lundi 27 septembre 2010

Le Grand Départ

J'ai la phobie des départs. Je ne sais pas gérer les adieux. Je me rassure au moins en me disant que le pire est fait et qu'après avoir quitté ces enfants que j'ai appris à aimer, l'étanchité de mon coeur est à l'épreuve de tout.
C'est lors de la petite fête qui fit suite au spectacle amateur, samedi dernier, que j'ai senti la fin s'approcher. Lorsqu'en les regardant danser et rire, j'ai ressenti une grande bouffée d'amour pour eux ; lorsque Jerson a surpris une larme rouler sur ma joue; lorsque j'ai senti sa main serrer la mienne et que je l'ai entendu chuchoter à l'oreille d'Érick: ''Mira, la señorita esta llorando''. (Regarde, la demoiselle pleure).
La fête tirait à sa fin lorsqu'Audrey et Benny ont quitté l'Aldea. Encore assise dans l'escalier à les regarder vivre, je n'avais toujours pas trouvé la force de m'en aller. J'ai préféré m'infliger la peine sévère et leur dire adieu tour à tour, un à un, avant qu'ils ne s'endorment. J'ai soupé avec les garçons de la Casa A. C'est sans doute eux que j'aurais le plus de difficulté à laisser partir. C'est sans doute eux qui, je croyais, auraient le moins de difficulté à me voir partir, le facteur virilité et le facteur orgueil voulant que l'adolescent latino retienne ses larmes, surtout pour une étrangère qui visiblement, n'a plus rien à leur apporter. Nous avons joué une dernière fois de la guitare. Même leurs fausses notes et leurs accords désharmoniques, trop forts et mal faits, sonnaient comme une douce musique à mes oreilles sachant que plus jamais je n'allais devoir les endurer. Ce soir là, je les aurais enduré longtemps. J'ai pourtant du les laisser à leur buya pour aller faire mes aurevoirs à tous les autres.
J'ai commencé par la casa J, où j'ai dis adieu à Ana, Rosa, Pratex, Marcelino, Gustavo et mon beau Alex, qui a le visage déformé, un grand retard mental et une voix trop aigu pour ses 15 ans. Shame à sa mère qui buvait durant sa grossesse et qui lui faisait boire du fort lors de ses premiers mois d'existence. Message subtile à vous, femmes enceintes. Je leur ai remis des photos d'eux derrière lesquelles je leur avais adressé un petit mot...pour ne pas qu'ils oublient.Voyez que j'ai de bien belles ambitions...
Dans la Casa H, c'est à Karen, Jackie, Nicol, Jose Luis et Janeth que j'ai du faire mes aurevoirs. Karen a versé quelques larmes qui comme des aimants, ont fait couler quelques-unes du jampack que j'avais retenu et accumulé tout au long de la journée. Jose Luis m'a demandé ''¿Porque tes vas?'' (Pourquoi tu t'en vas), et je n'ai su quoi répondre. Et à l'heure qu'il est, je ne sais toujours pas quoi répondre à cette traitre question.
Les choses se sont compliquées dans la Casa G, où c'est à la belle Maité que j'ai du dire adieu. À 4 ans, elle ne comprenait pas trop pourquoi je la serrais dans mes bras plus longtemps que d'habitude, plus fort que d'habitude. C'est lorsque sa tante lui a dit que je partais pour toujours qu'à son tour elle m'a serré plus longtemps que d'habitude, plus fort que d'habitude. Aux 3 petits hommes, à Maite, Soledad, Rosemery, Hilda et Gisela, j'ai adressé quelques mots, sous le choc de l'émotion. En me voyant les yeux pleins d'eau, Tia Marisol m'a remercié de leur avoir donné tant d'amour et m'a ordonné de pleurer pour ne pas repartir avec un bobo au coeur. C'est ce que j'ai fait, incapable de garder à l'intérieur toutes ces émotions, celles qui me poussaient encore à m'infliger la peine sévère. La vraie de vraie...
Dans la Casa F, tous dormaient sauf Sandra, Diego et Fernando: deux petits qui s'étaient appropriés une place toute particulière dans mon coeur. Après leur avoir dis aurevoir au moins une demi-heure, je suis sortie et me suis mise à pleurer sur le côté de la maison. J'ai alors entendu la petite voix de Fernando qui voulait que je revienne. Du haut de ses 5 ans, il avait une question de la plus haute importance à me poser. En pointant mon sourire sur la photo de lui et moi que je lui avais offerte, il me dit alors: ''Porque aqui estas feliz...'' il prend alors ma tête entre ses deux petites mains pour enlever les cheveux de mon visage, comme il le fait toujours, avant de continuer sa phrase: ''...y aqui estas triste?''. J'ai mieux fait de le serrer dans mes bras que de lui répondre quoique ce soit qui me ferait pleurer de plus belle. Il a touché une corde sensible avec sa question existentielle.
J'entre ensuite dans la Casa E, où tous savent très bien que c'est la dernière fois que j'y entre. Je leur lis les messages que je leur ai rédigés plus tôt, puis c'est Jonathan qui se met à pleurer le premier, suivi de Pamela, puis de Sandy, puis de Doris. Ils pleurent à chaudes larmes. Je fais de même et nous restons enlacés les uns dans les bras des autres, longtemps, longtemps. Comme pour me consoler, ils m'amènent un à la suite de l'autre leur peluche qu'ils veulent que j'amène avec moi. Comme ils n'en ont chacun qu'une seule, je serre les peluches fort dans mes bras et leur redonne. Ils insistent et je refus en leur prometant que chaque fois qu'ils les prendront dans leur bras, ce sera comme si j'étais là. Ils s'en voient convaincus.Tous le reprennent sauf Pamela qui tient à ce que je garde son ourson. Depuis, je ne le quitte plus, telle une gamine qui cherche du réconfort à travers ses souvenirs. Je suis sortie, encore plus rouge au visage.
Mon coeur déjà en miettes s'apprètait alors à surmonter le plus gros de tous les défis que je n'ai jamais eu à surmonter: faire mes adieux aux garçons de la A, et surtout à Jordin, qui m'arracherait sûrement le coeur une bonne fois pour toutes. J'entre dans la maison. Ils savent qu'une fois sortie, il n'y aura plus de Señorita Mariana pour enseigner les secrets de la guitare, pour chanter à tue-tête et pour se battre à savoir qui d'eux ou de moi ferait la vaiselle. Je sais qu'une fois sortie, il n'y aura plus de petites voix qui m'appelleront ''Señorita Mariana'', plus de guitarre, personne pour chanter à tue-tête et encore moins pour m'empêcher par la force de faire la vaiselle. Je leur demande une dernière faveur: prendre une photo de nous et de ma guitare bleue. Chose dite, chose faite. Le leur dis alors: ''La foto es para que tenga un recuerdo de mi guitarra...Porque ahora esta suya'' (Si j'ai voulu prendre cette photo, c'est pour garder un souvenir de ma guitare, puisque maintenant, elle vous appartient). C'est ce que ca a donné.Et ils se sont tous lancés dans mes bras. Ils ont maintenant un instrument bien à eux que personne ne pourra leur interdire de toucher. Mes sanglots m'empêchent alors de terminer mon discours et en les serrant dans mes bras, je sens alors quelques dos sursauter: Jordin et Jerson sont eux aussi en sanglots. Je prends leur têtes entre mes mains et je vois leurs larmes couler à la même vitesse que les miennes. Je ne sais pas trop si ça me fait encore plus mal ou si je m'en vois rassurée. Puis je vois Miguel qui s'essuie les yeux pour ne pas que je m'en rende compte. Je les serre très, très fort dans mes bras. Il n'y a rien à faire d'autre. Je quitte alors la maison avec Jordin, à qui je voulais absolument parler seul à seul. Je n'ai jamais vu quelqu'un pleurer comme il pleurait. Ce jeune homme cool et fier est maintenant en sanglots, recroquevillé sur lui-même et tout mouillé, pour s'être mis la tête dans l'eau dans le but d'effacer les traces de ses pleurs. On se sert dans les bras l'un de l'autre et je lui offre officiellement ma guitare en lui disant que lorsqu'il aurait de la peine, lorsqu'il vivrait des moments difficiles, le simple fait de jouer lui rappelerait alors que quelqu'un l'aime, même à l'autre bout du monde. Je lui dis que je suis fière de lui, que j'ai confiance en lui et que je sais qu'il saura devenir un grand homme. J'ose même lui dire que je l'aime, me disant à moi-même que ça ne peut que me faire du bien. ''Yo tambien señorita''. C'est sur ces mots que je l'ai regardé retourner vers sa maison, incapable de retenir ses sanglots. Et après deux jours, je ne peut cesser d'y penser et je ne suis pas plus capable de retenir les miens.
J'ai la phobie des départs. Je ne sais gérer les adieux.
Et je peux maintenant affirmer que de toutes les choses que j'ai vécu dans ma vie: c'est ce moment qui m'a convaincu que plus jamais je ne laisserais un enfant pleurer. Et ce, quitte à y rester.
Depuis 2 semaines, nous travaillons d'arrache-pied avec nos morveux sur un spectacle de variétés: '''Demostrando mis habilidades''. Nous avons préparé 4 numéro avec les enfants
dans le but de les présenter lors d'une exposition municipale. Bien entendu, les plans ne pouvaient pas rester les mêmes du début à la fin.On est quand même en Amérique Latine, dah! Le spectacle a donc changé de date 3 fois, de lieu 3 fois et de public au moins 5 fois. Finalement, il aurait lieu à l'Aldea le 25 septembre à 15h00. Deux heures avant le spectacle, il n'y avait persone à l'orphelinat. Ni la directrice, ni les tias, pas même ceux qui faisaient partie des numéros. Nous étions alors certaines que rien n'aurait lieu et à la place de pratiquer avec les enfants, nous avons mieux fait de danser pour le plaisir en disant des niaiseries... SURPRISE. À 3h30, le public composé de tous les autres orphelinats de la ville arrive et se demande pourquoi il n'y a ni scène, ni chaises, ni enfants prêts à présenter ce qu'ils ont préparé... Audrey a organisé le tout en deux temps trois mouvements pendant que Marianne braillait exaspérée dans le foin.
Mesdames et Messieurs, le ''spectacle'' va finalement commencer...

