dimanche 26 décembre 2010

Merry Christmas to you

Avant de partir pour l'Amérique latine, j'entendais sur toutes les lévres que mon voyage me ferait réfléchir sur la consommation et sur les enjeux qu'elle entraine.

Au final, je n'ai jamais consommé autant de toute ma vie.

Tout commence lorsque je recois un cadeau empoisonné dans ma boite de courriel. 500 beaux dollars des étudiants et des profs de SENS, 350 autres des membres de ma famille. Je suis décidemment trés gatée. Vous vous demandrez pourquoi donc ce cadeau était-il empoisonné? Je vous répondrai simplement qu'il m'a condamné á passer au moins 24 heures au centre d'achat, 48 au marché et au moins le triple á emballer les dits présents.

Bien que le processus fut long et parfois pénible, ce sont ces petits présents minutieusement achetés pour chacun des enfants qui m'ont rattachés á l'esprit de Noel.

Il y a quelques semaines, je parlais avec la directrice de l'Aldea (orphelinat) de la possibilité de faire venir le Pere-Noel (parce que moi pi P-N, on est ben ben proches!). Elle m'a répondu sans l'ombre d'un doute que ni le plus petit et le plus naif des enfants croyait au Pére-Noel, expliquant le tout par les expériences traumatisantes qu'ils ont vécus dans le passé.

Moi je ne comprends pas trop le lien. C'est ta mére qui a essayé de t'empoisonner, pas le Pére-Noel.

Alors je fais á ma tete, comme toujours. Je suis passée dans chaque maison pour leur faire faire des cartes de Noel que j'allais envoyer par la suite á mon chummy P-N. Imaginez-vous donc qu'une fois de plus, la directrice était dans le champ et que de toute ma vie, je n'ai jamais fait croire aussi bien un mensonge á des enfants. Ceux de 4 ans comme ceux de 11 ans ont écris des lettres au Pére-Noel selon un modéle bien précis proposé par la nulle autre que moi. Contrairement aux enfants que j'ai toujours connu qui écrivent au Pére-Noel á quel point ils se sont bien comportés, j'ai osé dire aux enfants que P.N savait tout et que si ils mentaient, il ne leur enverrait pas un seul cadeau.

Je me suis donc ramassée avec des mots tous semblables á celui de Janeth, 12 ans:

Papa Noel, quiero que me traiges un perfume con mucho olor. Me comporté muy, pero muy mal este año pero para el proximo año, voy a hacer todo lo posible para hacer caso a mi Tia, no pegar a mis hermanos y comportarme muy bien. Por favor cumple.

Te quiero mucho Papa Noel aunque nunca te he conocido.

- Papa-Noel, je veux que tu m'apportes un parfum avec beaucoup d'odeurs. Je me suis comporté vraiment, mais vraiment mal cette année. L'an prochain, je vais faire mon possible pour écouter la Tia et pour ne pas frapper mes fréres. S'il te plait améne moi mon cadeau. Je t'aime beaucoup meme si je ne t'ai jamais connu.-

Á la fin de la journée, j'avais 63 lettres adressées au Pére-Noel;

4 autos téléguidées;
5 radios;
4 clé USB;
300 000 camions;
...Et au moins une semaine de folie á courir á gauche et á droite.
Beau programme pour oublier que la famille et que les amis sont loins, loins, loins...
Loins.
Maintenant, sachez que ce message n'est pas juste un message. Il s'agit d'un compte-rendu á toutes les généreuses personnes que j'aime tant et qui ont donné pour la bonne cause. Sachez également que pour saisir l'essence de ce message, il faut lire entre les lignes. Vous entendrez alors ma voix chantante vous dire merci, merci, merci. Et je pése mes mots.

Maintenant nous y sommes, le compte-rendu officiel que je dois á tous les donnateurs et á ceux qui s'intéressent á la chose.

J'ai passé une semaine de fou. Je veux dire par ''une semaine de fou'', 7 jours oú je cours dans la ville comme une poule pas de tete, oú je sors des sommes exubérantes d'argent comme je change de bobettes (n'ayez aucune crainte á ce sujet, je change de bobette chaque jour) et oú j'emballe jusqu'aux petites heures du matin, á un tel point oú j'oublis de manger. Le tout pour faire de moi un Papa-Noel responsable et ponctuel.


Un don de 800$, ca te met de la pression sur le dos.
Le 24 décembre á 1h30, tout était finalement pret.

