était quoi son probléme. Apparament, il n’y en avait pas. Comme quoi l’orgueil fait des miracles.


Avec tous ces morveux autour de moi, cette fois je me sentais comme une vieille chaussette qu’on avait sortie des objets perdus. Certes, hors des objets perdus, mais quand meme une vieille chaussette. Avant de partir, la Tia s’est approchée de moi et m’a répété á l’oreille: ‘’Sois forte, sois plus forte qu’eux.’’ Moi qui pleurait encore, je n’ai su que lui répondre: ‘’Pleurer ne m’empeche pas d’etre forte’’. Elle m’a sourit. Les enfants aussi. Ca m’a consolé.

jeudi 18 novembre 2010

Le Grand retour

Finalement, j'y suis. Heureusement, j'y resterai. J'ai retrouvé Huancayo hier avec comme première réflexion le fait incontestable que c'est une ville terriblement laide. Après avoir revu tous ceux que j'aime, ma deuxième réflexion fut de me dire que c'est sans doute à mes yeux la plus belle ville du monde. La plus belle ville du monde.
Comme à mon habitude, j'ai débarqué de l'autobus très impatiemment, sachant que Bernabé, ami et directeur de l'organisme, m'attendait à quelques mètres. J'ai été soulagée, rassurée de déposer mes valises dans sa vieille coccinelle orange, de sentir l'odeur du gaz s'échapper par devant et par derrière de l'automobile, d'emprunter les rues principales, de conduire sans permis, puis de faire quelques détours pour éviter la police. D'entendre les klaxons, de mourir de peur dans le trafic. Rassurée de voir que rien n'avait vraiment changé.
En route vers la maison, Bernabé me raconte en détails les évènements des semaines passées. De beaux rêves ; des démarches ; un coup de fil ; une peine d'amour... Il se met à pleurer dans la voiture et met ses lunettes fumées pour que personne ne s'en rende compte. Moi je suis contente d'être arrivée au bon moment: durant la saison des pluies, lorsque tous les employés se sont cassés, lorsque le budget se fait tristounet, durant une peine d'amour...Oui, je suis arrivée au bon moment.
Assomée par l'altitude, grippée par la grippe et exténuée du voyage, la sieste ne me dit rien puisque je n'ai qu'une idée en tête: les enfants. À peine aie-je eu le temps de monter à l'appartement que je redescendais au pas de course, le coeur tout aussi sur les nerfs, prête à vivre la novuelle épopée, à tourner une nouvelle page blanche que j'intitulerais alors Le Grand Retour.
J'arrive à l'orphelinat. Il n'y a personne. Au loin, la directrice m'apercoit. Elle me sert dans ses bras comme si je n'étais jamais vraiment partie, et m'indique le parc, là où se trouvent tous les autres. On saute dans la coccinelle. À travers les barrières, je reconnais quelques visages. Celui de Gladis, de Soledad. Je cherche encore. J'ose à peine avancer tellement j'ai les jambes molles. Je n'aurais jamais cru que quelques morveux pourraient me faire tant d'effet. J'avance lentement, avec tout plein d'appréhension. Je pose un pied sur le petit pont. J'entends: ''SEÑORITA MARIANAAAA!'' Je reconnais tout de suite la voix de Fernando et je vois sa grosse face qui coure vers moi. Tous se retournent d'un bond. Comme si c'était une blague. Ce n'était pas une blague. Ils se sont tous, tous, tous mis à courrir comme des Bendiezs vers moi. Ils ont tous traversé le petit pont, se sont tous jetés dans mes bras en criant mon nom. Tous, sauf un.
Un sourire se dérobe à mes yeux. Je relève la tête du moton d'enfants, bien déterminés à ne plus me laisser partir. En retrait, Jordin est assis sur le rebord d'une muraille et me fixe avec un petit sourire en coin, l'air de comprendre exactement pourquoi je suis revenue; l'air de savoir très, trop pertinemment que je suis revenue pour lui, à cause de lui. J'ai finalement pu m'éclipser pour aller le voir. Ni un mot. Je l'ai pris dans mes bras, il a collé sa tête contre mon coeur et les deux en même temps, on s'est chuchoté notre petit secret à l'oreille, notre petit secret à nous deux: ''Te extrañé'' (Tu m'as manqué). Et c'était tout. Juste assez pour que je sois complètement convaincue que j'avais fait le bon choix. Je suis revenue à Huancayo. Bonne affaire de faite !
Les petits ne m'ont pas lâchés de l'après-midi. Contrairement à mes attentes, ils ne m'ont posé aucune question et se sont contentés de me bombarder de souvenirs. Ils ont relaté la pyjamada, m'ont raconté toutes les histoires qu'on leur avait enseignées. Ils se souvenaient de TOUT. Je crois ne jamais m'être sentie aussi au bon endroit, au bon moment. Lorsque venu le temps de retourner à la maison, tous me demandaient: ''Ya te vas?'' (Tu t'en va déjà?). Question à double tranchant. T'es revenue pour repartir. Tu pars quand ? Je n'ai pas voulu répondre. ''Ya no me voy'' (Je ne m'en vais plus). C'est tout ce que j'ai dit.
Ce matin, j'ai revu tous les autres enfants, ceux qui étaient à l'école la veille. Comme au téléphone arabe, le premier qui m'a vu n'a eu qu'à crier mon nom pour qu'ils sortent tous de leur Et maintenant qu'ils ont vu, ils savent que j'ai tenu ma promesse. Ils savent que je les tiendrai toutes et que la Señorita Mariana est là pour rester.
M.