Première partie: La Gallina Colorada:une pièce de théâtre mettant en scène des animaux (qui ne veulent pas mettre leur queue parce qu'ils sont trop gênés). En gros, c'est l'histoire d'une poule qui ne reçoit l'aide de personne lorsque vient le temps de faire son pain. Pourtant, tous se portent volontaires pour le manger. Gang de profiteurs...
2 semaines à faire et refaire des masques que les enfants brisent et rebrisent, à coudre des queues d'animaux qu'ils ont honte de porter et à essayer de leur faire comprendre les mots intonation et interprétation. Quasi aucune évolution. Ils sont poches et le resteront jusqu'à la fin. Au moins, on ne se fait pas d'illusions. La pièce de théâtre se fait tout de même du début à la fin, sans qu'Audrey n'ait du faire une seule intervention pour qu'ils se la ferment pendant qu'un personnage parle ou pour leur rappeler leur texte. Par chance, Daniel le narrateur, a sauvé la mise et les jeunes ont eu droit à de beaux applaudissements.
Deuxième partie: Sonia et Gisela qui chantent une chanson traditionnelle du Pérou. C'est le rêve de Gisela depuis très longtemps que de chanter devant un public. Quand à elle, Sonia parait très réservée et chante plus pour son plaisir...Revirement soudain de situation lorsque, 4 minutes avant d'entrer sur ''scène'', Gisela ne veut plus chanter. Marianne la pousse aux côtés de Sonia qui est déjà devant public (vaut mieux vivre avec des remords qu'avec des regrets y paraît). Elle n'a guère le choix que de chanter. On vous fait le portrait: Sonia est à l'aise, gracieuse, chante fort, bien et bouge. Gisela se cache littéralement derrière ses cheveux et ose à peine respirer. La pauvre a finalement réalisé son rêve, mais à quel prix...

