jeudi 29 juillet 2010

Adieu Équateur

L'heure est maintenant venue de dire aurevoir à l'Équateur.

J'écris présentemment sous l'effet de l'émotion. Je suis sous le choc des aurevoirs...

Ce matin à 4h30, nous laissions le petit village de Manglaralto pour nous diriger vers le Pérou.
Ce matin, j'ai laissé derrière moi mes premiers amours équatoriens. En voyant rapetisser derrière tout ce qui restait de mes souvenirs et de mes attaches dans ce petit pays , j'ai ressenti un grand vertige. Un grand vertige qui, de kilomètres en kilomètres, s'accentue de plus en plus.

Après deux mois en Équateur, je tenais absolument à retourner à Manglaralto, le premier village dans lequel nous avions fait du bénévolat. Nous sommes retournées aider à la garderie et avons pu constater par le fait même ce à quoi ont servis nos dons: acheter une cuisinière pour faire à manger aux niños. Nous sommes retournés chez Paquita, ma première maman équatorienne. J'ai retrouvé mes premiers points de repère, mes premiers souvenirs. En marchant dans les rues tranquilles, j'ai même osé me sentir chez moi.

Je me suis sentie chez moi lorsque Jorge est venu jusqu'à Manglaralto juste pour dire aurevoir. Je me suis sentie chez moi lorsque je me suis surprise à connaître par coeur toutes les chansons qui résonnent dans les rues. Je me suis sentie chez moi en revoyant les lieux aujourd'hui associés à tant de souvenirs. Je me suis sentie chez moi en me baignant dans le Pacifique la nuit durant, sans même avoir peur des requins. Je me suis sentie chez moi en versant malgré moi quelques larmes, comme pour me prouver à quel point mon coeur s'était encré quelque par au large de la côte.

Ce doit être ça, l'ironie du voyage: me sentir plus que jamais chez moi en marchant dans les rues désertes du bout du monde, et savoir au plus profond de moi-même que je n'y marcherai jamais plus.

Maria...na

Canoa

Entre le charmant village de Muisne et l'Isla de la Plata, nous avions prévu passer 2 jours à Canoa...
Après 10 jours, on s'est dis qu'il était grand temps de quitter l'endroit. Par obligation et surtout depeur d'y rester jusqu'au premier mars.
Voici donc en 3 temps l'épopée Canoa:
1. La gente
Bien que Canoa ait physiquement ses charmes, nous ne nous serions jamais encrées dans ce village côtier si ce n0ñetait que des belles amitiés que nous y avons créées. Après 2 jours sétait déjà développé un sentiment d'appartenance envers le ''crew''. En voici les principales composantes:
  • Marianne: Québécoise voyageant en Amérique latine. Elle aime tout particulièrement les CEVICHE (dont nous vous transmettront bientôt la recette). Son talent côtier: retirer les crevettes des filets de pêche et repérer tous les coquillages munis d'un trou.
  • Audrey: Québécoise voyageant en Amérique latine. Talent côtier: prêter ses foulards à tout les pêcheurs et avoir certaines difficultés à les récupérer.
  • Kassie: Canadienne albertoise voyageant en Équateur. Talent côtier: décrocher tous les regards et les mâchoires soit pour ses rastas blonds, pour son corps tout droit sorti d'un magazine ou pour ses shorts trop courts et/ou trop serrés.
  • Charlotte: Anglaise lunatique. Talent côtier chercher Jésus (son copain équatorien) dans les moments les plus innoportuns. Notez qu'elle ne le trouve que très rarement...
  • Jairon: Équatorien, 23 ans, profession: pêcheur. C'est notre coup de coeur, celui qui nous a fait découvrir sa terre et son peuple sans jamais avoir d'idée derrière la tête. Il détient plusieurs vêtements aux couleurs du Québec et du Canada. Notre amitié était marquée d'avance. Il prend également tout particulièrement soin d'Audrey.
  • David: Équatorien, 18 ans, profession: pêcheur. À première vue, son cheveu ne nous inspire rien de bon (voilà pourquoi vous pouvez l'admirer ici avec un foulard sur la tête). À deuxième vue, c'est un ami fidel qui veille sur nous à la pêche, à la fête ou lorsque son cousin décide de nous insulter (voir faits cocasses).
  • Juan Carlos: Équatorien, 23 ans, profession: pêcheur. Il a sans doute le plus beau sourire du pays et estle seul à avoir du poil sur le torse. Nous avons passé avec lui du bon temps à fabriquer des filets de pêches typiqyes et il nous a brisé lecoeur en nous suppliant avec un de ses ''POR FA'' (S'il vous plait criant) de rester toute notre vie.
  • Angel: Équatorien, 23 ans, profession: aucune profession et/ou dealer de drogue. Certainement le moins angélique de tous, il s'est avéré être l'Asucar Moreno (brown sugar) de Kassie et le maître du jargon équatorien. ¡ LA QUE TE DA !
  • Ugo:Équatorien, 23 ans, profession: barmaid au Barquito. Étudiant en écotourisme qui sait tout particulièrement parler aux femmes. Voir faits cocasses.
  • Jorge: Équatorien, 23 ans, profession: professeur de surf. Il possède une école de surf (mais nous prête ses planches gratuites) et peut surfer sur ses mains (????). Talent caché: il fait de l'art. Marianne en a d'ailleurs eu la preuve puisqu'il lui a fabriqué un collier et puisqu'il lui a fait un tatoo très latino... Il vit 100% du temps torse nu et a les moeurs légères.