mardi 16 novembre 2010

Back to Peru

En Résumé:
Le vol d'avion s'est passé comme sur des roulettes. Quel joli jeu de mots.
Depuis l'atterissage, j'ai une oreille bouchée qui m'empêche de turlutter.
J'ai revue mes amies. On a rit tout l'après-midi en mangeant de la crème glacée.
Je me suis achetée un cellulaire cheap pour combler le grand vide laissé par l'abscence d'Audrey. Dans ma tête, j'ai remplacé son nom par un numéro (0051-99-184-0257). Dans mon coeur, ni même 100 cellulaires ne pourraient la remplacer. Audrey je t'aime.
Demain, je pars pour Huancayo. J'ai déjà des ''dates'' et j'ai envie de sauter juste à l'idée de revoir mes morveux.
En résumé, je suis la personne la plus heureuse du monde.
Et je trouve ce résumé plus qu'approprié.

Marianne

lundi 15 novembre 2010

Le Grand départ et les Polzella

Cordoba est notre ultime destination avant notre séparation.
C'est en banlieue de la ville qu'on est accueillies par la famille parfaite Polzella, qui même après 3 jours ne signale aucun défault. On est reçues comme des reines, on mange comme des baronnes et on dort comme des princesses. Nous avons eu la chance d'arriver la fin de semaine, alors que Gabi et Nicolas (Maman et Papa) pouvaient nous consacrer tout le temps, ce qu'ils ont fait en nous incluant aux partys de famille/piscine creusée chauffée, en nous faisant faire une balade en auto et en nous gâtant de sucre à gauche et à droite. Les ''enfants'' quant à eux, nous traînent dans les Boliches (disco) et nous cuisinent les meilleures pizzas à la Parilla (BBQ traditionnel). Ils nous traitent aux petits oignions. À peine Marianne a-t-elle un frisson et un mal de gorge qu'ils contactent le réseau médical de Cordoba pour faire baisser le thermomètre. S'ils sont venus prendre sa température au moins 4 fois pendant la nuit, ils n'ont pas lâché la garde et lui ont bouqué un rendez-vous chez le docteur en voyant que la température montait. Sous ordonnance du médecin, la patiente, désespérée, devait sans attendre reçevoir une puissante injection dans la foufounne. Après le dit rendez-vous, maman appelle un infirmer qui s'est déplacé jusqu'à leur domicile pour la piquer. Douleur, Douleur, Douleur.
Ils insistent tous pour qu'elle ne prennent pas son avion et couvrent TOUS les frais liés à sa grippe. Le médecin, l'infirmer, les médicaments, les injections, envoye-donc. S'en est gênant.
Avec eux, pas question de payer notre café con leche, encore moins de demander la permission pour quoi que ce soit dans la maison. C'est une famille envoyée du ciel, c'est sûr.
Demain matin, alors qu'Audrey sirotera son café dans la maison de l'allégresse, Marianne regardera par le hublot l'Argentine disparaitre derrière elle et sa fesse endolorie.
Ciao Audrey.
Hasta luego Marianne.
On se retrouve le 20 décembre, au Chili.