Il a fallu se battre contre la réalité pour trouver une voiture qui voudrait empacter les tas, au pluriel, de cadeaux. Pour éviter de laisser les présents á l'air libre et de risquer etre victime d'une attaque d'enfants une fois arrivés á l'Aldea, on avait soigneusement caché le tout dans des contenants hétéroclites, tel un étui á guitare, une boite á sapin de Noel et un sleeping bag. Sir Enrique Vila est venu nous chercher avec son taxi. On pacte 15 minutes au moins.



Tout y est passé: le sapin de Noel, les biscuits de Noel, les lumiéres de Noel, les cadeaux de Noel. Marianne de Noel.
Sous la pluie glaciale du 24 décembre, nous somme entrés dans l'enceinte de l'Aldea comme Céline Dion: incognito.
Une fois le sapin décoré, les lumiére allumés et les cadeaux empillés les uns sur les autres, les lutins ont appelé les enfants. Le Pére-Noel était passé. Certains ont accourus. La majorité s'est fait attendre une demi-heure. En entrant dans Los Manos Libres, tous sont restés bouche-bés. Pour la premiére fois, chacun d'entre eux avait un cadeau identifié á son nom, emballé et envoyé express pour eux.


Aprés 3 mois et demi, je commence par contre á connaitre ces enfants. Un petit discours á la péruvienne s'imposait pour éviter la catastrophe. Je ne parle pas des déchirures de papiers partout, mais bien des morveux qui chialent parce qu'ils ne sont pas contents. Mon discours se résumait donc á une seule et unique lecon: apprendre á donner, c'est une chose. Apprendre á recevoir, c'en est une autre.



Je me suis fait bien claire sur le point suivant. Le cadeau n'est rien en soi, si ce n'est que de l'intention. Si j'entendais l'un d'entre-eux se plaindre, il verrait rapidemment son cadeau disparaitre pour etre offert á un enfant de la rue.
J'ai distribué les cadeaux. Au compte de trois, tous allaient déballer sauvagement le sien.
Les sourires se dessinaient sur leur visage lorsque j'appelais leur nom.
1-2-3. Dans un vacarme de déchirures et de cris stridents, tous ont découverts le contenu de leur paquet cadeau. Les barbies ont alors fait connaissance avec les robots, les clés USB avec les écouteurs, et les enfants reconnaissants avec les éternels chialeux.

''Mariana, digamos que una persona quiere cambiar su regalo...?''

''Marianne, admettons qu'une personne veut changer son cadeau.''


''Mariana, yo hubiera pedido otra cosa''
''Marianne, j'aurais du demander autre chose''

''Mariana, esta grandooote. Mariana, esta pequenito''

''Marianne, c'est trop grand. Marianne, c'est trop petit''

C'est dans ces moments lá que tu hésites entre prendre la porte, fermer ta grande-gueule ou encaisser, simplement. Je n'ai pas pris la porte, j'ai fermé ma grande-gueule (c'est ma résolution pour l'année 2011) et j'ai encaissé, tout simplement.
J'ai ensuite distribué les photos que j'avais prises d'eux, décorés d'une tuque de Noel. Un beau souvenir qu'ils garderont précieusement en dessous de leur lit ou dans le fond de leur garde-robe, á moitié déchiré ou plié en deux. Ca fait partie de leur charme, je le jure.

En sortant de l'Aldea, mon coeur refroidi s'est réchauffé á la vue d'Alan, de Juan Carlos et d'Angel qui jouaient avec leurs autos téléguidés. La pression a baissée á la vue de Luz-Mery qui, toute fiére, me montrait que sa poupée pouvait boire de l'eau sans méme se mouiller, lorsque Jaider jouait avec son gros ballon rouge. J'ai pu souffler lorsque la directrice me dit de la maniére la plus sincére qui soit: Merci pour tout ce que tu fais pour les enfants.

Et bien que je me sois tue, dans ma tete je me suis dis: ce n'est pas moi qu'il faut remercier.

C'est SENS 2010, Alice, Yves, Guillaume, Maman, Papa, Anne, Paul, Antoine, Cynthia.

C'est eux qu'il faut remercier.

Joyeux Noel á tous vous.

2 commentaires:

  1. Hola Audrey y Mariana,

    Que bonita experiencia ustedes han tenido en latinoamerica. Felicitaciones. Fue un gusto enorme conocerles. Felices fiestas. Abrazotes,

    Mona Lisa (la chica brasileña del trecking por el Cañon del Colca)

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  2. Chère Marianne,

    Quelle merveilleuse histoire, à l'image de ton grand coeur! Noël chez tes parents a aussi été une très belle histoire d'amour et tu étais avec nous, par la pensée et par la voix.

    Gros bisous.

    Claude

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