Troisième partie: Jordin à la guitare et les gars de la Casa A qui interprètent ''Mi niña bonita'' de Chino y Nacho. Ça fait deux semaines que Jordin pratique la guitare avec Marianne. Il s'améliore à la vitesse de l'éclair et pratique jour et nuit son numéro. J'ai du dormir dans la Casa A pour suivre ses horaires de pratique...c'est pour vous dire! On s'installe finalement tous sur le rebord de la scène et on commence à jouer la toune que tout le monde connaît. Contrairement à la nuit où nous avions pratiqué tous ensemble de façon très énergique et extravertie, j'ai l'impression d'être la seule à chanter et on entend à peine les voix des garçons, enterrées par les guitares qui pourtant, ne sonnent pas très très fort... Jordin est tout de même fier de sa performance, impressionne ses amis et brise sûrement quelques coeurs en chantant la romantique chanson d'amour.
Quatrième partie: ''Esto es Aldea'', version adaptée de la chanson officielle du Mondial et chantée par la chorale de l'Aldea. Même refrain: si la grande majorité refuse de porter de beaux pantalons et un chandail blanc, la minorité ne veut tout simplement plus chanter. À un tel point où Marianne pète les plombs et se met à pleurer. Toutes les fois que l'une de nous deux pleure, ça a un effet monstre: en 10 minutes, tous étaient sur scène, prêts à chanter avec leurs beaux pantalons et leurs chemises blanches propres. Ils ont chanté timidement, encore une fois sans oser trop bouger. Le produit fut très mignion malgré les quelques fausses notes qui à mon avis, les ont rendus encore plus adorables.
Une fois le spectacle terminé, on profite de la présence d'un important public d'une cinquantaine de personnes pour faire une petite fête et tous se rassemblent dans ''Los Manos Libres'' pour danser, chanter et se battre, bien entendu.
Mémorable moment où au son de la musique Indu, tous se mettent à danser du Bollywood de façon très synchronisée. C'est d'ailleurs ce qui nous a permis d'oublier qu'ils n'ont pas été de tout repos et qu'ils n'arriveront jamais à nous faire fâcher plus qu'une petit demi-heure.



jeudi 23 septembre 2010

Les meilleurs clichés

On dit que chaque bonne chose a une fin. Nous quittons Huancayo ce Dimanche et partons vers des horizons nouveaux, après avoir vécu 1 mois et 1 semaine avec ces petits monstres.
Voici un rapaillage des meilleurs clichés qui feront sûrement sourire Audrey et qui me feront sûrement pleurer lorsqu'ils nous rappeleront tous les bons et les moins bons moments passés en leur compagnie.
Jose Luis dans les nuages.

Charlie, Gilver, Alan et l'anonyme.

Alan, première leçon de guitare.

Thalia et Naily, avec le masque de la pièce de théâtre d'Audrey.

Fernando. J'ai trouvé mon homme ! Jordin durant la leçon de guitare. Le plus doué: je lui offrirai ma guitare avant de quitter Huancayo, en gage d'admiration pour tous les efforts qu'il y met.

Les leçons de chant, avec le première chorale. Voyez comme ils ont l'air artistes !

Daniel et Menecio. Le premier au caractère terrible: sans doute l'adolescent le plus difficile de l'Aldea. Le deuxième calme et serviable. Remarquez le sourire timide...Complètement caractéristique du jeune homme.

Les enfants avec les volontaires, la première semaine.

Les petits de la Casa F, derrière la fenêtre de leur maison.

Maité et Marianne, dans le temps où elle m'apellait Mama.

Audrey en compagnie de la Ruth (supposée voleuse de clé USB, toujours pas retrouvée) et de Karen, la poule-boeuf.

Avec le petit gros Fernando dont on aime tant les joues, et Maité la belle.

La belle Maité.Mon chou. Remarquez sa dent pourrie tellement charmante et sa moustache de lait qui la rend encore plus belle.

Marcelino, à l'état le plus naturel qui soit.

mardi 21 septembre 2010

Pyjamada

Après avoir passé des journées entières à essayer de faire des activités, sans succès, avec les jeunes de l'Aldea;

Après être reparties en pleurant après une matinée trop éprouvante en leur compagnie;

Après s'être brisées les cordes vocales pour essayer de les faire taires, nous avons eu la bonne idée d'organiser une Pyjamada. Un party pyjama... Quelle ironie !

Au départ, on s'était promis de ne pas tarder à l'Aldea: nous avions planifié présenter un film sans plus, ce qui est déjà assez excitant pour eux qui ne sortent pas de leur maison après 6hrs.
Cependant, lorsque fut venu le temps de présenter le projet à la directrice, celle-ci me supplie de rester dormir avec eux. Après tout, ça les sortirait de l'ordinaire et c'est ''dangeureux'' de prendre un taxi passé une certaine heure. Pour Benny, c'est un non définitif. Pour Audrey aussi.