Iguazutango

45 heures.

Une destination.

Les chutess d'Iguazu.

Comme nous n'avions pas une éternité avant le départ de Marianne, il fallait faire vite pour pouvoir nous aussi voir une des nouvelles merveilles du monde. On s'est tapé tout le trajet aller-retour en 3 jours, 3 nuits,n'avons pas dormi dans un vrai lit depuis et avons payé la peau des fesses pour y avoir droit. Et malgré tout, ca a vraiment valu le coup.


Comme une image vaut mille mots...

Que dire de plus...

Audrey: Rien !

Marianne: Non, t'oublies l'épisode du Tango, franchement !

Audrey: Non, je l'oublie pas, j'essaie de l'oublier.

Marianne: C'est moi qui raconte.

On était au restaurant, il y avait un spectacle de tango. Après quelques danses vint le moment où les danseurs aux cheveux lichés mouillés et tout de noir vêtus cherchent dans la foule de gentes dames avec qui danser le Tango. Audrey a peur. Moi je la laisse deux secondes parce que j'ai vraiment envie de pipi et quand je reviens, je vois la pauvre, collée à son Maestro, dansant comme une patate dans son vieux gilet de Mémé, sa jupe qui matche pas et ses pieds crottés qui sortent à moitié de ses souliers qu'elle n'a pas eu le temps de mettre lorsque Monsieur l'a traînée (et c'est le mot) sur la piste de danse. Lorsque je la vois, j'éclate de rire et je ne peux m'arrêter. Le regard tueur, elle m'esquisse un doigt d'honneur dans le dos de son partenaire sans se préoccuper du fait que tout le monde l'a vu dans le restaurant. Quel beau moment.

Audrey: Je le savais, je le savais, je le savais qu'il viendrait me chercher ! Calvaire ! Pourquoi t'es allée aux toilettes ? La honte. Si le Tango est la danse la plus sensuelle de toutes, moi je devais sûrement être plus près du 7 carré.

Vu la raideur, le non-enthousiasme et la non-sensualité de ses mouvements, le sexy Tangoiste raccompagne la pauvre, complètement découragée, à son siège et tend sa main à la beaucoup plus réceptive et moins pire Marianne, qui elle, à défault d'avoir l'air d'une patate, prend la peine de suivre les pas et de se bomber le torse pour sauver l'honneur du Canada.

Fin.

lundi 8 novembre 2010

La Route du Vin



Malbec, Tannat, Torrentes, Cabernet, on trouve en Argentine des vins de toutes les sortes et de toutes les couleurs. Bien que nous en profitions déja en s'ouvrant chaque soir une petite bouteille de vin, il fallait absolument se rendre á Cafayate, deuxieme ville en importance dans la production du vin argentin.

Autour de la jolie bourgade, on retrouve des Bodegas (vignobles) par dizaines. Le paysage montagneux et sec fait donc contraste aux vertes étendues de vignes qui mettent un peu de couleurs aux alentours. Dans Cafayate meme, tous les restaurants et les cafés proposent une carte des vins particulierement élaborée, le tout étonnament pour une modique somme. Meme la Heladeria (cremerie) du coin propose des glaces au Cabernet et au Torrones, que nous avons mangé avec le plus grand intéret. C'était bizarre...

Quoi de mieux qu'une balade a vélo pour profiter des vignobles. A cheval sur nos BICIS, nous avons parcouru les terres ou poussent toutes sortes de raisins, puis nous sommes allées visiter des vignobles.

On nous a révélé les secrets de l'arome et enseigné les étapes de la production du vin organique. On nous a meme fait déguster une grande variété de vins: rouges, blancs, rosés, chimiques, organiques, sucrés. Bien entendu, on n'aurait pas pu s'empecher de passer quelques commentaires de Wanna-be spécialistes, du genre:
''Mmm, le vin est rond en bouche'' dit Audrey.
''Tout a fait, j'aime bien sa robe'' renchérit Marianne.

