vendredi 9 juillet 2010

La chochotte est un Non-Shuar - Chapitre deuxième-

Nous voici donc, marginales, en territoire Shuar. Notez que nous sommes les seuls touristes en territoire Shuar puisqu'ils sont généralement plus ou moins chauds à l'idée de recevoir des Inguisas ( Non-Shuar, en langage Shuar). Nous l'avons appris très vite !
Nous résidons donc aux Cabañas del Sol. C'est le nom que Don Miguel, père d'une famille de 13 enfants, a donné à son logis, reclus de la communauté Shuar la plus près. La Cabaña del sol est à proximité du Río Macuma et est constituée de 5 cabanes. Toutes faites de bois et de toits de feuilles de palmiers séchées, seules 2 d'entres elles ont des murs et des planchers. Audrey et moi dormons sur des tiges de bois fin, à même le sol et sous un moustiquaire pour empêcher serpents venimeux, scorpions, fourmis giga méga grosses, tarentules et/ou moustiques de nous tuer la nuit durant.

À la Cabaña del sol, il n'y a aucune commodité. L'eau courante n'existe pas, l'électicité encore moins. Puisque la nuit tombe vers 6h30, nous nous éclairons d'une chandelle et par chance, de nos lampes frontales qui ont d'ailleurs rendues l'âme bien avant la fin de notre séjour. Par conséquent,on bois l'eau du Río et on lave tout dans l'eau du Río: la vaiselle,le linge et le corps. Se laver est par ailleurs une activité difficile puisqu'il est absolument prohibé de se mettre en maillot de bain. Nous avons eu bien du fil à retordre pour se laver l'entre-jambe subtilement, à travers l'armée d'enfants qui nous aiment beaucoup trop, et à travers 2 couches de vêtements. Vous essaierez ca dans votre douche!

On fait aussi nos besoins dans l'eau, puisque la litière qui nous sert de toilette nous laisse un goût amer aux fesses. Cette petite cabane retirée dans la forêt est en fait constituée d'un petit toit et de quelques planches de bois en guise de plancher, sur lesquelles un trou décoré de copeaux de bois pour enlever l'odeur permet aux déchets corporels de tomber dans la fosse aux ratons. Nous avons eu beau chercher l'endroit où s'asseoir, nous nous sommes vite convaicues que s'abaisser le postérieur, tout près de la famille d'abeilles et de mouches qui se nourissent des excréments, était le meilleur moyen de faire ce qu'on avait à faire le plus rapidemment possible. À ce jour, nous avons sûrement plus d'une mouche dans le cul (excusez l'expression) !

Comme il fut plus tôt mentionné, le peuple Shuar vit de la chasse et de la pêche, mais de la chasse que lorsqu'il n'y a pas de pêche, c'est-à-dire jamais! Chaque matin à l'aube et chaque soir à la tombée de la nuit, les hommes partent à la pêche et ramènent tout le poisson nécessaire pour nourrir la famille de 20 affamés. Détrompez-vous, dans les fleuves amazoniens, la variété de poissons comestibles n'est pas impressionnante. La Caracha (Nayum en langage Shuar) et un genre de méné brillant sont l'essentiel de la nourriture typique. Chaque matin pour déjeûner, chaque midi et chaque soir, sans AUCUNE exception, nous avons mangé la Caracha avec une trop grande envie de vomir. Voici la recette si vous voulez tenter l'expérience: il suffit de pêcher la Caracha et de la mettre dans l'eau bouillante 10 minutes, puis le tour est joué. Ne vous souciez pas des écails laids pleins d'épines, des yeux exorbitants de l'espèce, de la bouche qui donne envie de vomir ou de ses arrêtes innombrables, les enfants se feront un plaisir de les sucer bruyamment avant de les croquer et de les avaler en entier. Chose que nous n'avons jamais réussis à faire, en tant que Non-Shuar que nous sommes!


Maman Valois,Maman Laperrière, nous ne chialerons plus jamais devant un poulet sec, devant un plat de riz plus ou moins cuit...Même pas devant 3 bols de béteraves ou devant du gros boudin plein de cayos.C'est promis !!!!

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire