samedi 2 octobre 2010

La vallée sacrée

Après ce long silence, je me suis dis qu’il fallait bien vous mettre quelque chose sur la dent.

Petit résumé de la dernière semaine: après avoir sécher le reste des larmes qui restaient de Huancayo, nous avons visité Ayacucho (joli), Andahuaylas (charmant) puis Cusco (intéressant).

Je vous écris maintenant de Aguas Calientes, plus connu sous le nom de ‘’Municipalidad de Machu Picchu’’. Et oui, nous gravirons demain à l’aube les pentes de la cité perdue, de la 7e merveille du monde et de la destination la plus prisée des touristes venus des quatres coins du monde.

C’est absolument choquant de voir des troupeaux d’européens, de chinois, de japonais (avec la calotte laide et le doigt sur l’appareil photo: prêt à prendre l’aubotus qui part pour le Maccu, l’autobus qui arrête à 500 mètres du Maccu ou encore Mémé qui entre dans l’autobus qui va finir par arriver au Maccu. Des plans pour manquer de clichés une fois arrivé en haut), d’Américains et de québécoises abonder dans le sud du Pérou alors qu’au Nord, c’est à peine si les gens nous regardent comme s’ils n’avaient jamais vus de Peau Blanc.

Si nous avons l’habitude d’être John Smith dans Pocahontas, ici on est plus un maîs dans le champ grand de mais. Comparaison de merde, mais vous saisissez l’idée. Goût amer en bouche.

Pour ne pas, donc, faire partie de la masse de touristes qui partent de Cusco en train pour aller au Maccu Picchu vers l’heure du midi, nous avons encore voulu faire autrement.

Et nous voilà donc dans la vallé sacrée.
À mon sens à moi, sacrée n’est pas pour le contraire de profane, mais s’entend plutôt au sens figuré: la vallée sacrée –la vallée où l’on sacre.

Si on la sacre, c’est qu’on doit la traverser à travers des milliers de détours avant d’arriver au village d’Aguas Calientes. Nous prenons un autobús de nuit (à ceux qui passent toujours des commentaires sur les autobús de nuit, cette fois nous n’avons pas eu le choix) à 10h20 qui nous amène au village de Santa Maria. On sacre parce que l’aubotus arrive une demi-heure en retard et parce qu’ils ont assigné le même siège à deux personnes. J’ai failli passer le trajet assis sur un de mes compatriotes latinos, à qui ça aurait peut-être plus fait plaisir qu’à moi…

On doit sortir avant la destination ultime, ce qui nous mène à descendre du bus à 4heures du matin dans un petit village en plein milieu de nulle part. On a pas vraiment dormi. En quelques secondes à peine, on nous aborde pour qu’un combi nous mène jusqu’au village de Santa Teresa, quelques dizaines de kilomètres plus loin. On sacre lorsque, dans la plus complète obscurité, le combi avance sur une route de roches et de terre où l’on manque plus d’une fois de rater le tournant et de finir dans le précipice, parmi toutes les autres victimes que la vie n’a pas voulue protéger. Nous avons de la chance et après avoir retenu notre souffle à plusieurs reprises, on arrive à Santa Teresa.

Il est 5h30.

On doit alors prendre un taxi pour Hidroeléctrica.
On sacre lorsque, sur le chemin toujours de terre et maintenant encore plus étroit, notre taxi fait un face à face avec une mini-van, elle aussi conduite par un homme.
Ah, les hommes.
Tous deux refusent de reculer leur véhicule et attendent que l’autre se tasse du chemin pour passer. Notez la gestuelle de l’homme de cromagnon soumi à son orgueil de Mâle, avec un grand M: notre chauffeur arrête son motteur. L’autre le fixe dans les yeux. Les regards qu’ils s’échangent sont tels des couteaux bien coupants . Notre chauffeur kalxonne. L’autre s’assoit confortablement sur son siege et croise ses bras derrière sa tête, comme pour montrer qu’il peut attendre longtemps et que pire encore, ça ne le dérange même pas !
Contrairement au leur, notre orgueil feminin refuse de perdre son temps à cause de l’orgueil Mâle (avec un grand M). Audrey crie au chauffeur dans un langage des plus polis: Come on, tasse toé ! Moi je sors de la voiture, prête à marcher ou à aller faire pipi pour rentibiliser le temps perdu.
C’est notre chauffeur qui clanche et qui (finalement) recule son maudit véhicule pour que l’autre tata puisse passer. Celui-ci baisse sa vitre et lui lance un petit ‘’C’était difficile hein?’’ en passant. On aurait du cracher dans son pare-brise.

On arrive à Hidroelectrica, une centrale où il y a une mine d’argent et probablement de l’hydroélectricité (???). Les seules consignes: suivez le chemin de fer jusqu’au prochain village. Il est 6 heures passé et on entame notre marche sur les rails, complètement bouche-bées devant la splendeur de la vallée sacrée. Les montagnes sont gigantesques, les oiseaux chantent et la végétation de plus en plus wild nous fait sentir de plus en plus près de la jungle. On n'a toujours pas dormi.

Nous avons donc marché 2 heures jusqu’à Aguas Calientes. Si la pluie nous a accompagné lors de notre périple, le paysage nous a fait oublier les gouttes d’eau et nous avons même pu apercevoir du pied de la montagne une petite partie du Maccu Picchu.

Il se fait tard: je devrais déjà dormir à l’heure qu’il est pour que demain à 3heures du matin, nous soyons les premières dans la file d’attente qui nous permettra d’admirer la cité perdue sous la lueure du soleil levant.

Bonne nuit ¡

1 commentaire:

  1. Une petite précision du dictionnaire:
    Touriste: n.m. Terme péjoratif désignant un voyageur, généralement utilisé par un autre touriste.

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