Moi j'ai le ''changeage d'idée'' facile et j'accepte la proposition de la directrice. Le tout organisé, je me lève de mon siège et me dirige vers la porte de sortie lorsqu'elle me retient avec une phrase magique: ''Ahora que vas a dormir con ellos, hay unas cosas que tienes que saber'' (maintenant que tu dors avec eux, il y a certaines choses dont tu dois être mise au courant). Je vous épargnerai tous les détails de notre conversation, mais en gros, je devais être mise au courant des trois points suivants:

1- Sandy, une gamine de 13 ans, est précoce. Elle a 5 amoureux et les garçons de tout âge viennent cogner à sa fenêtre la nuit pour qu'elle les ''french''. Ma mission: veiller à ce que Sandy ne touche personne et qu'à ce qu'aucun bébé ne soit conçu sous les couvertures dans la nuit du 18 septembre 2010.

2- Jonathan a tendance a aller vers les hommes. Il faut le surveiller.

3- Les filles se masturbent. (Qui, j'ose demander pour être sûre de ne pas être réveiller par de drôles de bruits). Toutes, qu'elle me répond. (Pas en groupe, j'ose rétorquer). Oui, entre elles, qu'elle me répond. Bon...

D'accord. Je m'attends maintenant à assiter à une orgie infantile, à un échange de liquide.

Je suis prête à tout. C'est à peine si l'on ne s'amène pas des gants et des condoms au cas où ils n'y aurait vraiment aucun moyen de les arrêter. Rapellez-vous de vos 12 ans... Ça ne vous sonne aucune cloche ? À moi non plus. Mais il ne faut jamais prendre ce genre de Warning à la légère-

Trêve d'introduction. Ici commence la vraie pyjamada:

On arrive à l'Aldea à 8h30. La maison dans laquelle on va dormir est vide. On allume des chandelles et on va chercher les enfants. Chacun d'entre eux devait rédiger une histoire ou un conte pour pouvoir participer à l'activité. À ma grande surprise, ils avaient TOUS écris quelque chose. Certains, de lonnnngues histoires avec de beaux dessins. D'autres quelques phrases sur leur passé. L'un d'entre eux a écrit: '' Yo estaba viviendo con mi mama y mi hermano. Fuimos a caminar por la calle. La policia me llevó al Aldea. Fin'' (Je vivais avec ma mère et mon frère. On est allé se promener dans la rue. La police m'a amené à l'Aldea). Toute qu'une biographie !J'imagine qu'il avait la bonne intention d'épargner les détails.


Tout ça pour dire que chaque enfant, après avoir donné son conte, devait se rendre dans la maison dans le silence le plus complet et dire le mot de passe, luna llena, pour pouvoir entrer et prendre place sur un des matelas que nous avions mis à leur disposition. Cette nuit là s'est produit un miracle: ils ont compris la signification du mot silence. Nous avons fait un discours de Bienvenue en mettant l'emphase sur le fait qu'on les sortait si ils nous dérangeaient juste un petit peu. Puis, nous avons raconté des histoires à la lueur d'une chandelle. Avec une cinquantaine d'enfants la bouche grande ouverte et les yeux illuminés, on se serait cru ailleurs. Bien sûr, nous avons terminé la session de contes avec des histoires d'horreur parsemée de sursauts. À la vue de leurs visages tout apeurés, nous avons bien profité de notre vengeance.

Nous nous sommes ensuite tous couchés sur les matelas et avons écouter Karaté Kid. Inutile de vous dire que le film a semé en eux la petite flamme du Kung-Fu et que nous avons eu de la chance qu'aucun d'entre eux n'ait reçu un coup de pied derrière la tête en sortant de la maison.

Nous avons raccompagné les plus petits chez eux ainsi que Fernando, 25 ans, trisomique, qui m'a fait vivre un joli quart d'heure en refusant de remonter ses bobettes après avoir fait caca dans l'herbe, près du mur qui sépare l'Aldea de la grand'rue.

Audrey est retournée chez Bernabé faire dodo et je suis restée en compagnie de ceux qui avaient plus de douze ans et de ceux qui ont bien voulu me faire croire qu'ils avaient plus de douze ans. Quelle expérience incroyable. 32 personnes, 8 matelas, trop peu de couvertures et encore moins d'espace. Nous avons tous dormi les uns par dessus les autres, les uns à côtés des autres, sans se demander le pied de qui nous rentrait dans le ventre ou la main de qui nous flattait les cheveux.


Ce fut une nuit sans vigileant, sans directrice, sans tias. Que les enfants et moi. Durant toute la nuit, je n'ai eu qu'à faire deux interventions. D'abord lorsque Angel ne voulait pas dormir et qu'il restait debout alors que tout le monde était couché. C'était pour trouver de la compagnie féminine lorsque j'aurais eu les yeux fermés, dit-on. '' Angel, tu veux de la compagnie féminine? Je vais t'arranger ça ! Viens dormir avec moi sur mon matelas. On va partager mon sleeping bag!'' Je peux vous dire qu'il s'est couché en deux temps trois mouvements et que je n'en ai jamais entendu parler. Le lendemain matin, après avoir dormi 2 heures à peine, aucun d'entre eux ne voulait se lever. '' Le dernier dehors passe le balais''. Dix minutes après, tout était en ordre. Quelques gentilles jeunes dames sont même venues m'aider à nettoyer la maison. Ce fut vraiment une expérience géniale. Eux que j'aurais parfois envie de frapper, j'avais l'impression d'être leur maman, d'en être responsable. Je me suis même surprise à ressentir des émotions en les regardant (et en les entendant) dormir, paisiblement sur le sol gelé.