Faits Cocasses.

  • Alberto, 23 ans, cousin en question du bon ami David. Malade mental. Après avoir violemment claqué la fesse de Kassie, Marianne lui fait un sermon puisque la canadiene anglaise ne maîtrise visiblement pas bien l'espagnol. Il réplique, totalement à court d'argument, en lui disant que de toute manière elle est un peu grosse (???) et qu'il préfère les maigrelettes. L'argumentchoc qui lui a fait perdre le si peu de crédibilité qui lui restait. Ses sauts d'humeur fréquents lui ont valu le surnom de Prosac.
  • Aux dires d'Ugo, Audrey aurait 28 ans. À la question ''Pourquoi crois-tu que j'ai 28 ans'', lui de répondre: Parce que tu as des grosses fesses !'' Et ce tout naturellement en essayant de la charmer. Quelle technique.

Nous nous souviendrons :

  • Qu'ils pratiquaient tous le Capoeira (art de combt afro-brésilien)ainsi que le surf. Abusivement.
  • De l'abondance de la drogue. De tous ceux que l'on a rencontré, même lesmoins susceptibles d'être drogués prenaient de la Coke.
  • De cette épopée à la pêche où après 3 heures en mer, nous avons toutes les deux nourries de notre vomi lespoissons que l'on n'avait pas encore sortis du filet. Et les pêcheurs de chanter et de crier pour enterrer le bruit sans que l'idée de revenir sur la berge n'effleure leur esprit.
  • De la fête, tous les soirs et même le dimanche et le lundi. De la musique et de la danse jusqu'aux petites heures du matin, au Coco bar ou au Barquito.
  • De l'Uña, shooter à base d'alcool de Naña, de queue de Scorpions, demarijuana et de feuille de Coca.
  • Du surf que Marianne a pris plaisr à pratiquer chaque jour sur une planche de plus en plus petite et probablement de moins en moins bien.
  • De la température: nous n'avons vu le soleil que quelques heures en 10 jours.
  • De l'homme assassiné par des colombiens suite à une histoire de drogue, évidemment.

Ce périple à Canoa fut mémorable. Nous avons eu beaucoup de difficultés à quitter l'endroit et nous garderons des souevnirs extraordinaires de tous ceux dont on vous a parlé ainsi que des 100 000 autres que nous n'avons malheureusement pas le temps de vous présenter.

Adieu, Canoa !




Jorge et Éric.

Le beau David



Kassie




Le Ceviche


Émilie, Kassie, Charlotte et Audrey
















JAIRONNNNNNN!

dimanche 25 juillet 2010

Toujours en vie

Comme il est bon de se retrouver !

Oui oui, je sais. Ça fait longtemps que nous ne vous avons pas donné de nos nouvelles.
Peut-être est-ce parce que nous étions trop occupées à surfer, à faire du cheval nus pieds sur la plage, à se faire bronzer, à manger des crevettes tout droit sorties du Pacifique ou à danser jusqu'aux petites heures du matin en buvant de la bière à une piastre.

Oui, c'est probablement pour ça. La côte équatorienne a un effet terrible sur nous. Nous sommes encore ici. Que voulez-vous ! Les gens y sont trop aimables, la nourriture y est trop réconfortante (nous avons réappris tranquillement à manger du poisson) et l'infinité de l'océan beaucoup trop romantique - je blague- pour nous donner envie de partir.

Nous nous sommes laissées charmer par Canoa, ce petit village côtier tranquille à ses heures et touristique par beau temps. Quelques heures à peine après notre arrivée, nous avions déjà des amis pêcheurs/surfeurs et/ou danseurs qui nous ont enseigné les charmes de la ville. Résultat, après y avoir passé presque deux semaines (soit 5 fois le temps prévu) on a beaucoup de sommeil à rattraper, beaucoup de cocktails à digérer en plus d'avoir à gérer les coups de soleil, les douleurs musculaires du surfeur débutant et cette nostalgie de Canoa que nous ressentons toutes les fois que nous entendons du reageatton...

Nous voici maintenant revenir à nos sources: Santa Elena. Nous repartons demain sur la Ruta del Sol (route du soleil) vers Montañita, là où nous rencontrons quelques amis et là où nous allons probablement remettre à demain le grand sevrage.

En espérant avoir tous et toutes de vos nouvelles. Nous nous demandons toujours qui sont nos lecteurs.

Beaux bonjours d'Audrey qui depuis le hamac de notre campement (sur le toit de l'hotel, à 3$ ça se prend bien), vous envoie ses voeux de bonheur et d'allégresse.

Mariana

dimanche 11 juillet 2010

¡España gano!

Aujourd'hui, en ce dimanche 11 juillet, un air de victoire flottait dans l'air. La pieuvre allemande l'avait bien dit, l'Espagne allait remporter la coupe mondiale de fùtbol. Notre sang latin et notre présence en sol équatorien ne nous laissèrent aucun autre choix que de cracher sur la très blonde Hollande et lever les bras en criant : ¡DALE ESPAÑA!

Nous nous présentons donc une heure d'avance dans le charmant Mariscal Sucre, là où l'ambiance est assurée, pour trouver l'endroit où les télévisions nous charmeraient le plus, c'est-à-dire, là où elles seraient grosses et nombreuses, comme à la Cage aux sports, tsé. Après mures réflexions, nous prenons place au charmant et très dispendieux Azuca. Une Pilsener Light à la main, nous sommes prêtes pour ce match prometteur où les mollets d'athlètes ne se feront pas prier pour nous faire leur "show".
Après un bon gros sandwich cubain et des tacos mous, le match se fait encore attendre. On se dit : "Ok, elle est bin belle Shakira mais là je suis tannée de la regarder se faire aller les courbes d'un bord pis de l'autre. On peut-y commencer siyouplait?". Les hymnes nationaux de la Hollande et de l'Espagne battent au rythme de nos coeurs qui s'activent.

Le début du match s'accompagne d'une belle rencontre. Anita est une dame mi Allemande, mi on-ne-sait-plus-trop-quoi, qui est née au Pérou et qui a beaucoup, beaucoup d'enthousiasme, surtout quand il est question du physique d'un joueur de l'équipe de l'Uruguay dont je ne me souviens plus du nom. D'ailleurs, c'est Anita qui nous a expliqué, entre quelques jeux de pieds, qu'il existe une pieuvre célèbre d'Allemagne qui peut prédire les victoires des matchs de fùt.

Je ne comprends pas. Comment peut-elle? Comment est-ce possible? Je veux des explications!

J'y arrive, j'y arrive. Cette pieuvre allemande aime une certaine nourriture. Disons que cette nourriture, ce sont des croquettes de poulet, d'accord? Tout le monde me suit jusque là? Bon, alors des gens installent deux bols avec dans chacun des croquettes de poulet plus délicieuses les unes que les autres. Chaque bol est décoré du drapeau d'une des deux équipes qui s'affronteront lors du prochain match de la FIFA. Le bol dans lequel la pieuvre décidera de manger en premier sera le bol vainqueur.

À ce moment, je me suis dit : "Oui mais....une pieuvre à beaucoup de tentacules, non? Qu'arriverait-il si elle décidait de prendre les croquettes des deux bols en même temps?"

Bref, elle a mangé dans le bol de l'Espagne, leur victoire était toute écrite d'avance! Hourra à la pieuvre allemande, qui a d'ailleurs suposément un facebook, selon Anita.

Alors que l'on croit devoir en arriver aux "pénals", l'Espagne score,nous on crit, Anita aussi, et la pieuvre allemande se fait aller les tentacules de tout bord tout côté. Pour célébrer le tout, un cheesecake s'impose. Pas n'importe quel cheesecake, le cheesecake de la victoire!






Bravo ESPAÑA!

vendredi 9 juillet 2010

La chochotte est un Non-Shuar - Chapitre dernier-.


Il est nécessaire de lire les 3 autres messages du même titre pour comprendre ce dernier, soyez-en bien avertis !

Comprenez maintenant pourquoi le Non-Shuar est une chochotte. Ou laissez-moi plutôt vous en faire un petit résumé en quelques lignes:
-Le Shuar AIME la Caracha
-Le Shuar dors 3 heures
-Le Shuar prend plaisir à vomir
-Le Shuar ne va jamais aux toilettes




-Le Shuar tue quand l'ennemi se fait trop insistant
-Le Shuar peut tuer un serpent venimeux avec un baton
-Le Shuar ne boit pas d'eau et n'utilise pas de papier de toilette
-Le Shuar ne tombe jamais
-Le Shuar bébé ne tombe pas quand il pleure
-Le Shuar enlève les épines de ses doigts avec une épine encore plus grosse
-Le Shuar est fier
-Le Shuar est beau
-Le Shuar n'a jamais mal au pieds.
-Le Shuar croque les os













Donc, parce que nous faisons des siestes l'après-midi, (dans notre maison que vous pouvez voir ci-contre) parce que nous utilisons du papier de toilette, même pour un pipi et parce que nous ne frenchons pas la gueule de la Caracha, nous sommes des Non-Shuar.

Et dorénavant, lorsque nous parlerons dans nos entrées du Non-Shuar, vous saurez que nous faisons référence à la chochotte.

La chochotte est un Non-Shuar. -Chapitre troisième-

Laissez-nous maintenant vous présenter le peuple Shuar.Généralités, d'abord. Ils vivent dans la forêt amazonienne depuis toujours. Toujours, toujours. Avant même le déluge. Selon leurs légendes, le peuple serait né d'une femme ayant toujours vécu dans la jungle. La mujer de Amazonia. Elle est aujourd'hui leur emblème et une genre de déesse qu'ils vénèrent en vivant, eux aussi, dans le fin fond de la jungle.Le peuple Shuar est très fier. Nous avons eu la chance de vivre avec Don Miguel, le dit père de famille qui s'est fait un plaisir de vanter sa patrie et de nous éclairer sur les coutumes ancestrales et sur les traditions du peuple. Pour lui, le Shuar n'a qu'une parole. Il est invinscible de par sa force et sa persévérance et fini toujours par arriver à ses fins. Selon ses dires, le peuple Shuar serait le seul à avoir résister à la conquête espagnole. Non pas pour s'être retirés au plus profond de la forêt, mais plutôt pour avoir versé dans les eaux contrôlées par les espagnols un poison transparent quiles a tué en un rien de temps... À prendre et à laisser !

Voici un petit appercu des traditions que l'on nous a enseigné:

Nourriture: Caracha, Yuca (genre de navet ou de patate). Ils boivent aussi la Chicha 70 fois par jour. Cette boisson à base de Yuca fermentée qui ressemblent drôlement au liquide séminaire leur donne de la force pour passer à travers leur journée. Ce sont les femmes qui la préparent et qui la passent aux hommes dans un bol de bois spécialement fabriqué à cet effet- eux qui ne peuvent se lever pour le passer au voisin-. Cet boisson alcoolisée est aussi servie aux enfants en bas âge, d'où leur énergie inépuisable à nous courrir après et à répéter nos noms 300 000 fois la seconde.

Voyez ici Miguel qui prend un plaisir coupable à être fotographié en pleine action: dans un french langoureux avec la dite Caracha !!

Rituels: Malgré le fait que les parents sont évangélistes et que quelques membres de leur progéniture sont musulmans (???), ils ont convervés quelques coutumes de leurs ancestres et font honneur à la culture Shuar en les mettant en pratique de temps à autre. Premièrement, la médecine traditionnelle fait partie du quotidien: remèdes à bases de gingembres, de fleurs et de plantes de toutes sortes peuvent guérir le malade de ses coliques. Hors, dès qu'il est question de sang, c'est recto à l'hôpital. Deuxièment, ils utilisent plusieurs plantes pour se connecter avec les esprits et voir leur futur (en langage occidental:pour se droguer) ou encore pour se limper (se nettoyer, ou en langage occidental: vomir). Lors de notre séjour, ils se sont levés une fois à 2 heure du matin pour boire un remède spécial et pour vomir jusqu'à l'aube. Étrangement, ils prétendent se sentir plein d'énergie le jour d'après. Nous n'avons pas tenté l'expérience et nous sommes contenté du bruit pour en avoir une bonne idée.

Fait cocasse: Un beau matin,Pito nous a amené un très belle fleure, rose et grosse que nous avons, par réflexe, humée. L'un des adultes s'est alors retourné et nous l'a enlevé des mains en prétendant que nous pourrions tomber dans les pommes tellement la fleur avait des propriétés chamaniques. La humer était en fait un autre moyen de voir notre avenir et de vivre d'amour et d'eau fraîche avec l'espiritu!

Autrement, nous sommes allées visiter la Cascade, qui fait office de lieu sacré pour les Shuars. Pour y aller, l'un d'entre eux a du nous peindre le visage avec fruit rouge,l'Ipecnua en langage Shuar. Nul n'a droit de pénétrer dans l'enceinte de la Cascade sans ces dessins. Ce serait manquer de respect à l'Espiritu qui habite dan ses eaux. Les symboles sur le visage d'Audrey représentaient l'Anaconda (que l'on trouve d'ailleurs près de l'endroit où l'on vivait),soit la force de la Cascade. Les miens représentaient la mujer completa, soit la femme emblème de l'Amazonie dont j'ai parlé plus tôt.

Surnoms: Les Shuars prennent drôlement plaisir à se donner des surnoms.Surtout aux enfants. Hors, ces surnoms sont en vérité un peu méchants et font rire tout le monde autour, si bien qu'il fut pour nous aussi difficile de résister lorsque le père appelait la plus jeune fille Chancha Gorda, soit la grosse cochonne. Ce serait dû au fait qu'elle mange beaucoup trop de Yuca. Audrey et moi nous sommes donc forcées et avons procédé à notre intégration en l'appelant La grosse Cochonne toutes les fois qu'elle pleurait, qu'elle parlait ou qu'elle vivait. Un autre s'appelait Pito (piteux), puisque plus jeune, il chialait tout le temps. On surnommait le dernier Mishim (nain, en langage Shuar) puisqu'il était petit.Remarquez qu'à 4 ans, c'est quand même normal. Parler de Mishim est d'ailleurs le sujet favori des Shuars. Ils s'en donnent à coeur joie, s'exclaffant d'un rire franc à la seule prononciation du mot magique. Audrey et moi avons aussi été baptisés. Ipecnua, comme le fruit rouge, était le nom d'Audrey. Ipec pour les intimes. On m'appelait Séchanua, un oiseau coloré que l'on retrouve dans la jungle.

Traditions: La maison typique Shuar est toute de bois construite, avec un toit en feuille de palmier. Rien dans la maison. Absolument rien.Lorsqu'ils se réunissent dans une maison Shuar,c'est souvent suite à une Minga, un travail communautaire où les hommes se mettent à la tâchent pendant que les femmes préparent la Caracha et la Chicha.C'est suite à ces Mingas qu'ils dorment tous ensemble sur le sol. Nous avons eu la chance de vivre cette expérience juste avant de quitter. Nous avons marché 2 heures dans la chaleur suffocante de l'après pluie, sur un chemin bouetteux pour finalement arriver à la cabane, près du repère des Chimpanzés. Jamais nous n'avions vu un endroit si pauvre. Dans la maison, il y a fait un feu, un tas de maïs, un matela de camping sur lequel dormaientles 4 enfants et quelques vêtements accrochés sur les lattes de bois.Nous nous sentions à ce moment très loin de chez nous et avons eu les larmes aux yeux lorsque, dans la fumée épaisse du feu qui brûle 24h sur 24h, on nous a servi 2 Carachas.Nous étions faibles comme des Non-Shuars, grippées et victimes de diarrhés.Mais nous avons réussis à terminer nos assiettes en partageant avec les enfants qui, à la seule vue de leurs ventres boursoufflés, sont visiblement sous l'effet de la malnutrition. Ce soir là, après avoir attendu sur le bord de l'eau que Samuel et Don Miguel finissent de pêcher, de peur de rencontrer un serpent sur le chemin du retour (une morsure est fatidique. Une simple morsure de couleuvre peut tuer en quelques heures à peine.On nous avait bien avertis que l'on devait toutes les tuer avec un baton. Facile à dire), nous avons encore mangé la Caracha. Nous nous sommes finalement couchés directement sur le bois, collés contre Don Miguel qui était aussi maître du ronflement et de Fabian, l'enfant qui sucaient la gueule de la Caracha couché dans mon lit et qui recrachait les morceaux à côté de mon oreiller. Comme si j'avais besoin de rêver au poisson en plus !


La maison dans laquelle on dormait avec toute la famille...


Nous nous sommes réveillés le lendemain matin, ayant à peine dormis. Les sécrétions étranges d'Audrey nous ont servies de prétexte pour partir.Or,comme il est difficile d'employer les mots justes pour décrire son état sans faire la gaffe du siècle, nous avons prétendu qu'il y avait du sang dans ses selles, en se contentant de dire: ''Si, hay Sangre'' (soit: oui, il y a du sang), en revenant des toilettes, ou plutôt de la litière.

En tant que bon samaritin, Don Miguel a compris. Et pour être certain que nous aurions assez d'énergie pour se rendre jusqu'à l'hôpital de Macas, ils nous ont servis une autre Caracha !

La chochotte est un Non-Shuar - Chapitre deuxième-

Nous voici donc, marginales, en territoire Shuar. Notez que nous sommes les seuls touristes en territoire Shuar puisqu'ils sont généralement plus ou moins chauds à l'idée de recevoir des Inguisas ( Non-Shuar, en langage Shuar). Nous l'avons appris très vite !
Nous résidons donc aux Cabañas del Sol. C'est le nom que Don Miguel, père d'une famille de 13 enfants, a donné à son logis, reclus de la communauté Shuar la plus près. La Cabaña del sol est à proximité du Río Macuma et est constituée de 5 cabanes. Toutes faites de bois et de toits de feuilles de palmiers séchées, seules 2 d'entres elles ont des murs et des planchers. Audrey et moi dormons sur des tiges de bois fin, à même le sol et sous un moustiquaire pour empêcher serpents venimeux, scorpions, fourmis giga méga grosses, tarentules et/ou moustiques de nous tuer la nuit durant.

À la Cabaña del sol, il n'y a aucune commodité. L'eau courante n'existe pas, l'électicité encore moins. Puisque la nuit tombe vers 6h30, nous nous éclairons d'une chandelle et par chance, de nos lampes frontales qui ont d'ailleurs rendues l'âme bien avant la fin de notre séjour. Par conséquent,on bois l'eau du Río et on lave tout dans l'eau du Río: la vaiselle,le linge et le corps. Se laver est par ailleurs une activité difficile puisqu'il est absolument prohibé de se mettre en maillot de bain. Nous avons eu bien du fil à retordre pour se laver l'entre-jambe subtilement, à travers l'armée d'enfants qui nous aiment beaucoup trop, et à travers 2 couches de vêtements. Vous essaierez ca dans votre douche!

On fait aussi nos besoins dans l'eau, puisque la litière qui nous sert de toilette nous laisse un goût amer aux fesses. Cette petite cabane retirée dans la forêt est en fait constituée d'un petit toit et de quelques planches de bois en guise de plancher, sur lesquelles un trou décoré de copeaux de bois pour enlever l'odeur permet aux déchets corporels de tomber dans la fosse aux ratons. Nous avons eu beau chercher l'endroit où s'asseoir, nous nous sommes vite convaicues que s'abaisser le postérieur, tout près de la famille d'abeilles et de mouches qui se nourissent des excréments, était le meilleur moyen de faire ce qu'on avait à faire le plus rapidemment possible. À ce jour, nous avons sûrement plus d'une mouche dans le cul (excusez l'expression) !

Comme il fut plus tôt mentionné, le peuple Shuar vit de la chasse et de la pêche, mais de la chasse que lorsqu'il n'y a pas de pêche, c'est-à-dire jamais! Chaque matin à l'aube et chaque soir à la tombée de la nuit, les hommes partent à la pêche et ramènent tout le poisson nécessaire pour nourrir la famille de 20 affamés. Détrompez-vous, dans les fleuves amazoniens, la variété de poissons comestibles n'est pas impressionnante. La Caracha (Nayum en langage Shuar) et un genre de méné brillant sont l'essentiel de la nourriture typique. Chaque matin pour déjeûner, chaque midi et chaque soir, sans AUCUNE exception, nous avons mangé la Caracha avec une trop grande envie de vomir. Voici la recette si vous voulez tenter l'expérience: il suffit de pêcher la Caracha et de la mettre dans l'eau bouillante 10 minutes, puis le tour est joué. Ne vous souciez pas des écails laids pleins d'épines, des yeux exorbitants de l'espèce, de la bouche qui donne envie de vomir ou de ses arrêtes innombrables, les enfants se feront un plaisir de les sucer bruyamment avant de les croquer et de les avaler en entier. Chose que nous n'avons jamais réussis à faire, en tant que Non-Shuar que nous sommes!


Maman Valois,Maman Laperrière, nous ne chialerons plus jamais devant un poulet sec, devant un plat de riz plus ou moins cuit...Même pas devant 3 bols de béteraves ou devant du gros boudin plein de cayos.C'est promis !!!!

La chochotte est un Non-Shuar - Chapitre premier -

Réjouissez-vous. Nous sommes sorties de la jungle vivantes.

Encore une fois, nous avons voulu se la jouer marginales.
Voici ce que ca donne.