A la fin de notre parcours viticole, on a retenu deux choses:
1- Vaut mieux se saouler au vin organique: ca permet d'éviter le mal de tete;
2-Un vignoble, ca donne envie de se marier.



Boire est un acte réalisé par les races des lignées antiques. Lorsque l'on fait bon usage du vin, c'est la santé et la médecine que l'on obtient. Le vin augmente la force, exalte les sens génétiques, stimule le systeme nerveux, nous rend plus éloquents, nous mene a faire de bonnes actions, au pardon et a l'heroisme. (Rien de moins).
Le vin développe la fantaisie, augmente la joie, rend notre mémoire plus claire (???), éloigne la mélancolie, réalise les reves, console les tristesses et donne un sentiment d'euphorie, dans un monde ou on se la coule douce et tranquille.


vendredi 5 novembre 2010

Je t'aime, je te quitte

Moi, Marianne
Je regarde derrière mon épaule en descendant vers le pôle,
Je traine une nostalgie amère lorsque je pense à eux,
Je m'ennuie de mes morveux,
La beauté des paysages ne vaut plus rien
Si je ne peux leur prendre la main
Et je me demande à quoi bon continuer sur ce chemin
Puisqu'au fond de moi, je sais que ce n'est pas le miens.
Moi, Audrey,
J'ai envie de me taire les mains dans la terre
Traire, faire affaire avec le monde agraire
M'installer là où il y a de l'air
La sueur au front et le pie au coeur de la paume.
-Trêve de poésie poche, je vous en prie !-
Il y a longtemps que Marianne ne prend plus plaisir aux longs trajets d'autobus, aux hôtels et aux dortoirs, aux paysages désertiques et au bourdonnement des villes.
S'il a fallu plusieurs semaines pour diagnostiquer le ''bobo'', nous vous écrivons maintenant le remède en main.
Un mal pour un bien. Nous réalisons aujourd'hui que notre impasse en Bolivie (Reportez-vous à La fuite) nous a permis de clarifier nos envies et de suivre nos instincts.
Audrey veut se plonger les mains dans le sol argentin, alors que Marianne veut retourner à ses premiers amours.
On se rend compte toutes les deux qu'il y a là une grande décision à prendre, sans quoi l'une ou l'autre se verrait contrainte à suivre des ambitions qui ne sont pas les siennes.
Nous voilà donc, assises sur une simple table de bois, les larmes aux yeux, mais soulagées devant l'évidence.
On s'aime, on veut 2 choses différentes, totalement différentes. On s'aime quand même tsé.
On se quitte donc pour mieux se retrouver.
Audrey reste en Argentine.
Marianne retourne à Huancayo, au Pérou.
Toutes seules.
Une séparation n'est pas une rupture.

Quelques images



Vu les ordinateurs extrêmement lents, on se décourage toujours lorsque vient le temps de publier quelques photos.

Or, puisque la chaleur qu'il fait dehors est extrême, et vu ma fatigue chronique, j'ai décidé de perdre mon temps.

Voici quelques clichés des deux derniers mois.
Le désert de Sel
Ça dit tout.


Laguna Colorada


Baby you can drive my car. Yes, I'm gonna be a star!



Dans le désert, en route vers le Chili



Lago Titicaca


Audrey sur une porte, Lago



Sur le Lac Titicaca, en compagnie d'Hélène et Damien de Nouvelle-Calédonie, et d'Aline, de Suisse.

Belle, belle, belle Audrey hypnotisée par le lac



Aie-je vraiment besoin de faire les présentations ??

Lac Titicaca

Marianne au sommet du Huayna Picchu, en attendant patiemment que les nuages s'en aillent.

lundi 1 novembre 2010

En sens contraire

Overdose de bruit. Dans ma tête, mes oreilles, dans mes bouchons. Overdose de béton. Plus rien n'a de sens et j'ai l'impression d'être attirée malgré moi vers l'Antartique. Le pôle magnétique a eu raison de moi. Inconsciemment. Overdose des voisins de chambre trop bruyants, des gens qui ne savent pas vivre, comme s'il vivaient tout seuls. Overdose des restos, de l'odeur de pisse, des becs vulgaires au passage. Je n'en peut plus de partir. Je n'en peut plus d'arriver. De repartir, et d'arriver encore. J'ai mal là où le voyage m'a donné un coup au coeur. J'ai mal au coeur, au coup de coeur. Tellement que ça me fait faire des mauvais jeux de mots. À bien y pense, c'est peut-être pas si nouveau...