Et l'orgie dans tout ça, vous me direz ? S'il y eut orgie, je devais être trop occupée à jouir du fait que pour une fois je ne me sois doutée de rien !

samedi 18 septembre 2010

Une grande première au Cinéma

La grande première au Cinéma dont je m'apprête à vous faire le récit ne vaut certes pas des milliers de dollars, quelques dizaines de soles au plus, mais a certainement plus de valeur aux yeux de quelques enfants que le budget ''d'Avatar'' ou celui du ''Seigneur des anneaux''.
Comme on dit, plus ça change, plus c'est pareil: à Huancayo comme à Montréal, les mardis au cinéma coûtent pas mal moins cher. Pourquoi ne pas profiter de l'occasion pour initier quelques petits de l'orphelinat aux joies du Grand Écran.
Processus de sélection très sérieux: choisir parmi les 64 enfants ceux qui méritent qu'on les sorte. Ceci implique entre autre un comportement exemplaire dans leur maison, une participation sérieuse aux activités que l'on propose (voilà un critère bien difficile à respecter) et une attitude agréable avec tout le monde à l'Aldea. Bien entendu, le respect de ces quelques critères pourtant bien simples facilite notre choix, quoique ça reste tout de même un casse-tête de n'en choisir que 10.
Notre choix s'arrête donc sur Jordin, Erik, Patricia, Soledad, Angel, Doris, Karen, Sandy, Naily, Jacqueline et Thalia. Bien fièrs de la sélection, je présente au directeur la liste des noms pour accéder au document qui nous permettrait de les sortir de leur enclos. À la prononciation des premiers noms, Monsieur le directeur s'empresse de rayer Jordin, Angel, Karen, Naily et Sandy de la liste. Si le premier sèche les cours, l'autre est entré par la fenêtre et a fait un grand trou dans le mur...
Visiblement, nos critères étaient trop peu sévères. Ainsi, nous avons choisi Gustavo, Gilver et Johanna pour nous accompagner à la grande cinquième du nouveau film de Jackie Chan: Mi vecino es un espia. (Mon voisin est un espion).
À 7H00 donc, nous sortons chaque enfant de sa maison respective, au grand damn des autres enfants qui nous haissent le temps d'une soirée ou deux, et nous nous entassons dans un combi, direction Cineplanet (décidemment, on n'innove nulle part en matière de noms de cinoche)!
Si la plupart des enfants avaient peur des escaliers roulants (choc culturel: tenir la main d'une fille de 15 ans pour embarquer sur la marche. C'est bien la preuve qu'il faudrait les sortir plus souvent), les passants du centre-d'achat se demandent vraiment ce que 10 enfants bronzés peuvent bien faire avec trois Gringos pas bronzés(Audrey, Benny et moi). Ils hésitaient probablement entre l'oeuvre de charité et le kidnapping... Un mélange des deux serait sûrement plus approprié.
On entre avec nos douzes billets de cinéma dans la salle et on s'assoit tout en haut. Ils sont tous callés dans leur siège. La plupart d'entre eux viennent au cinéma pour la première fois - d'où la grande première- et sont complètement absorbés par les annonces. J'aurais bien aimé leur spécifier que le film n'était pas commencé, mais ils avaient l'air tellement impressionné que j'ai préféré de pas gâcher l'illusion.
Le film commence. C'est l'histoire d'un voisin (Jackie) qui tombe en amour avec sa voisine. Les enfants de sa voisine le détestent, jusqu'à ce qu'ils réalisent que Jackie est en fait un espion. Les expressions faciales des enfants valent milles piastres: Johanna rit à en avoir des crampes à n'importe quel moment, Gustavo a l'air traumatisé et Thalia est tellement énervée qu'elle se met à saigner du nez. Drôle de moment lorsque Audrey descend avec elle au toilette et que l'équipe d'urgence du ciné (??) se jette sur elle pour la soigner. Thalia qui ne veut pas manquer une seconde du film s'empresse de se défaire de ses sauveurs pour regagner son siège, et ce malgré le torrent rougeâtre qui sort de ses narines.
Le récit est comique, les enfants s'y plaisent. Et voici le moment émotif du film qui déclenche des petites émotions...
Vous savez, la vie fait parfois bien les choses. Cette fois-ci, un dieu quelconque devrait être avec nous, car on ne se serait jamais douté qu'un message aussi fort puisse être partagé dans un film d'espion. Je vous décris la scène.
Jackie Chan (le beau-père) parle avec l'ainée de la famille. Celle-ci lui avoue que sa mère est décédée et que son père ne s'occupe plus d'elle. C'est pour cette raison qu'elle vit avec sa belle-mère. Ce secret qu'elle gardait depuis le début du film semble être important pour elle et touche les cordes sensibles des enfants, qui se reconnaissent à travers le personnage. Jusque là, on trouve ça ben cute. Mais voici que Jackie Chan lui fait le discours suivant:
''Yo tampoco, no tengo padres. Crezí en un orfanato y nunca conocí a mi mama y a mi papa. Pero aprendí que la familia no es una cosa de sangre, sino de los que te aman y de los que tu amas.''
''Moi non plus je n'ai jamais eu de parents. J'ai grandi dans un orphelinat et je n'ai connu ni ma mère, ni mon père. Mais j'ai appris que la famille ne se définit pas par les liens de sang. La famille, ce sont ceux qui t'aiment et ceux que tu aimes.''
Oufff, on retient notre souffle. Je regarde à ma gauche. De grosses larmes coulent sur les joues de Jackie. Elle pleure pour vrai. De la vraie peine. Je lui prend la main et lui caresse les cheveux, ne sachant pas trop quoi faire d'autre. Elle esquisse un petit sourire timide. Je regarde à ma droite, Gustavo a lui aussi les yeux pleins d'eau.
J'ai alors une grande bouffée d'amour pour Jackie Chan. Ses paroles n'ont sûrement jamais eu autant de sens. Son message n'a sûrement jamais été aussi pertinent, aussi fort, aussi lourd en émotions.
On sort du cinéma, ne sachant pas trop si leurs yeux sont aussi petits à cause des larmes ou parce qu'ils ont dormi. On préfère croire que le message a eu son effet.
L'espace d'un moment, le spectacle n'était pas sur l'écran, mais plutôt dans la salle. Et c'est pour cela qu l'on peut parler d'une Grande première au Cinéma.

lundi 13 septembre 2010

Combien ça coûte

À tous ceux qui n'ont jamais mis les pieds au Pérou;
À tous ceux qui trouvent que 1,50 pour une petit café vanille française chez Timmoton c'est pas cher;
À vous qui considérez que 2 chandails pour 25$ c'est un deal,
Voyez ce qui suit.