Sachez qu'en bordure de la forêt amazonienne, nombreuses sont les organisations qui envoient des touristes quelques jours dans la jungle, question d'admirer la biodiversité sans pareille et peut-être de visiter une communauté Shuar ou Huaoranis pour s'étonner de leur mode de vie ancestral. Audrey et moi étions complètement dégoutées à l'idée de faire un tour organisé avec des Américains à la mode. Nous voulions vivre comme les Shuars, de la chasse et de la pêche, se lever aux petites heures du matin et faire sans électricité.



Nous nous la sommes donc joué marginale. Or, nous avons vite réalisé que ce n'est pas pour rien si les touristes participent à des tours organisés. Attendez ce qui suit!

Nous avons rencontré à Baños un Shuar, un vrai, qui semblait proposer quelque chose d'assez intéressant pour un coût moindre: 160$, 4 jours dans la jungle plus possibilité de bénévolat dans sa communauté. Toutes excitées, nous partons donc pour Macas, une ville déjà bien enfoncée dans l'Amazonie et située à 4h00 de route de notre point de départ. De là, nous partons en camionnette vers notre destination finale. Croyez-moi sur parole, jamais de votre vie vous êtes allés si creux. Trois heures de camionnettes sur un chemin sinueux plein de trous et de bouette. Nous croisons des villages et savons pertinemment que nous sommes en territoire Shuar puisque personne ne nous siffle, personne ne nous salue. Ils nous regardent avec un drôle d'air, comme prêts à sortir leur machette pour que l'on rebrousse chemin.


En tant que marginales,on s'assume et on continue sur le chemin qui s'enfonce de plus en plus dans la jungle, qui se fait de plus en plus dense. Bientôt, le village le plus proche est à une heure de truck et on ne voit que la forêt...À perte de vue. Quelques temps après, on nous fait débarquer de la camionnette et on nous pointe un sentier minuscule qui descend abruptement. Chargés comme des mulets, nous avons peine à descendre dans la boue sans tomber et à traverser un étang sur un bio de bois. De peine et de misère, nous arrivons finalement près d'un Río (fleuve). Brun, bordé de palmier et d'une végétation luxuriante. Comme dans le livre de la jungle. Telle ne fut pas notre surprise lorsque la pluie se mit à tomber. Je devrais plutôt dire l'océan indien,en 15 minutes, sur nos têtes, nos bagages et ma pauvre guitare. Nous avons du vider la pirogue de son eau pour ensuite traverser le Río, creusée à même le bois et construite à même les mains Shuars.


Nous y sommes, donc. Complètement trempées et avec comme seul repère le soleil (Etsa, en langage Shuar). Si vous avez envie de perdre du temps, vous pouvez toujours essayer de nous trouver sur une carte. Cherchez le village de Macuma et remontez le Río du même nom durant 4 heures de pirogues. Vous trouverez ensuite un palmier plus grand que les autres et une plage de roches, près de laquelle s'élèvent quelques cabanes en bois et en feuilles.

N'essayez pas de faire ce petit jeu la nuit. Il n'y a pas d'électricité !

samedi 3 juillet 2010

Vous qui nous lisez

Vous qui nous lisez, sachez que vous n'aurez pas de nouvelles pour les prochaines semaines. Nous partons cet après-midi, 3h00 tapant, pour un village Shuar dans la forêt amazonienne du sud. Cette partie de l'Oriente est très peu touristique et la plus sauvage du pays. Les installations ne nous permettront donc pas de vous écrire nos récits.

Vous aurez plus de nouvelles lors de notre retour à Quito, dans deux semaines si tout va bien.

Autrement, il nous fait vraiment plaisir de lire vos commentaires. C'est toujours un petit baume sur le coeur que de savoir que vous nous lisez et que vous aimez - ou que vous n'aimez pas- nos entrées.

Au plaisir, donc, de vous lire nous aussi via americadelsurtalvez !

À plus,

Audrey et Marianne

L'Équateur hétéroclyte

Nombreuses sont les heures durant lesquelles nous avons tenté de décrire l'organisation équatorienne. ''Brouillon'', ''boboche'' et ''hétéroclyte'' ont remporté la médaille de bronze, d'argent et d'or. Pour faire honneur à ce podium et pour que vous puissiez mieux saisir l'essence de ces termes évoquateurs, voici un bref portrait de la fête qui eut lieu aujourd'hui même, à Baños et en l'honneur de la Vierge.

Virgin Mary, this is for you.


Tout d'abord, le mois de mai fut dédié à la Sainte Marie. Allez savoir pourquoi les passants affirment lui consacrer en plus le mois de juillet ! Peut-être est-ce parce que Jésus, l'homme, est le fruit de ses entrailles, où serait-ce plutôt pour multiplier les occasions de sortir l'armée, les feux d'artifices, la fanfare et la fameuse statue du placard ? Quoi qu'il en soit, le mot hétéroclyte s'agence parfaitement au rythme de cette fête dont voici le portrait.

Le but du jeu : trouver le lien qui unit les suivants éléments et comprendre en quoi ils font honneur à la vierge. Une fanfare, des feux d'artifices, des quatres roues, l'armée, une fontaine d'étincelles, de la musique reagetton, des bombes (??)et des trucks remplis d'herbe! En fin d'après-midi, les Bañossiens défilaient dans la rue, marchant au rythme de la fanfare. En toute sincérité, les trompettes étaient fausses et le drummer aurait mieux fait d'utiliser son tambour pour enterrer la radio qui jouait en même temps ou encore pour battre le rythme au curé qui marchait croche tellement sa croix, visiblement trop grosse pour lui, était trop lourde pour son corps frêle et catholique. Aux 10 minutes, on entendait au loin (mais pas si au loin) des bombes exploser. Cher équatorien, penses tu vraiment que la vierge marie serait heureuse de vous voir faire exploser des bombes en son honneur ? Les malfaiteurs devront probablement réciter quotidiennement leur chapelet, et ce pour les 3 prochaines semaines.


Après la marche autour du village, tous se sont arrêtés devant l'église, escortés par ces fameux pick-up remplis d'herbes médicinales. Allez savoir pourquoi, les policiers ont eu la bonne idée de se retirer sur leurs tracteurs pour prendre des photos, et une musique médiévale slash andine s'est mise à résonner à travers les montagnes qui surplombent la ville. Dès lors, on a eu droit à un spectacle de feux d'artifices de toute sorte. Malgré le fait qu'ils s'envolaient de la place centrale et qu'ils retombaient fréquemment sur les gens, les toits ou les arbres, reste qu'ils formaient quand même la partie la mieux organisée de la fête: en fait, ils étaient régis sous un ordre bien précis et calculé. Les feux rouges, les feux verts, les feux blancs et les feux de style ''shinny''... Les feux rouges, les feux verts, les feux blancs et les feux de style ''shinny''.

J'imagine que la finale était sur l'hymne national, quand le feu d'artifice rouge est retombé sur le trottoir, à l'endroit même où le curé attendait patiemment avec sa croix.

Épopée de "bicik" dans la pluie batante


Le plan : louer des vélos dans la charmante ville de Baños et se rendre a Puyo, quelques 6 heures plus tard, en profitant du soleil et des beaux paysages.
Certes, nous avons bel et bien loué des vélos pour faire la randonnée. Or, nous avons vite dit adieu a l'idée de pédaler sous le soleil lorsque, cing minutes apres notre départ, la pluie s'est mise a tomber sur nos corps athlétiques, mais pas question d'abandonner : la pluie, ca ne peut pas durer plus que 3 heures. 3 heures plus tard, Pachamama nous en veut encore, elle a sans doute décidé de mettre sur notre chemin un nuage qui nous suivrait jusqu'a Puyo. Un nuage bin bin trempe.


Pourtant, quelque chose de bien pire nous attendait. Un petit indice, ca implique une pompe, une clé a molette et un tube de caoutchouc.
"Hey oh! J'ai un flat!" s'écria Audrey, hors de souffle.






En tant que jeunes femmes prévoyantes, on avait trimbalé avec nous un jeune américain dégourdi capable de nous faire rire tout en réparant un pneu, un pneu arriere.
45 minutes plus tard, les mains noires de graisse de "bicik" et par conséquent, la face aussi, nous repartons, toujours sous la pluie batante, vers notre destination. Heureusement, la pluie se charge de laver la graisse qui nous recouvre.
Malgré la pluie et les nuages, le paysage est splendide et les descentes vertigineuses.

..................................La pluie nous fouettait le visage et nous avions peine a garder le cap, a travers cet affreux grain qui nous prenait d'assault. Nombreux furent les moments ou nous voulumes rebrousser chemin, mais le patriotisme américain de Parker Rendall Gassett from the main motiverent les troupes a persister dans sa lutte contre nature..................................................





La ride était bin le fun, mais Puyo, c'est laite!
Il fut bien agréable de faire cette aventure sous la pluie et nous ne sommes pas prêtes à oublier cette traversée épique : nous en avons pour plusieurs jours a faire sécher nos passeports, notre guide de voyage et notre argent!

Marianne et Audrey