J'imagine que j'ai besoin de changer d'air. Personne ne croirait cela possible, et je comprendrais pourquoi. C'en est presque ridicule compte tenu des circonstances. Mais même à des miles et des miles de chez moi, de tout ce qui m'est familier, malgré le temps qui passe à toute allure, même en changeant le cap comme on change de sous-vêtement, le vent souffle parfois en sens contraire.

On marche sur des terrains glissants, je veux dire, lorsqu'on se met en tête qu'il faut suivre le vent. Il y a les bonnes décisions desquelles on a tout le loisir d'être fières. Il y a les autres, les moins bonnes décisions, parfois prises malgré soi. Ces mauvaises décisions dont on ne ressentira jamais tous les effets, enfin, pas complètement. Ces décisions prises sur le vif, à reculons, à pile ou face, celles que l'on range vite dans les affaires classées pour éviter de se demander si l'on aurait mieux fait de changer le verdict du hasard. Si l'on aurait pas mieux fait d'arranger le hasard. Tout ne peut pas se tirer au sort, Marianne. J'ai là un grand deuil à faire.

Changer d'air, donc. Enfin, le silence me permet de penser. D'entendre, plutôt, ce à quoi je pense. Le vent de 6 heures dans mes oreilles. Le vent fait le ménage de ce qui se trouve entre les deux. Le vent fait de son mieux...
Le bruit rassurant du ruisseau qui coule depuis toujours et qui coulera encore toujours. ÇA, ça n'a rien d'éphémère. Enfin.
Je suis toute petite parmi ces arbres géants, ces montagnes comme toutes les autres et le silence qui prend toute la place. Je n'ai pour seule compagne celle qui parle aux oiseaux. Comme si c'était normal d'entretenir une conversation avec une rapace, même exotique. Comme si, le jour de ses 21 ans, on en arrivait finalement à les comprendre, les oiseaux. Ça a quelque chose de très humain, de vrai.

Ce soir, on dormira chez nous. Sous un toit imperméable, entre 4 murs de toile, un toit étoilé. Chez soi, au beau milieu de nulle part. Nullepart, le seul endroit que je connaisse où l'on peut être partout à la fois. Nullepart. Derrière nous les klaxons de la ville. Le gros beat du soir, le bourdonnement au petit matin. Les 10 milles visages inconnus. Les voix, les murmures anonymes des passants.

Devant moi, deux mouches s'accouplent. Elles copulent silencieusement, sans vouloir me déranger. Autour de moi, une horde de moustiques, seuls à ne pas se plier aux règles de la nature. L'hyperactivité du calme-plat. Je décide de me mettre à la collection des piqûres. Mon postérieur en compte déjà à lui seul une vingtaine. J'ai de quoi être fière. Dormir la joue gauche sur le pointu d'une roche. Respirer le grand air, inhaler une mouche. Deux, sûrement. Aujourd'hui, je suis crasse. Pas salie d'une de ces crasses urbaines, d'un jus de poubelle ou d'une vieille gomme collée fermement sous le pied. Je suis crasse de terre, de parasites de Rio. Crasse d'avoir marché pieds nus n'importe où, de la fumée du feu de bois, de la poussière éparpillée par la brise, des miettes de biscotte dans toutes les craques de mon corps. Procédez par élimination.

Et malgré tout, lanaturelesilenceletempsleciellatenteleriviere, le coeur n'y est pas. Pas plus qu'il y a deux jours. Sûrement pas moins que dans une semaine. Je devrais être ailleurs.
Je n'ai pas encore changé assez d'air, visiblement.
Aujourd'hui, je me suis crachée dessus 2 fois. Je vous l'ai déjà dit, le vent souffle parfois en sens contraire.

M.