Ici, 20 minutes en taxi vaut 1,30$
Un trajet de combi (l'équivalent d'un bus, l'intimité en moins: il est souvent arrivé que des étrangers s'assoient sur nos genoux) vaut 0,25$.
Acheter un film piraté: 0,70$
Un petit pain frais vaut 0,03$
Une bière: 1,50$
Un hamburger au coin de la rue: 0,75$
Un billet de cinéma: 1,50$
Une chambre d'hôtel: 5$
Un gros chandail en Alpaca: 8$
Un gros gros bol plein à craquer de fruits exotiques: 5$
Un poulet entier (avec la tête, les griffes, les yeux, les dents, tout!): 5$
Une bouteille de Pisco (alcool national): 2$
Une bouteille de Rhum: 4$
Un rouleau de papier de toilette: 0,15$

Et le silence,l'amour, la paix et l'allégresse, ça n'a pas de prix !

Le défilé de la honte

On dit qu'une image vaut milles mots...

Si le dicton dit vrai, le premier des ''milles mots'' que devrait nous inspirer cette magnifique image est sans doute ''RIDICULE''. Le deuxième ''PATHÉTIQUE'' et le troisième ''ABSURDE''.

C'est dans le cadre du grand défilé des travailleurs de Huancayo que les Tias de l'orphelinat nous ont accoutré de la sorte. Plusieurs organisations de la ville étaient présentes samedi passé pour montrer les couleurs de leur organisation, on ne sait trop à qui... En vérité, s'il y avait quelques centaines de personnes prêtes à défiler sur le terrain, il n'y avait toutefois qu'une demi-douzaine de spectateurs, au mieux.
Le rendez-vous était à 8hrs. À 9hrs (heure latine, bien entendu) sont arrivées les Tias qui, en nous voyant, ont à peine pris le temps de nous saluer avant de nous tirer les shorts en plein milieu de l'estrade pleine de monde pour nous enfiler nos jupons. À l'heure qu'il est, on ne sait d'ailleurs toujours pas si on a fait autant fureur à cause du costume ou parce qu'ils ont tous vu nos fesses... Par ailleurs, telle ne fut pas la surprise d'Audrey (qui s'attendait à ce que le costume vienne avec ''des tits collants de laine'') lorsqu'on lui ordonna de retirer ses pantalons sous la jupe. Les Tias ont vite fait de découvrir le Gorille qui poussait là-dessous depuis longtemps. Gorille certes inassumé puisque la belle avait manqué à son devoir de femme féminine et ne s'était pas rasée les jambes depuis 1 mois...


Une fois que nous étions transformés en Huancaina, vêtues du costume traditionnel de la culture Huanca, les regards se sont soudainement posés surnous, de grands sourires quasi moqueurs se sont dessinés sur la plupart des visages et déjà, le sentiment de honte commençait à se faire ressentir. Ce sentiment fut amplifié fois 1000 lorsque, de tous ceux qui défilaient avec nous, on était les 2 seules girouettes déguisées. Gringas par excellence à qui il ne manquait plus que le lama et le petit teint chocolat pour se fondre complètement dans le paysage de la Sierra. Dommange, parce qu'à travers ces sportifs, ces danseurs et la fanfare de Kaki vêtue, on s'est pas fondue pantoute dans la paysage.

On a plutôt essayer d'avoir l'air de gens normaux en attendant debout une heure dans le champ pour finalement défiler.
2 minutes de honte intense, 15 mètres au pas à se demander très sérieusement si on ne ferait pas mieux de s'enfuir en courrant. Et c'était tout...
Des costumes grandioses, des spectateurs crampés, des fanfares (au pluriel, parce qu'une fanfare ce n'est généralement pas assez pour couvrir 10 mètres carrés. Il en fallait absolument une dans chaque coin pour que ça fasse son effet semble-t-il...) et 15 petits mètres de défilé. Quelle déception. On peut vous dire qu'on se sentait encore plus ridicule dans nos costumes lorsqu'on a su que c'était en fait pour marcher 15 mètres.
Au moins, notre accoutrement aura eu son effet: on ne s'est jamais autant fait courtiser qu'avec nos chapeaux ronds qui font des grosses têtes, nos tresses de prépubères, nos chemises de grand-mères et quelques traits caractéristiques du cousin primate...

lundi 6 septembre 2010

Les Saintes de l'Aldea Infantil El Rosario


De vos beaux petits salons bourgeois, votre coupe de champagne à la main (notez l’exagération nécessaire pour que le reste de la phrase vous fasse de l’effet), on a l’air bien aventureuses de passer nos journées avec des enfants et/ou orphelins, abusés, drogués, délinquants et bien entendu en grand, grand, grand manque d’amour et d'affection.


Pourtant, nos efforts ne représentent rien à côté de ceux des ‘’Mamas’’ et des ‘’Tias’’ qui depuis des dizaines d’années pour la plupart, vivent 6 jours sur 7 avec 8 des 70 enfants et/ou orphelins, abusés, drogués, délinquants et bien entendu en grand, grand, grand manque d’amour et d'affection.


La plupart d’entre elles ont une famille et une maison à l’extérieur de l’Aldea. Pourtant, elles passent leurs semaines dans une petite maison et jouent le role d’une mère, d’un père, d’une amie, d’une confidente et d’une psychologue à la fois. Que Marie mère du Christ aille se rhabiller, car ce sont ces femmes que l'on devrait apeller des Saintes . Et à défaut de ne pas pouvoir réécrire la Bible, ériger une statue ou leur faire un hommage dans le show d’Oprah Wimfrey (excusez l’orthographe), je tiens à leur dédier au moins quelques longs, longs, longs paragraphe qui, je l’espère, vous permettront de saisir la grandeur de leur courage.


À l’habitude, mes journées à l’Aldea se résument à aider les petits dans leur devoir, à lire des contes à ma Maité (que je compte très sérieusement adopter, faute de ne pas pouvoir supporter mes journées sans ses sourires et son trop fort caractère pour une enfant de 4 ans ) et à courir de maison en maison pour annoncer la prochaine activité: informatique, chant, guitare, contes, etc. Aujourd’hui je me suis surprise à me retrouver dans une maison vide en compagnie de María, une des ‘’Mamas’’ qui travaille à l’Aldea depuis maintenant 22 ans. Vingt deux ans à essayer de redresser des enfants déjà poussés croches, à leur donner plus d’amour qu’un seul coeur peut contenir et à veiller à ce qu’ils ne retournent pas là d’où ils viennent: d’une famille malfammée et violente, ou pire encore, de la rue. Ça se résume pas mal à ça. Ces femmes élèvent 8 enfants à la fois et avec le peu que leur donnent le gouvernement, elles font des miracles: si quelques-uns des enfants devenus grands sombrent dans la délinquance, la plupart sont à l’université et travaillent d’arrache-pied pour offrir à leurs enfants un futur meilleur que celui auquel ils ont eu droit. Tout qu’un contrat, qui pour la plupart d’entre nous, serait imposible de mener à terme.


Cet après-midi, María m’a expliqué le fonctionnement de l’Aldea (l’orphelinat). D’abord, l’institution appartient au gouvernement. Le directeur et la directrice de l’établissement change donc à chaque elections, choisis par le nouveau député régional. Si ce changement peut être bénéfique par moment, il est arrivé trop souvent de tomber sur des ‘’n’importe qui’’ sans expérience pour que la procédure soit efficace: les directeurs connaissent peu les enfants, et plusieurs d’entre eux s’approprient les donations et l’appui du gouvernement. Ainsi, les ‘’Mamas’’ qui je le répète, travaillent 6 jours sur 7, 24h sur 24h avec 8 enfants, sont payées 235$ par mois (s’il vous plait, partagez mon indignation) alors que les directeurs se vantent d’avoir une maison à 4 étages. Trouvez l’erreur.

Personnellement, j’en ai trouvé une: l’Aldea n’emploie aucun psychologue, faute de fonds. Pourtant, plusieurs volontaires ont laissé des dons important qui n’ont entraînés aucune amélioration. Des 3 télévisions couleurs, une seule est à la disposition des enfants. Des dons en argent, il en reste étrangement très peu pour suffir à leurs besoins. Si le gouvernement paie ce dont l’Aldea a besoin en terme de nourriture, ils manquent toutefois de vêtements, de jeux, de sorties. Bref, tout ce dont un enfant normal a besoin pour ne pas pousser trop trop croche. Une psychologue compétente, entre autre.


Voici donc les éventuels projets à mettre sur pied lors de notre retour:
1. Amasser les fonds necessaires pour payer une psychologue à temps plein durant au minimum un an. 3000$. Les deux doigts dans le nez. Imposer que le chèque de paye de cette psychologue nous soit envoyé chaque mois de sorte à ce que de petites passes-passes ne nous passent pas sous les yeux.

2. Publier les textes qu’auront écris les enfants et en faire un grand livre. Les fonds amassés par ce livre iront à Expand Peru, qui envoie à l’année longue des volontaires de partout dans le monde. Ceux-ci sont un apport considérable puisqu’ils aident les enfants dans leurs devoirs (Dieu sait qu’ils en ont et qu’ils n’y comprennent quedal) et puisqu’ils mettent sur pieds des projets pour les divertir, pour les stimuler et pour qu’ils aient quelque chose à quoi s’accrocher.


3. Passer dans vos maisons et ramasser vos sacs de BEAU linge. Prendre vos jeux de socitété en espagnol (ben oui toé!), vos crayons de bois et vos encouragements par la même occasion. Trois doigts dans le nez!

Si d’ici là vous avez des idées, si vous voulez vous aussi envoyer des sacs de linge, il ne suffit que de laisser ci-dessous vos commentaires (vos idées aussi) pour qu’on vous bombarde des milliers de possibilités qui vous permettraient d’habiller ces petits ou de mettre un peu de couleur dans leurs vies.

En attendant, on fait de notre mieux pour les occuper avec le theatre et la musique, en espérant peut-être devenir un jour nous aussi des Saintes...De vraies de vraies !

jeudi 2 septembre 2010

Ode au Cyprofloxin

Si la diahrée te prends, laisse ton orgueil de côté et cesse de te dire que le maté de coca peut te sauver.
Si ça mitraille dans ta barriga (beudaine), décapsule ton cypro et gobe 2 pillules magiques, dans le temps de le dire, tu pourras manger toutes les fraises et les frijoles (beans) dont tu rêves.
Audrey est de retour en force pour affronter ces petits monstres des bois, sales et secs. Haha, on blague mais on les aime beaucoup ces mômes.
Bon, petit message à touche poétique pour ceux qui s'inquiétaient de mon état de santé (ma belle mouman, je vais bien).
Audrey

Admirez !

Pour ceux qui n'ont pas accès à notre bande de données photographique, et pour combler le manque d'images des dernières entrées, voici quelques-unes des photos que nous avons prises au cours des dernières semaines.

Trujillo: nous y avons passé le plus clair de notre
temps avec Alex, le fils de Michell qui nous accueillait avec l'organisme Servas. Admirez la spontanéité du moment, devant le Museo de Juguetes où l'on présentait une collection du jouets antiques des quatres coin du monde.






Pastoruri: 5100 mètres. Les paysages étaient magnifiques, bien que le glacier qui constituait l'attrait principal du tour ressemblait plutôt à un tas de neige que l'on jette en été en dehors de l'aréna. Moi qui croyais que j'étais au dessus de l'altitude, mes oreilles ont failli exploser, de même que ma tête. Par chance, Audrey est moins ''fifi'' que moi et a eu la chance unique de pouvoir toucher le fameux tas de neige du bout du doigt...





De Lima à Huancayo: pas d'aventure rocambolesque, mais des paysages à couper le souffle.


L'aventure du Wawi Wawi: avec nos amis de Huancayo, nous sommes parties sur un go vers un petit village perdu près de la Grand'ville ! Après avoir dégusté un délicieux Ceviche de truite, nous avons longuement marché à travers les collines pour finalement se perdre dans une grotte profonde de laquelle on était les victimes parfaites des rejets du fameux Condor des Andes !!!













La Pachamanca: la famille d'un des volontaires nous a chaleureusement accueillie dans la maison de sa défunte mère. Nous y avons fait un feu, chanté des chansons jusqu'à 5h00 du matin et y avons cuisiné la Pachamanca. Huancayo est réputé pour sa Pachamanca, un plat de viande accompagnée de Choclo (mais), de fèves et de petites patates. C'est la cuisson de ce met typique qui le rend si appétissant:

On chauffe d'abord des pierres dans le feu jusqu'à ce qu'elles soient blanches. Pour éviter les explosions, on les aspergent d'eau salée. Visiblement, cette étape fut négligée puisqu'Audrey a vite reçue un projectile brulant dans le cou qui lui a laissé une marque rouge...Un peu comme une sucette...

Ensuite, on met les patates sur les pierres chaudes, puis la viande, les haricots et des tas d'herbes. J'irais même jusqu'à dire qu'ils ont mis le champ en entier sur le feu. On recouvre alors le tout de quelques sacs tissés puis de terre pour empêcher la fumée de s'échapper.

On laisse cuire la viande une heure avant de déterrer la nourriture, qui bien entendue se mange avec les mains. Les bourgeois ne peuvent même pas espérer goûter la Pachamanca avec une fourchette et un couteau dans un grand restaurant: la tradition, c'est la tradition !




Je vous laisse avec une magnifique photo d'Audrey. Vous remarquerez les couilles de porc qu'elle tient entre ses mains !!!

En espérant que vous en avez assez jusqu'à ce que me reprenne l'envie de m'installer 2 heures devant l'ordi ! Hi Hi !

mercredi 1 septembre 2010

Frustrations

Moi qui disait hier O combien je m'attachais aux enfants, O combien ils étaient charmants et O combien je les aimais, je tiens aujourd'hui á nuancer mes dires pour le besoin de la cause, et aussi pour atténuer mes frustrations.
Ce matin, 2 des volontaires sont malades. Je me retrouve seule avec Benoit á l'orphelinat. Seuls, et avec du pain sur la planche. Au programme: faire pratiquer aux enfants la piéce de théatre sans Audrey, faire faire les devoirs sans Sylvain et donner les cours d'informatique tout en faisant la discipline aux 35 enfants qui se battent en arriére des ordinateurs pour pouvoir jouer á Spider en ligne. N'importe quoi.
Imaginez-vous en train d'expliquer á 2 enfants á la fois comment fonctionne un ordinateur. Ajoutez quelques dizaines d'enfants qui vous harcelent á propos de tout et de rien en meme temps, quelques-uns fachés parce que vous ne les laissez pas jouer á leurs jeux d'ordinateurs stupides (j'imagine que comme mon frére (sans rancune Alexis), tout le monde doit passer par lá), et d'autres qui vous poussent ou qui vous tirent juste pour le plaisir de vous pousser ou de vous tirer. Maintenant, mettez mon impatience légendaire á travers tout ca et vous n'aurez qu'un apercu des conditions dans lesquelles Benoit et moi avons commencé notre journée.
Pour etre certaine que je péte une crise de nerfs, ma clé USB disparait. Moi qui avait enregistré tout ce qu'ils avaient fait et qui l'avait laissé sur l'ordinateur de bon coeur pour qu'ils puissent continuer de sauver leurs dossiers (les ordinateurs ne sauvegardent pas sans une clé), me voici maintenant sur le bord de la crise de nerfs. Voyant mon visage devenir de plus en plus rouge, quelques-uns s'empressent d'accuser leurs amis. Ca n'a rien donné de plus qu'avoir á les endurer se chicaner á savoir qui de un ou de l'autre était plus susceptible d'avoir pris la fameuse clé. J'en entends quelques-uns énumérer tous les endroits oú le ''voleur'' en question aurait pu la revendre. Ils m'en voient rassurée.
Bon, je prends quelques respirations et je me controle jusqu'a ce que Daniel (profil: abandonné par ses parents aprés avoir été sorti de l'école et toujours au primaire malgré ses 13 ans) veuille absolument utiliser l'ordinateur de droite plutot que celui de gauche. Je refuse considérant que l'ordinateur de droite ne fonctionne pas pour les travaux qu'il a á faire. Il grince alors des dents et m'insulte en claquant violemment la porte.
Les larmes me montent aux yeux. Je suis á bout. Je sors dehors et je vois Benoit en train de se battre lui aussi pour séparer deux gamins qui se chamaillent et pour leur faire travailler leurs textes. Je me sens moins seule, bien que ce sentiment n'ait pas duré longtemps: lorsque Daniel me voit á travers la fenetre, je lui propose de revenir á l'ordinateur. Il ne m'accorde qu'un: ''dans ton cul ton ordinateur de merde''.
Bien. Je le metterai certainement dans mon cul cet ordinateur de merde, tout comme ma clé USB ainsi que les 60 cahiers que je vous ai acheté de ma poche et sur lesquels vous prenez tant de plaisir á écrire des insanités et á dessiner des femmes toutes nues.